Point de vue interne : Nahla.
Je maudis mille fois ma malchance, quand je vois cet homme louche s'approchait de ma table.
Bon sang mais quel culot ! Il ose venir me parler alors que l'homme qui m'accompagne s'est éclipsé. Pourtant je ne sais pas, ce lieu a l'air d'être fréquenté par des personnes usant des bonnes manières... le costume ne fait pas le moine visiblement.
«— Bonsoir mademoiselle, je peux vous offrir un verre ?
— Je suis accompagnée monsieur. »Il rit doucement, et je me sens rougir d'incompréhension. Hé bien quoi encore ? Il rit comme si ma remarque était à côté de la plaque. J'ai tellement peu confiance en moi que je commence à douter ; peut-être que dans le monde huppé, cela n'est pas vu comme quelque chose de déplacé.
«— Mais mademoiselle, l'un n'empêche pas l'autre. Je vous offre un verre, je ne vous invite pas chez moi. Même si cela aurait été tout à fait charmant. »
Je lève les yeux pour examiner l'homme qui risque d'avoir des ennuis si Nabil arrive. J'ai un haut le cœur quand je vois qu'il est bien plus âgé que moi. Je pourrais être sa fille bon sang !
L'homme aux tempes grisonnantes traduit mon silence par une invitation silencieuse, alors il se pencha et posa les coudes sur ma table, l'air plus à l'aise. Ma répartie de tout à l'heure s'est évaporé, et face à cette personne envahissante je n'ose rien faire. Je n'arrive pas à être méchante. Mais ce serait lui rendre service de lui dire de s'en aller maintenant avant que Nabil arrive.
Bizarrement, je devine que Nabil est possessif. J'ai confirmé cette impression lorsqu'il a catégoriquement refusé d'employer un garde du corps car il voulait s'en charger lui-même. Je ne pense pas que ce soit spécifiquement pour moi ; il doit l'être avec tout son entourage. Donc je fais partie de son entourage maintenant...
Je sens la table valsait sur moi et je dois vite me lever pour ne pas me retrouver coincée en-dessous.
Un spectacle effroyable s'offre à mes yeux ; Nabil tient par le col l'envahisseur aux tempes grises. Il est en train de lui parler, sûrement de le menacer, mais j'ai tellement peur que je ne fais pas attention à ces paroles et me rue sur eux.
«— Nabil mais... arrête ça s'il te plaît ! Arrête tout de suite !
— Je ne faisais que parler avec elle, je...
— Ferme là maintenant, espèce de petit bourg de mes deux ! Ferme ta gueule ! Tu crois que t'es en position de l'ouvrir ? Tu l'as pas assez ouverte avec ma femme ?!
— J-j'ignorais que c'était votre femme je...»Aussitôt la sécurité réagit, (c'était un café tellement chic qu'il y avait bien un mec pour la sécurité) suivi d'un serveur. Tout les clients regardaient la scène d'un air plus méprisants qu'effrayés. J'ai compris que c'était dû au vocabulaire de Nabil, et que tous l'avaient déjà inséré dans la catégorie "enfant de quartier populaire qui arrive à se payer un café ici seulement parce qu'il gagne de l'argent sale". Pas aussi sale que le vôtre, je me dis en les dévisageants.
Mais mon esprit était ailleurs. Occupé à penser, à se questionner sur comment m'avait qualifié Nabil.
Ma femme.
Sa m'avait rendu complètement inapte à faire quoi que ce soit. Il me considère comme sa femme. Du moins c'est bien en ces termes qu'il s'était exprimé.
Je ne lui en voulais presque pas de s'être emporté contre l'inconnu. Quelque part sa m'a réconfortait dans le fait que, NON, proposer un verre à une femme accompagnée ne se fait pas.
Je regarde enfin Nabil qui s'est calmé mais qui a une mine renfrognée. Il discute tranquillement avec le vigile, tandis que l'homme se plaint au serveur en lançant des regards furtifs vers moi. Son regard traduisait une certaine supériorité, comme si il voulait me dire "tu ne méritais même pas tout ça."
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① Jusqu'au dernier gramme
FanfictionUnvendredi présente : Tome I, Jusqu'au Dernier Gramme. Les situations de ce récit étant purement fictives, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. Toute représentation ou repr...