29

48 8 6
                                    

Le sang. 

Sur mes mains.

La mort. 

Sur tous les désastreurs et même sur ces hommes qui nous ont attaqués. 

Mes yeux.

Qui me brûlent. 

Mon papa.

Que je ne trouve plus, qui a fuit dès sa première blessure.

Et mes pouvoirs, qui ont aspirés la vie d'une bonne partie des personnes autour de moi. 

Il ne reste que moi. Petite chose au milieu des décombres. J'ai mal au bras, un désastreur m'a entraîné dans sa chute en tombant. Sinon rien d'autre, j'avais l'impression que les soldats qui sont venus avaient pour ordre de ne pas me tuer. 

~~~~

J'ai encore les yeux embués de larmes lorsque je me réveille avec une impression de déjà-vu. Je me frotte la tête, une grosse bosse due à ma chute s'étant formée. Le noir m'encercle comme un vieil ami et je me demande si je ne suis pas retournée en arrière, à l'époque où j'étais encore avec mon père... Je me pince pour être sûre que je ne rêve pas cette fois. Mieux vaut être sûre. Maman... Je te promets que je me battrais pour toi et mes amis.

- Cristal ! Cristal réveille toi je t'en prie... 

J'entends des sanglots étouffés et je me redresse doucement, ma tête me faisant un mal de chien. Petit à petit mes yeux s'habituent à l'obscurité et je distingue un corps à côté de moi, tourné dans ma direction. Je souris en essayant de ne pas penser à la douleur que cela me procure.

- Tu pleures pour moi p'tit chieur ?

J'esquisse un sourire amusé que Charles ne verra pas. Faire de l'humour, même nul, ça m'aide à me détendre. Je le vois bouger vers moi et d'un coup je sens des bras puissants m'encercler. Je me crispe légèrement sous le coup de la surprise. Wow...Euh on se calme là... Je n'étais pas prête, on peut recommencer ? 

Pourtant après un instant, je le serre maladroitement moi aussi. La pression qui se relâche on va dire. Je n'ai pourtant plus vraiment l'habitude des câlins. Depuis le temps. Surtout que les menottes ce n'est pas tip top pour les gestes tendres hein. Je suis tellement soulagée qu'il soit en vie...

Mais bizarrement avec lui ça me rappelle avant. Quand tout allait bien, quand je pensais que jamais je ne reviendrai en enfer... Tous simplement avant. Avant la mort d'André. Avant que mon père ne reprenne des forces et détruise tout sur son passage.

C'était bien avant finalement, quand j'y pense. Charles me coupe dans mes pensées en soupirant et remettant une de mes mèches de cheveux en place. Je me laisse faire, m'étonnant moi-même.

- Tu sais où on est Cristal ?

Malheureusement oui, je sais où on se trouve. Dans l'antre du démon, là où j'ai été retenue contre mon gré. J'hoche la tête avant de me souvenir qu'il ne me voit pas. Je soupire alors moi aussi et murmure, après avoir déglutit difficilement et en essayant de ne pas trembler :

- Oui je le sais parfaitement... Et j'aurais aimé ne jamais y retourner... 

Je devine qu'il hoche la tête dans le noir et je souris tristement. S'il savait à quel point cet endroit est dangereux... Il ne peut que le supposer avec tout ce que j'ai dû lui raconter, mais il ne peut pas vraiment connaître le maître de ces lieux. Ni aucune des personnes présentes avec nous lors du combat. Mais d'ailleurs, pourquoi sommes-nous dans une cellule ? Des centaines de questions se bousculent soudain dans ma tête. 

- J'ai été absente longtemps ? 

Je le sens qui prend mes mains et qui inspire un bon coup. Attends ce n'est pas si grave que ça ?!

- Plutôt oui. Ça fait 3 jours. Enfin à peu près, je n'ai pas vraiment la notion du temps dans cette foutue caverne... Cela fait 3 fois qu'ils nous ramènent à manger en tout cas.

J'écarquille grand les yeux. Mon dieu. En trois jours il a pu se passer tellement de choses... Comme... Non. Je ne veux pas y penser. Après tout, Morgor a besoin de Marianne. Peut-être même l'aime-t-il encore, comme l'étrange fille, ou plutôt ma mère ? L'a dit. Et Manu ? J'espère qu'il ne lui est rien arrivé. Mais après tout, il a aussi besoin de lui, et il sait que cela me détruirait qu'il meure sans annuler le sortilège qui nous lie. Et Ruby... J'espère de tout cœur qu'il n'ait pas fait le lien.

Et pourtant, je sentis au fond de mes tripes qu'il s'était passé quelque chose de grave, auquel cas je n'aurais pas été ici, à moisir dans une cellule avec Charles. J'aurais été à l'infirmerie du bunker, Manu a côté de moi, Marianne se préoccupant de ma santé, et Charles me titillant d'être tombée dans les pommes à un moment aussi important. Je prends mon courage à deux mains et pose la question qui me brûle les lèvres :

- Où sont passés les autres ? Marianne, Manu, Julien, Ruby...?

Je prie qu'il ne leur soit rien arrivés. J'ai beau faire la femme forte devant les autres, j'aime mes amis. Une fois qu'ils ont brisés ma carapace, il m'est impossible de m'en séparer. Et ils l'ont tous fait, d'une certaine manière.

Marianne en m'accueillant comme sa fille ; Manu en étant mon meilleur ami, coûte que coûte ; Julien en se battant inlassablement avec moi chaque jour et en osant plaisanter avec moi quand tout le monde m'évitait ; et Ruby... Je n'en sais encore rien.

Cependant, avant qu'il me réponde, une lumière transparaît un instant dans la cellule, et me laisse voir un bout de son visage. Aussitôt je hurle de terreur. Non pas parce que j'ai peur non. Mais plutôt à cause de l'état déplorable dans lequel est mon ami. Il ressemble à un désastreur avec ses plaies horribles. Et béantes. J'ai soudainement peur de le perdre. 

~~~~

Alors ? Que pensez vous du chapitre ? Les actions vont s'enchainer un peu plus vite à présent ;)


Entre Feu Et TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant