Larme du renouveau

2K 258 80
                                    


Le temps, je l'ai forcé, je l'ai traversé, mais je n'ai jamais vraiment pris le temps de profiter de lui. Je m'étais cru suffisamment immortelle pour oublier de contempler la vie et les personnes qui se trouvaient autour de moi. Je n'n'avais jamais remarqué qu'Oréna et Mina avec les mêmes grains de beauté mais placé à deux endroits différents du visage. Je n'ai jamais pris un moment pour caresser les mains et mémoriser les nombreuses veines de Charles qui sortaient sur son front quand il était inquiet. Je sais que je ne me rappellerais plus de ce sourire narquois et briguant de Guillaume à mon égard.

D'ailleurs ils étaient là tous les deux, l'un me tenant la main, l'autre me tenant l'épaule. Ils ne savaient comment réagir. S'observant avec curiosité, rancune et jalousie. Et moi je ne ressentais rien à cet instant j'étais vidée, elle était morte et je n'en revenais pas.

Je sentais la main de Charles se serrer dans la mienne. Je lui jetais un regard doux et plein d'espoir. Tout était terminé alors pourquoi, pourquoi elles étaient toutes encore ici.

Rhéa, Narë, Éléonore et les autres étaient toujours ici, me regardant tendrement et tristement. J'étais la seule à les voir cette fois-ci. On aurait dit qu'elles attendaient quelque chose, comme si le corps froid d'Ednée n'avait pas suffi pour les distraire.

Je voyais Éric sauter dans les bras de Carla. Il l'embrassa avec passion. Moi j'observais maintenant le champ de bataille. Tellement de morts, tellement de perte, tellement d'âme disparue.

« Ne regarde pas. » S'exclama soudainement Guillaume.

Je me tournais alors vers lui.

« Ils ne l'ont pas fait pour toi, ils se sont battu pour eux, pour un monde moins dur. » M'expliqua-t-il.

Voulait-il simplement alléger ma conscience.

Mais ma conscience était depuis bien longtemps aussi lourde qu'une pierre. Et j'avais l'impression que chaque matin, je me réveillais avec crâne tellement lourd que mon cou risquait de se briser à chaque instant. C'est à cet instant que je compris que j'étais fatiguée. Pas que physiquement, mentalement je m'étais battu avec moi-même, avec Ednée et avec mes choix.

Soudainement, je voyais Narë et les autres s'approcher de moi. Elles m'encerclaient. Ces longs cheveux flottaient dans le vent, ce qui lui donnait un air majestueux.

Enfants du temps, outils de ma vengeance éternelle, fille de la vie et de la mort.

À égalité de cœur, de tristesse et de douleur, seulement tu pouvais la vaincre.

Rayant à jamais son existence et délivrant mon âme de mon aimée.

Tu as détruit ton âme, tu as détruit la vie seulement pour mon égoïsme.

Seule une âme liée pouvait anéantir cet être vil...

Et j'en suis désolée.

Mon ancêtre affichait un visage triste et déchiré. D'un seul coup je sentais une douleur horrible dans mon ventre. Alors qu'habituellement, celle-ci passait au bout de quelques secondes, une deuxième douleur se réveilla. J'étais maintenant pliée en deux sentant un liquide chaud s'écouler sur mes jambes.

Je n'eus pas le temps de basculer sur le sol que Charles et Guillaume m'avaient attrapée. Orena s'empressa de demander à Mina d'appeler sa mère en s'exclamant :

« Il arrive ! »

J'étais maintenant allongée sur le sol, le cœur battant a une vitesse folle et une douleur insupportable au niveau de mon ventre. J'étais prise de panique à cet instant, ma respiration se faisait saccadée, je n'arrivais plus à me contrôler, hurlant de souffrance.

Le Miroir d'un autre monde T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant