14. «Parce qu'on a grandis...»

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Point de vue interne : Nahla.

À peine sortie de la fac, je sens mon portable vibrait. On est en train de m'appeler. Je m'arrête sur le trottoir et les filles font de même.

Le contact qui s'affiche me fait presque trembler. De joie ou de peur ? Un peu des deux sûrement.

Trois semaines sont passés, soit des jours à tenter de l'oublier, des jours où c'était plus fort que moi de me renseigner sur lui ou de penser à lui...

Je réponds. Les filles voient que je ne suis pas comme d'habitude.

«— Allô.
— Poupée. »

Mon Dieu sa voix... il me manque horriblement. Même ce surnom kitch m'avait manqué. Je crois que j'ai des larmes qui se forment.

«— Putain poupée... tu vas bien ?
— Toi plutôt est-ce que tu vas bien ?
— Trkl... non. Ça va pas là.
— Qu... qu'est-ce qui se passe ?
— Faut qu'on se voit. Mais en soum soum. Je serais avec Tarik. »

Pourquoi ? Il a dit cette dernière phrase comme pour me rassurer. Ou comme pour me dire que je ne devais pas me faire des films. Je sens ma voix un peu tremblante.

«— En soum soum ?
— Discrètement sa v'dire. Tarik connaît un endroit tranquille, je t'envoie l'adresse par SMS. Désolée poupée je peux pas venir te chercher.
— D'accord... »

C'est horrible j'ai l'impression que j'accepterai tout ce qu'il me dirai de faire, même après 3 semaines sans nouvelles.

«— Nahla ?
— Oui ?...
— Merci. »

Il raccrocha aussitôt et je regardai mon portable un instant. Comme si tout cela n'était qu'un rêve.

Les filles foncèrent vers moi, Ahlem la première.

«— C'était qui ? C'était qui ???
— Woaw Nahla on t'a jamais vu dans un état pareil !
— Tu vas tout nous raconter sur le chemin ! »

Elles me donnaient le tournis. C'est vrai que les filles ne me voyaient jamais trop expressive car je ne le suis pas vraiment. Sauf que là je devais être dans un état second.

Je ne peux pas leurs raconter. Je vais devoir mentir. En revanche, je ne dois pas oublier de prévenir Kawtar.

«— C'est rien les filles, c'était mon frère Ayoub. Il m'a dit qu'il voulait que je l'aide à sortir en cachette ce soir, sans que maman ne le sache.
— Mytho !
— Non je suis sérieuse ! Sa m'a choqué parce que c'est la première fois qu'il fait ça... pour aller voir une fille. »

Elles crièrent toutes WOUUUUH et me lâchèrent enfin. Je tcheck discrètement mon portable pour voir le SMS que m'a envoyé Nabil avec l'adresse.

C'était un restaurent. J'espère qu'ils savent que je n'ai pas d'argent moi. J'avais de la chance car il se trouvait non loin de la fac, dans une rue parallèle (d'après les dires du GPS du portable).

J'envoyais un texto à ma mère pour lui dire que j'allais dîner avec des copines de la fac, et prévînt Kawtar que Nabil m'avait appelé et que je lui raconterai plus tard.

Plus j'avançais vers le petit restaurent chic et très discret, plus je ressentais la sensation "Effet Nabil". Le cœur qui bat, les pensées emmêlées, les mains tremblantes...

À : Nabil.
Je suis arrivée.

Le restaurent était vide. Seul le personnel était présent. Ils n'avaient quand même pas réservé le truc entier ?!

① Jusqu'au dernier gramme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant