21. «J'sais pas si le bonheur va m'endurcir.»

9.3K 739 133
                                    

Point de vue interne : Nahla.

Quand Nabil était venu bourré au square, il m'avait suspendu en l'air par le col et m'avait étranglé.

Je lui rappelle ce souvenir et il rit un peu, la bouche pleine.

«— Ce jour-là j'me suis dis que t'étais vraiment chtarbée ! Un inconnu t'agresse et tu te contente de partir sans rien dire.
— Hey ! J'avais pitié de toi ce soir là ! Je savais que tu étais bourré ! »

On rit ensemble autour de nos plats fumants. Le restaurent est étoilé et rayonne de luxe. Les plafonds sont très hauts comme dans un château, il y a des lustres gigantesque encombrés de cristaux, et des tapis perses qui recouvrent la totalité du restaurent.

J'ai rapidement compris que non seulement il avait réservé une table, mais en plus il avait également réservé toute la moitié du restaurent où nous étions ! Autrement dit, les seuls clients présents étaient au moins à 15 mètres de nous.

Nous étions tranquilles, riant et bavardant de tout et de rien. Certes Nabil n'est pas une pipelette, mais j'arrive à lui faire sortir quelques phrases. Sa ne me gêne pas de faire cet effort, moi qui suis pourtant une éternelle timide. Le voir rire est une de mes motivations principales.

Nos plats étaient succulents. Il avait commandé du veau et j'avais pris un plat au poisson à la sauce citronnée, accompagnée de pommes de terres sautées.

«— T'aimes pas la viande poupée ?
— Non, c'est juste que ce n'est pas Hlel ici.
— Hlel ?! »

Il faillit s'étouffer avec l'eau (il n'avait pas commandé d'alcool comme je lui avais dis), et me regardait avec des yeux immenses. Je ris face à ce spectacle rare ; Nabil ne montre presque jamais ce qu'il ressent sur son visage.

«— Tu manges uniquement la viande hlel ?!
— He bien oui... je suis musulmane tu sais.
— Musulmane ?! Mais de quelles origines tu es ?
— Ha bien, on reprends notre jeu des questions réponses. »

Je lui appris que j'étais marocaine de mon père et française de ma génitrice, mais qu'il ne me restait que ma mère. Il était étonné de mon manque de "typage" car il m'avait catégorisé chez les babtous. Chose dont je ne fus pas du tout surprise. Par contre je lui reprochais son manque de perspicacité ; Nahla, c'est arabe à 100%.

On se posés des questions au fur et à mesure, et petit à petit le voile devant Nabil devenait moins opaque. J'appris qu'il adorerait aller au Venezuela avec son frère, mais qu'avant tout il voulait quand même visiter l'Afrique, et sa terre d'origine ; l'Algérie.

Je lui apprends que je ne vis qu'avec ma mère et mon petit frère qui est fan de PNL.

«— J'pourrais lui signer un autographe trkl.
— Haha tu t'es pris pour une diva ?
— Ta gueule, une photo alors. Sa me fait plaisir.»

Je souris et l'observe tendrement. Je sais qu'il est plutôt réservé, et que les apparitions en publics ne sont pas préférés, alors sa me fait plaisir qu'il ferait un effort juste pour mon petit frère.

Mais je m'assombris ; tout n'est pas si facile. Je peux pas présenter Nabil à Ayoub comme ça. Ayoub se poserait des questions. D'ailleurs, rien que de l'imaginer tomber sur la photo compromettante me mine.

«— Poupée ça va ? »

Je frissonne quand il pose sa main chaude sur la mienne, posée sur la table. Ses yeux originairement si vides, me scrutent avec beaucoup d'attention. Je secoue la tête.

«— C'est juste que... je pense à cette foutue photo.
— Cette foutue photo comme tu dis, on en a rien à foutre. J'laisserais personne t'approcher.
— Merci Nabil.
— Chut me dis pas merci. »

① Jusqu'au dernier gramme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant