La route fut longue pour retrouver Oréna et Antonia qui étaient impatientes de savoir si notre mission avait abouti. Sans vraiment savoir pourquoi, je tenais fermement l'objet de Rhéa dans ma paume, comme si j'avais peur de la perdre. C'était difficile à croire que cette épingle était la solution contre Ednée. Je n'avais pas besoin de demander l'avis de Guillaume pour savoir qu'il était sceptique. J'espérais juste qu'il ne m'en veuille pas d'avoir fait tout ce chemin jusqu'en l'Angleterre pour ce simple objet du passé.
Pourtant je le sentais, j'étais sûr que ce n'était pas un hasard si elle nous avait guidées. J'avais vu sa tristesse, sa haine et son envie de venger l'être qu'elle avait aimé. Guillaume ne pouvait malheureusement pas comprendre. Par ma faute il ne pouvait aimer, ni ressentir ce sentiment. Ma culpabilité était telle sur ce point, que je ne pouvais même pas le regarder en face. Il ne le savait pas pour l'instant. Mais je redoutais le jour où il l'apprendrait. Et ce jour, je me résignerais à entendre la haine qu'il éprouvera à mon égard.
L'appel de la fatigue se faisait ressentir. Je m'empressais de dire bonne nuit et de m'emmitoufler sous la couette chaude. Dans le silence le plus absolu, je caressais mon ventre rond, il était maintenant gigantesque. Je ne savais même pas à combien de mois j'en étais. Je me rendais compte que pour l'instant je ne m'étais même pas inquiétée de l'accouchement et de la venue de l'enfant. Comment ferais-je ? Existait-il des hôpitaux ? Et si cela arrivait lors d'un moment inapproprié ?
Comment ne pas m'être inquiété avant ? Il va falloir que j'en discute avec quelqu'un de toute urgence. Ma tête était de plus en plus lourde, je commençais à somnoler quand soudainement j'apercevais une étrange lumière derrière ma fenêtre qui illuminait la chambre. Cette présence fantastique réveillait quelque chose en moi, mon souffle s'emballait.
Une perception anormale me poussait à sortir de mon lit pour m'approcher de la fenêtre. Je touchais le carreau transparent du bout de mes doigts. L'esprit ce déplaçait dehors m'invitant à la rejoindre vivement. Je sortais de la pièce, et je descendais silencieusement les escaliers.
Enfin dehors, je sentais une légère brise souffler dans mes cheveux détachés. Je me mettais à suivre l'étrange étincelle lumineuse.
Une sensation de fraicheur me caressait le bout de mes doigts de pied. C'était comme si je marchais sur une mousse imbibée de rosée du matin. Même si la nuit était tombée, je voyais distinctement les feuilles sur le sol qui était éclairé par la lune ronde. Je ne pouvais m'arrêter de marcher même si des branches me piquaient et me griffait les jambes.
Une force, une énergie m'appelait au loin. Je devais la rejoindre, il fallait que je continue mon chemin dans la forêt. Cette entité luminescente et transparente tournoyait entre les cimes au rythme du vent et de mes pas.
Je voyais les feuilles d'arbres s'agiter, les branches se secouer, pourtant je n'entendais aucun bruit. J'avais l'impression d'être dans un film muet, de marcher au fil des images sans entendre aucun son. La forêt n'avait pas besoin d'émettre des cris nocturnes pour être magnifique. Les rayons qui s'échappaient entre les troncs créaient un dessin lumineux et envoutant.
Les odeurs d'humus et de champignons me balayaient les narines. Malgré la nature magnifique qui m'entourait je ne pouvais me stopper, continuant de marcher jusqu'à cette lumière mystérieuse.
Je ne savais plus où j'étais ni qu'il j'étais. J'étais seulement attirée instinctivement par ce mystère flottant entre les cimes.
Etais-je dans un rêve ou dans la réalité ? Je ne saurais que dire.
Mais j'étais tellement bien, tellement apaisée, mon esprit était vide, mon enfant gigotait doucement dans mon ventre. Me rassurant à chaque coup de pied de sa vitalité.
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Le Miroir d'un autre monde T.2
FantasiaQu'avais-je fait ? Comment en étais-je arrivé là ? Tant de souffrance, tant de colère, j'avais détruit tout ce qui importait. Et pourquoi ? La mort et la perte de l'homme que j'aimais. Jamais plus je ne verrais son visage. Plus jamais je ne sentirai...