La guerre est déclarée !

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Mon souffle était court, mon esprit embrouillé. Je me dépêchais de suivre Antonia et Oréna, portant difficilement le plus léger de nos sacs. A chaque pas, je sentais mon enfant pomper le peu d'énergie qui restait dans mon corps. Ma vivacité s'affaiblissait au même rythme que mon ventre grossissait. Ma vieille amie devait sentir mon épuisement car elle insistait pour prendre mon sac malgré son grand âge.

Maintenant installée, je laissais pendre mon bras au gré de la vitesse par la fenêtre de la voiture. J'essayais d'oublier un instant tous les problèmes qui nous attendaient.

Je ne m'étais toujours pas remise que Guillaume nous ai lâchement abandonné. Et je ne savais pas non plus si j'étais prête à le pardonner. Il n'avait pas tenu ses promesses. Il n'était pas à la hauteur de son ancêtre, loin de là et il ne le serait jamais. Charles, lui, c'était battu quoi qu'il advienne. Il avait montré du courage et de la persévérance quand plus aucun n'espoir n'existait.

Je n'avais pas besoin de m'entourer d'un lâche, sa fuite m'avait permis de voir la réalité en face.

Oréna conduisait la voiture en silence. Antonia à l'arrière, regardait le paysage en collant sa main contre la vitre, cherchant à attraper immatériellement chaque arbre qui défilait. Notre silence était le résultat de nos angoisses, nous avions peur. Peur de ne pas réussir, peur de s'être trompé, peur de tout perdre. Mais à la fois nous étions heureuses de pouvoir défendre nos convictions et notre liberté face à cette sorcière tyrannique. Cette épingle dans mon chignon et le message de Narë était l'espoir que nous attendions enfin pour nous relever.

Dans la précipitation, je n'avais pas appelé notre contact pour le retour en bateau. J'espérais qu'il soit disponible, sinon nous risquions d'attendre quelques jours sur la côte.

Des odeurs salines et fraîches commençaient à s'insinuer dans mes narines. Je respirais à plein poumon les fragrances de la liberté. Le cris des mouettes réveillait Antonia de son silence.

« Ah nous arrivons ? Demanda-t-elle.

- Oui, dans quelques minutes nous serons au port, tu n'as pas l'air si heureuse de bientôt retrouver ton père ? Lui fis-je remarquée.

- Mon père si mais... Je vais certainement revoir ma mère incessamment sous peu... »

Je me retournais et attrapais doucement la main de la jeune adolescente.

« Ne t'inquiète pas, nous sommes une famille maintenant. Quoi qu'il arrive, nous nous protégeons les uns des autres. Je sais qu'il est difficile de voir quelqu'un de proche choisir de s'éloigner de soi. Mais tu ne peux pas t'en vouloir de ne pas l'avoir suivi. Tu n'es plus une enfant qui doit suivre sa mère, tu es une jeune femme, tu as le droit de croire en ce qui te tien a cœur. »

Suite à mes paroles, elle me serra délicatement la main.

« Merci... Merci de vouloir nous sauver... » S'exclama-t-elle.

Ces mots résonnaient dans mon esprit comme un soulagement. Je m'en étais voulu d'avoir plongé ce monde dans le chaos. Mais peut-être qu'aujourd'hui, je pouvais me racheter et changer les choses.

Après quelques minutes à sillonner les rues en voiture, on arrivait sur le port. De nombreux bateaux étaient amarrés. Je sortais doucement du véhicule. Mes amies récupéraient les quelques sacs qu'on avait emportés.

Je marchais pour atteindre le bateau de l'aller. Quand soudainement, je sentais une fraîcheur glaciale me balayer le visage. Je me retournais pour observer les alentours. Oréna et Antonia étaient toujours derrière moi.

Brusquement, Oréna lâcha les sacs sur le sol. Elle s'immobilisa un instant, retenant l'attention de Antonia qui s'était arrêtée elle aussi.

Une étrange odeur ferreuse se dégageait du sol. Je me déplaçais d'un pas lent pour rejoindre mes amies. Maintenant, tous les trois dos-à-dos, on sentait que quelque chose approchait. Je percevais d'un seul coup des mouvements brusques dans mon ventre. Mon enfant aussi ressentait le danger qui s'approchait.

Le Miroir d'un autre monde T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant