Chapitre 1

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La sonnerie retentit, les portes s'ouvrent et Alaska s'élance au galop.C'est un bon départ, elle nous place directement en tête juste derrière Alejandro, qui monte Sultan. Les chevaux sont lancés au grand galop, des bouts de terres volent après notre passage, et le bruit assourdissant des sabots qui martèlent le sol nous enveloppe.Je me rapproche de la lice, toujours derrière Sultan, et me prépare à accélérer. On arrive au dernier virage, je sens qu'Alaska veut y aller, alors je relâche légèrement les rênes et la pousse. Il reste environ deux cents mètre avant la ligne d'arrivée, les chevaux sont à fond, ils agrandissent de plus en plus leurs foulées,leurs naseaux sont dilatés et ils donnent tout ce qu'ils peuvent.J'encourage mon cheval et la pousse encore et encore, nous sommes toujours derrière Sultan, à environ une foulée, et un autre cheval est en train de nous dépasser sur la droite. Je la pousse encore, on y est presque, et là je sens qu'elle trébuche, elle essaie de reprendre son galop mais sa jambe se plie encore et elle tombe en avant, m'entraînant la tête la première vers le sol. Une intense douleur me cogne dans le bras et le dos, et je vois les autres chevaux nous éviter, ce qui déséquilibre les jockeys, et mon dernier souvenir est de voir Alaska allongée au sol, la jambe pliée,hennissant.



C'est un cliquetis incessant qui me sors de mon sommeil. Je suis dans une chambre blanche, entourée de machine qui émettent différentes sortes de bips et de tics et tout pleins d'autres bruits. J'ai plusieurs tuyaux reliés dans mon bras et un genre de gros pansement sur le bas ventre. Je le soulève et découvre un hématome de la taille de mon poing, violacé. Dégueu. Soudain une infirmière entredans la chambre, toute souriante, me salue et me félicite de m'êtreréveillée. Elle prend ma tension et voyant que tout est normal,commence à me débrancher de toutes ces machines, qui arrêtent de bipper, ce qui fait qu'un grand silence règne désormais dans la pièce. L'infirmière ne parle pas, et finie de ranger les accessoires médicaux. Je tourne la tête vers la fenêtre et il fait gris dehors, mais je pense que nous sommes le matin, vu la hauteur du soleil. Et là soudain, tout me reviens en mémoire : la course,la chute, Alaska au sol et puis plus rien ... Je me retourne précipitamment vers l'infirmière :


-Hmm, excusez-moi, mais quel jour sommes nous aujourd'hui ?

-Nous sommes le 1 juin madame, et il est neuf heure et demi. Me répond t-elle, toujours avec le sourire.


Le 1er juin, et la course était le 20 mai. Ce qui veut dire que ça fait presque deux semaines que je suis ici. Oh non. J'essaie de me lever, et l'infirmière vient de suite devant moi pour me rallonger.Oh c'est pas possible ! Elle va pas me garder encore quand même?! Voyant que je la regarde bizarrement, elle me dit :


-Vous avez été plongée dans un coma artificiel suite à vos nombreuses blessures et aux différents chocs que vous avez reçu après votre chute. Si vous vous relevez trop brutalement vous risquez de faire un malaise et vomir ... Vous êtes assignées à votre lit pour encore trois jours je dirai. Ne vous inquiétez pas, cela passe très vite !Tente t-elle de me rassurer, mais ça échoue ...


Je ne vais quand même pas rester dans mon lit alors qu'Alaska a peut-être besoin de mon aide. Je lui sors donc mon plus beau sourire d'hypocrite et lui dit que je vais me rendormir, étant donné la fatigue que je ressens. Elle hoche la tête et me dit à plus tard avant de s'éclipser. Bien, ça c'est fait. Il me reste plus qu'à trouver un moyen de sortir d'ici sans que l'on m'arrête. Je me redresse doucement sur mon lit, une fois assise ma tête me tourne un peu, alors je reste dans cette position quelques secondes le temps de m'habituer. Je pose un premier pied par terre, puis le deuxième et m'appuie sur le mur pour me lever. Mes genoux tremblent un peu au départ, mais se stabilisent rapidement. Je m'apprête un attraper mon sac, quand quelqu'un ouvre la porte. C'est un homme, le médecin avec une blouse blanche et des lunettes, style Harry Potter, j'en conclue que c'est un des médecins. Il me regarde bizarrement et ne bouge plus. Je me rassoies doucement avant de lui demander si il n'a pas un paquet de mouchoirs. Petite diversion ! Il se détends tout de suite.


-Oh oui évidemment ! Il fouille dans ses poches - Tenez voici.

-Merci beaucoup.


Je me mouche, un peu gênée qu'il soit à coté de moi puis pose le mouchoir sur la table de chevet. Une fois que j'ai fini ça, il se présente :


-Enchantée madame, je suis le docteur Villepin et c'est moi qui vous ai suivi durant votre coma. Les blessures occasionnées par votre chute ne sont que partielles, mais elles mettront sûrement un peu de temps à partir.Pour l'hématome que vous avez sur le ventre, je dirai un mois, voir un mois et demi mais pas plus. On m'a dit que vous étiez réveillée,alors je viens vous saluer maintenant car je part cet après-midi.J'espère que vous guérirez rapidement. Sur ce, bonne continuation !

-Oui merci à vous et bonne journée !


Wahou ! Il a déballé tout ça tellement vite que j'ai pas tout bien compris. Mais j'ai retenu l'essentiel : il ne m'a pas dit que j'étais obligée de rester là encore trois jours, donc je vais en profiter.

Je me lève de nouveau, avance doucement jusqu'à mon sac posé sur un fauteuil non loin et enlève la blouse d'hôpital que je porte et enfile des vêtements à moi. Quelqu'un a dut les apportés. Une fois habillée, je pose la blouse sur mon lit, mets le sac sur mon dos et m'avance vers la porte. Je l'ouvre et jette un œil dans le couloir,il n'y a personne. Je sors et ferme délicatement la porte derrière moi et décide de prendre à droite. Au premier virage, je rencontre une vieille femme et lui demande par où est la sortie, elle sourie et m'indique le chemin à suivre. Je la salue et me dirige doucement vers le chemin indiqué. J'arrive dans ce qui doit être le hall d'entrée, ou d'accueil, c'est pareil de toute façons et passe les portes avec un air dégagé, et personne ne me remarque.


L'air est frais, mais supportable pour quelqu'un qui ne porte qu'un sweat, genre moi. Je sais où je suis, et me dirige donc vers le centre ville. Une fois là-bas, ce qui a mis un certain temps vu ma vitesse de déplacement, je stoppe un taxi et lui dit de m'emmener à Carls farm. Dix minutes plus tard, il se gare devant le bâtiment principale du haras, et c'est là que je me rends compte que je n'ai pas d'argent ... Oups ...


-Excusez-moi, mais est ce que vous pouvez klaxonner ?


Le chauffeur me regarde bizarrement avant de s'exécuter. Il klaxonne deux fois. Quelques secondes après, Jo sors du bâtiment et s'avance vers la voiture. Je dit au taxi de patienter une minute et sors.Lorsque Jo me reconnaît un grand sourire s'affiche sur son visage et il vient me prendre dans ses bras.


-Mon dieu ! Alex est revenue parmi nous ! Comment vas tu ma petite ? Tu te sens mieux ? Rien de cassé j'espère ?

-Oui oui je vais beaucoup mieux, mais juste est ce que tu aurais pas vingt euros sur toi ? Je suis à sec ...

-Ah je vois – il rigole et s'avance vers le taxi- Tenez monsieur, et merci d'avoir ramener cette jeune fille !



Il salue le chauffeur, et celui-ci démarre et disparaît au bout de la route. Me voilà de retour chez moi !

Cheval de CourseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant