Éclats de haine

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En rejoignant le lieu de l'embuscade, je sentais encore l'odeur suffocante des corps en décomposition dans les flammes. J'étais triste d'avoir vu mes ennemis tomber sous nos pas vengeurs. C'était toujours malheureux de détruire la vie d'être vivant, même s'ils nous voulaient du mal. Personne ne devrait se réjouir de donner la mort. Je percevais encore dans mon esprit les flammes se dégager des bras des deux jeunes femmes pour engloutir la totalité du bâtiment. Je sentais encore la chaleur balayer mon visage au bord des larmes.

Mon seul bénéfice était d'avoir vu le visage horrifié et remplis de colère du Camélia noir. Cela m'avait assurée qu'elle recevait la douleur qu'elle méritait. Les acolytes d'Ednée ne méritaient pas de pitié. Chacun nous avions choisi notre camp, maintenant on devait en subir les conséquences l'un et l'autre.

A ce moment nous avions signé notre arrêt de mort surtout pour Cassiopée et Carla qui avait été reconnu sans aucun problème par l'ennemi. Mais on n'avait pas perdu de temps sur le lieu du crime, nous enfuyant sous une déferlante de menace, d'incantation et de sorcière blessée.

Après avoir laissé la voiture un peu plus loin, nous courrions jusqu'à la forêt qui se trouvait près de la ville. L'idée de finir le chemin à pied était une idée ingénieuse. Laisser le plus de trace possible, ce qui permettra à Ednée de nous retrouver rapidement et de tomber dans notre piège. Il ne manquait plus que quelques kilomètres avant d'être proche du reste du groupe qui attendait pour attaquer.

J'avais extrêmement de mal à tenir la cadence, j'étais faible et mon souffle était court. Gentiment, Antonia et Carla m'attrapaient par les deux bras pour m'aider. Mes jambes se mouvaient seulement par ma volonté et non ma force.

Alors que les arbres défilaient autour de nous, que les branches se refermaient sur notre passage comme pour nous protéger des intrus qui venaient sûrement de s'engouffrer dans l'antre du bois, j'eus un mauvais pressentiment. Mon ventre chauffait, et les coups de mon enfant se faisaient nombreux. Sentait-il lui aussi le danger imminent qui s'annonçait ?

Oréna me jetait un regard inquiet, elle aussi, elle avait ressenti quelque chose d'anormal. La faune de la forêt commençait à remuer. Les oiseaux fuyaient leurs nids, les sangliers couraient à toute hâte avec leurs petits, les biches couraient effrayées sans se soucier un instant de notre présence. Les cimes des arbres s'agitaient sous les rafales de vent, assombrissant l'ambiance douce et paisible du bois. Des bruits étranges et alarmants se dégageaient derrière nous.

« Quelque chose approche ! S'exclama affolée Antonia.

- Tu arrives à percevoir des pensées ? C'est des sorcières ? »

La jeune femme se concentrait un instant, stoppant notre course folle.

« Hum... des grognements, des pensées inaudibles, c'est étrange... C'est comme si c'était humain sans l'être...comme...comme Guillaume ! »

Après ces explications, je visualisais la forme bestiale de Guillaume après les sévices que lui avait fait endurer Ednée.

« Combien sont-ils ?

- Plus d'une vingtaine.... Nous n'avons plus beaucoup de temps, ils sont proches ! »

Suite à cette réponse alarmante, nous reprenions notre course effrénée entre les cimes. De lourdes gouttes s'échappaient de mon front pour s'écraser ensuite sur le sol. Mais malgré notre détermination, l'ennemi approchait à toute vitesse. J'entendais maintenant leurs griffes et leurs corps frôler la végétation ambiante.

Des grognements sourds et sauvages me faisaient frissonner. J'avais beau mettre toute l'énergie que je pouvais, je sentais que j'étais au bout de mes forces. Je respirais à pleins poumons espérant que cela m'aide à tenir. Les branches s'écartaient sur notre passage pour ensuite se refermer pour ralentir nos poursuivants.

Le Miroir d'un autre monde T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant