Qu'avais-je fait ? Comment en étais-je arrivé là ? Tant de souffrance, tant de colère, j'avais détruit tout ce qui importait.
Et pourquoi ?
La mort et la perte de l'homme que j'aimais. Jamais plus je ne verrais son visage. Plus jamais je ne sentirai...
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Mon corps était froid, je ne pouvais empêcher mes muscles de se contracter à chaque courant d'air froid dû à cette maudite climatisation. Roulé en boule, sur le sol glacé, j'écoutais ma respiration lente et les bruits de mon estomac vide. Combien de jours n'avais-je pas mangé ? La seule chose qui m'était accordée par mon tourmenteur était un verre d'eau tous les matins.
C'était aussi le seul contact humain avec ma prise de sang quotidienne. J'avais l'impression d'être un animal en cage. Pris au piège sans aucun moyen de m'enfuir. Je n'avais même pas suffisamment de force pour réfléchir à un moyen de sortir.
Chaque entaille, chaque coupure sur mon corps me piquaient atrocement. Je ne pouvais faire taire la haine et la douleur qui surgissait en moi. Mon ventre me brûlait comme si un démon allait arracher ma chair pour sortir au grand air. Je n'étais plus qu'un corps sans vie.
Tous les matins dans ma souffrance, je suppliais qu'on m'achève. Pourquoi cette femme me gardait-elle encore en vie ? Allait-elle m'utiliser pour assouvir les derniers rebelles ?
Je la méprisais. Toutes les nuits, je rêvais mettre fin à sa vie. Je m'imaginais enfoncer ma lame dans sa gorge, voir son sang s'écouler sur son buste. Voir ses yeux remplis de rage en comprenant que j'étais son assassin. Moi un simple humain vengeant la mort de tous ses hommes et femmes innocents.
En relevant doucement mon visage caché entre mes mains, j'aperçus dans un coin de la pièce un jeune garçon. Il était assis et vêtu de haillon. Son visage montrait une expression de terreur et de tristesse. Mais même sale, son minois et ses bouclettes noires étaient vraiment adorables. Depuis combien de temps était-il ici. Je n'avais absolument pas senti sa présence.
Une toux sèche sortie de ma gorge. J'avalais ma salive pour éclaircir ma gorge.
« Tu es ici depuis longtemps ? » Lui demandais-je soudainement
L'enfant qui avait l'air plus faible que moi, relevait soudainement son visage, me fixant avec ses grands yeux sombres.
« Je ne sais plus. Je n'arrive plus à déterminer le jour de la nuit.
- Tu as quel âge ?
- Dans les environs de 6 ans je crois. Me répondit-il à bout de souffle.
- C'est cette sorcière qui t'a attrapé ? » Continuai-je.
N'a-t-elle aucune limite dans sa folie, un enfant si jeune, pensais-je.
« Non, c'est mon oncle qui m'a enfermé ici.
- Pour quelle raison ferait-il une chose pareille ? M'alarmai-je.
- Je ne sais pas. S'exclama-t-il au bord des larmes. Il a tué ma mère, mon père. »
Il se mettait maintenant à pleurer à chaudes larmes. Sa souffrance était terrible à voir. Ce petit garçon ne méritait aucunement un tel sort. J'étais certain qu'Ednée était la raison de son malheur, il n'y avait qu'elle pour arracher les parents d'un enfant.
