Après que les liens qui la maintenaient au sol se détachaient, elle se relevait difficilement. Ses jambes avaient l'air fatigué et de nombreux bleus parcouraient ses bras. Je l'observais attentivement, apercevant plus qu'un corps endolori. Je sentais que son âme était meurtrie, que son esprit était peiné. Elle portait le même désespoir que les hommes et les femmes qu'elles persécutaient.
Dans un bruit de fond, lui rappelant son cauchemar, les trois autres sorcières l'incitaient à les suivre. Mais, elle n'était pas comme elles. Elle hésitait, se torturant le crâne.
Je m'imaginais clairement les milliers de questions qui devaient se bousculer dans sa tête. Devait-elle poursuivre le destin qu'on lui avait assigné ? Devait-elle, au contraire, tout balayer aujourd'hui en me suivant ?
Il était clair qu'elle devait choisir par elle-même. Elle devait résoudre son dilemme seul, comme chacun d'entre nous.
« Qu'est-ce que tu fais? Nous partons sur-le-champ ! S'exclama l'un d'elles.
- Ednée nous attend. » Insista une autre.
Mais malgré les appels, elle restait là plantée, cherchant quoi faire. Toujours silencieuse, je la fixais, essayant de comprendre plus profondément son mal être. Etait-elle suffisamment forte pour se battre contre celle qui l'avait élevée ?
Sur son visage perdu dans la confusion, une lourde larme s'échappait de son œil droit. Dans un mouvement soudain, elle s'avançait vers moi lentement.
Ma surprise fut aussi intense que celle des trois autres sorcières.
La plus grande des trois commençait à l'injurier au loin.
« Quelle honte ! Tu es une honte pour ta famille ! TU le payeras Cassiopée. Ednée te le fera payer... »
C'est sur ses dernières paroles, les trois femmes disparaissaient dans une brume opaque.
Alors son nom était Cassiopée. Quel étrange choix de ses parents de donné à leur fille le nom d'une déesse grec déchu. Ou était-ce l'ironie du sort, de la voir aujourd'hui quitter sa place auprès de sa reine, perdant au passage tous ses droits dans cette tyrannie.
La jeune femme se précipitait vers la brunette qui s'était transformée en cette horrible créature blanche. Elle l'aidait à se relever doucement.
« Tu as promis de m'aider à redevenir comme avant ! Alors pourquoi choisis-tu de les suivre ? S'exclama-t-elle.
- Je tiendrais ma parole, cela ne change rien. Lui répondait-elle en la regardant droit dans les yeux.
J'avançais vers elles.
« Comment te nommes-tu ? » Lui demandais-je gentiment.
Elle me regardait avec appréhension. Au vu de sa métamorphose, il était clair qu'elle avait subi les mêmes horreurs que Guillaume. Je ne pouvais donc lui en vouloir d'être craintive à mon égard.
« On m'appelle Rose.
- Rose, ainsi que toi Cassiopée, vous n'êtes pas prisonnière. Vous êtes libre de partir et de fuir quand bon vous semble. Personne ne devrait être obligé de subir les affres d'une guerre aussi sombre. Je m'excuse, Rose. Je m'excuse de la souffrance que tu as dû endurer. De la douleur que ton corps a pu ressentir. Quoi qu'il advienne je promets d'aider Cassiopée à te guérir.
Je tendais ma main dans leurs directions. Sur le moment, elles avaient du mal à comprendre mon geste. N'avaient-elles plus l'habitude de voir de la gentillesse et de la bienveillance dans ce monde chaotique et en souffrance.
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Le Miroir d'un autre monde T.2
FantasyQu'avais-je fait ? Comment en étais-je arrivé là ? Tant de souffrance, tant de colère, j'avais détruit tout ce qui importait. Et pourquoi ? La mort et la perte de l'homme que j'aimais. Jamais plus je ne verrais son visage. Plus jamais je ne sentirai...