① Jusqu'au dernier gramme

28. «Parfois peur de demain.»

Point de vue interne : Nahla.

J'ai un mauvais pressentiment.
C'est très étrange que Nabil soit partit sans me prévenir. Je ne sais pas, il est peut-être comme ça et déteste traîner dans le lit la matinée, mais je ne penserais pas qu'il me laisserait comme ça, me réveiller seule et sans repères. Il a l'habitude des hôtels à force de ces showcases, pas moi.

Donc je lui en veux un peu. Mais c'est plus compensé par le fait que j'ai un vrai mauvais pressentiment. C'est très bizarre. Je prends mon téléphone et y trouve 13 appels manqués de maman et 5 messages de Kawtar. Ho putain. J'ouvre les SMS de ma meilleure amie.

Nahla sérieusement ?! Faut que tu m'expliques.
Nahla réponds moi.
Nahla réponds ptn tu sais que je vais pas te juger alors réponds.
S'il te plaît c'est urgent décroche !
Ta mère m'a appelé elle est au courant décroche !

Au courant de quoi ? Mince. Peut-être qu'elle a su que je n'avais pas vraiment dormi chez Kawtar ? Ce n'est pas que ça. Il y autre chose. En fait là, c'est la panique.

Je dois appeler Nabil. Savoir où il est, savoir ce qu'il fait, ce que je dois faire et pourquoi il n'est pas avec moi. Vite vite vite. Curieusement, j'ai besoin de lui.

Sa me rends très nerveuse de ne pas savoir ce qu'il se passe et paradoxalement de savoir que dans cette situation j'ai absolument besoin de lui. Mince, mince, mince c'est pas bon tout ça. Sa me rend dans un état qui ne me ressemble pas. Être aussi à fleur de peau et affolée ce n'est pas la calme et gentille Nahla que je suis et que j'assume être.

J'entends le tuut sonore qui me fait patienter. Au moins, son portable n'est pas éteint.

«— Poupée.
— Nabil où tu es bon sang ??
— Chez toi. Tu veux que j'vienne te chercher ?
— Q-quoi ?! Non attends j'arrive. Je prends un taxi.
—  Dis pas nimp' , je viens te chercher tout de suite. Je sais même pas pourquoi j'te demande ton avis. Prépare toi j'arrive.
— D'accord... bisous, je t'aime. »

Je raccroche. Bon, il ne m'a pas lâché. Mais pourquoi je pense à des idées aussi sombres comme ça ? Il n'y a pas de raisons pour qu'il me lâche, du moins j'espère pas. Sa m'a rassuré d'entendre sa voix grave, son "poupée" qui m'a tout de suite calmer mes pulsations cardiaques effrénées, son habituelle manie de vouloir ma sécurité...

Ha. Pause. Qu'est-ce que j'ai dis avant de raccrocher ?

D'accord, bisous.

Non j'ai pas dis que ça. Je me lève du lit, et me rends compte en même temps de ce que j'ai dis à Nabil que je suis seins nus.

Je t'aime.

J'ai réellement dit ça ? Oh mon Dieu. Je pensais dire ça dans des circonstances... comment dire... plus solennelles ? Plus romantique ? J'ai dis ça comme si c'était normal ? Mais sa l'ai.

Oui, j'aime Nabil. C'est devenu tellement évident pour mon cerveau que j'ai dis ça normalement. Je sens que je rougis un peu. Woh, je ne sais pas si je pourrais encore le regarder dans les yeux après ça, en plus il est tellement intimidant ! Et puis j'ai bien vu qu'il aimait bien me faire de l'effet...

Je rougis encore plus devant ma nudité. Comment sa se fait que je n'ai plus le haut de pyjama ? Ce n'est pas normal, je n'ai pas l'habitude d'ôter mes vêtements quand je dors, même quand il fait très chaud...

Ce n'est pas Nabil qui... ? Non. Il n'aurait jamais profité. Trop facile pour monsieur. Hmm, je devrais demander des renseignements à Nabil, je le vois bien avoir le sommeil léger. Il n'a pas dû rater une miette de mon striptease involontaire ! Ou alors il était déjà parti quand je me suis dévêtu ?