11. «Un peu de tendresse j'dis pas non.»

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Point de vue interne : Nabil.

J'ai fais quoi là ?! Je suis en train de l'embrasser comme un affamé. Je vais pas arrêter ce moment, sa fait un bail que sa bouche me fait de l'œil...

Elle réponds à mon baiser. Elle pose sa main sur ma joue, tout doucement. En temps normal je l'aurais fracassé. Mais là j'suis ailleurs.

Sa commence à chauffer. Je la fais monter sur moi et elle s'installe nerveusement. Nos lèvres se sont pas lâchés et j'ai aucune envie de me séparer d'elle.

Elle passe ses bras autour de mon cou et je la prends par les hanches pour la rapprocher de moi.

Je sens son petit cœur battre à tout rompre contre ma poitrine. La bambina elle a pas l'habitude du contacts à ce que je vois.

J'ai pire qu'envie d'elle ; j'ai faim d'elle. J'sais même pas pourquoi. La demoiselle est mignonne mais n'a rien, en soit, pour m'attirer.

Et puis les effets de la coco se font ressentir. Ou alors c'est les effets des joints que j'enfile depuis un mois.

Je sens que je brûle de l'intérieur. J'ai dû mal à respirer. Je me détache violemment des lèvres de Nahla et essaie d'inspirer. Ma respiration est sifflante.

Ma blonde hoquette de surprise. Elle me prends mes épaules pour me faire face mais je suis dans un autre monde ; mes yeux fixent le vide.

«— Nabil ??!!
— On va faire comment mon frère... au... secours... il faut de l'argent... l'argent...
— Nabil !!!! »

Je délire. Je me remémore d'un coup les pires moments de hess de ma vie... et je me rends compte que j'ai envie de reprendre de la coke. Putain de saloperie.

Nahla me gifle, je réponds pas. Je suis piégé dans mon passé. Je me revois avec mon frère à chercher une solution pour faire du biff.

Mes vieilles baskets, la veste usé de Tarik... et Papa au parloir. NON c'est bon stop. J'ai plus envie de penser à ça. Putain stop !!

Je me prends la tête dans mes mains. Le mal de crâne me rends dingue. J'entends à peine Nahla en train de sanglotait et de chercher une solution. Je supplie ma conscience.

«— Stooop... s'il vous plaît c'est assez stop...
— Nabil je t'en prie... reprends toi !»

D'un coup, Nahla me prends par les joues fermement et me fait lever la tête pour la regarder dans les yeux. Son jolie minois baignée de larmes me fixe avec dureté.

«— Je suis là Nabil. Oublie ce qui te torture... t'es fort tu vas y arriver. Je suis là.»

Les souvenirs tiraillent mon esprit, je n'en peux plus. Mais je continue de la regarder. Oui, cette racli me donne de la force.

Elle lève sa petite main pour me caresser avec tendresse mes cheveux. Son visage est triste ; elle a l'air touchée.

Je me laisse faire et me concentre sur les traits de son visage pour oublier que je bouillonne. L'air me manque toujours.

En fait je crois que j'ai fais une sorte de crise de psychose. Je veux pas y penser. J'ai putain de mal au crâne.

Je contemple ses beaux yeux bleus humides, son long nez fin et droit, sa bouche que je scellai à la mienne il y a quelques minutes.

Elle ne s'arrête pas de caresser mes cheveux. Sa tendresse et sa patience me calme, je sens ma respiration plus stable.

«— Je suis là, je suis là...»

Les souvenirs s'évaporent douloureusement. J'en peux plus. Comme si on m'arrachait le crâne. J'agrippe durement la fine taille de Nahla le temps que la douleur horrible me quitte.

Je la sens se crisper mais continue ce qu'elle fait. Et puis enfin, je me sens mieux. Le mal de crâne a aussi décampé.

Cette meuf jsp si c'est mon ange gardien ou le diable qui me ramène tout ces problèmes.

Peut importe ; je la serre contre moi, pour lui montrer que la crise est finie.

Putain. Je pensais que sa passerai jamais. Elle soupire de soulagement dans mon cou et me caresse doucement le dos.

J'ai pas envie de penser maintenant à la dimension que notre relation a prise. Je sais que je dois beaucoup réfléchir et faire un choix.

Cette fille dès le début je savais qu'elle était différente. Depuis que je l'ai vu au square dans son pull dégueu.

«— Tu te sens mieux Nabil ?..
— Ouais.
— Ouf tant mieux. »

Elle me regarde et sourit timidement. Je crois que je souris aussi, je m'en rends pas compte. Je me sens juste ko.

«— Nahla tu...
— Ramène moi à la maison Nabil.
— Hein ? Mais...
— S'il te plaît. Tout ça c'est trop pour moi.»

Elle est sérieuse ? Sa veut dire quoi ça ? Presque je panique. Elle se lève de moi et se rassoit à côté de moi. Elle regarde droit devant elle comme si j'étais pas là.

Ha ouais ? Elle se rends indispensable, m'accorde toute son attention pour au final me faire la fille qui veut oublier ? Putain de sa mère voilà pourquoi je m'attache jamais.

Parce que ouais, je me suis attachée à cette pute. Malgré la fatigue, je sens que la haine me monte jusqu'à Bamako.

«— Sa veut dire quoi sa Nahla ?
— Sa veut dire que ce qui vient de se passer m'a éprouvé. Trop éprouvé. Tout est trop avec toi. Alors je préfère... rentrer.
— OK. »

Je démarre en trombe, même si j'ai envie de dormir. Grosse conasse va. J'ai même plus envie de la remercier pour ce qu'elle a fait pour moi.

Je m'en veut de m'être fait des films. Sa me ressemble même pas. Bien fait Nabil. Il faut que je reforge ma carapace que cette pute a fissuré.

Je roule comme un détraqué. Elle s'accroche à la portière. Pfff cagette. Vite la ramener chez elle et oublier l'épisode de ma vie "Nahla".  Je préfère même plus la regarder pour commencer le processus d'amnésie dès maintenant.

C'est comme ça que sa marche igo. J'arrive devant chez elle et tape rapidement du pied. Elle attends quoi pour sortir ? Je sens son regard bleu sur moi. Putain.

«— On est arrivés je te signale.
— Je sais.
— T'attends quoi pour sortir ?
— Nabil regarde moi. »

Je me tourne vers elle. Elle a pleins de larmes dans ses yeux. Je crois que sa la fait chier d'avoir mis fin à... à quoi même ? C'était même pas une vraie relation.

Elle approche son visage du mien et dépose le baiser le plus doux que j'ai jamais eu sur mes lèvres.

«— Bonne continuation. »

La blonde me regarde une dernière fois après avoir prononcé ces derniers mots, puis sort de la voiture. Je la regarde s'avancer dans la nuit noire, complètement duper'.

Je crois qu'elle m'a piqué. Je ferme les yeux et m'humidifie les lèvres. Si seulement je pouvais garder son goût sur ma bouche...

Mais c'est fini. Définitivement fini.

① Jusqu'au dernier gramme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant