Entre Feu Et Terre

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Parfois la nuit, je me lève et vais à la fenêtre. J'imagine la vie des gens du village en bas. Leurs enfants jouent-ils avec du feu ? Détruisent-ils des villages à cause de leur fureur ? Je ne pense pas. Mais cela me rassure de me dire que leurs enfants font aussi des bêtises, et que ce n'est pas pour les miennes que André et Marianne me détesterais.

J'ai peut-être 13 ans, mais je me sens toujours comme un enfant qui apprend à vivre avec les autres. Je peux enfin toucher librement les autres, m'entraîner avec eux sans craindre de leur faire mal. Mon voile n'apparaît plus que lors de grosses colères désormais. Et je sais que je peux prendre le dessus sur lui. Je suis plus forte maintenant. Plus forte que le monstre.

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Je vois Marianne se faire transpercer le sourire aux lèvres et Manu se faire désagréger peu après. Je sens le voile autrefois familier apparaître au grand galop, tandis que les larmes jaillissent de mes yeux.

- Noooonnn ! 

Je me rends compte que c'est moi qui cris. Et que mes menottes sont ouvertes grâce à la bestiole. Je cours vers Morgor, tandis que Dimitri lui part vers Charles pour le protéger. J'enrage, je suffoque. Une violente douleur m'étreint le cœur quand je sens la moitié de moi-même partir. Marianne sourit et susurre, dans un dernier souffle :

- Je crois qu'elle n'a jamais été aussi furieuse contre toi Morgor non ? J'aurais aimé voir ça. 

Morgor fixe Marianne avec de grands yeux. Il doit se demander comment il a pu faire ça. Cela ne fait que m'enrager un peu plus. Je rattrape Marianne au vol, mon corps s'accélérant sans que je ne puisse rien contrôler. La machine à tuer est en marche et je m'en délecte. 

- Tu vas payer pour ce que tu as fait, papa. 

Je sens la peur dans son regard. Et pour la première fois de ma vie, je retourne dans ce voile avec délectation. J'attaque directement après avoir posé Marianne plus loin. Morgor ne peut pas beaucoup riposter, je bouge trop vite. 

Une droite, trop lent. 

Une boule de feu, trop facile. 

Une avalanche de coups, trop gentil. 

Je le sens qui retient soudainement ma main et me fait valser à travers la pièce. J'atterris un genou à terre et relève un regard meurtrier sur lui. Je me délecte de ses joues amochées, de son ventre brûlé.

- Arrête ! Arrête ça maintenant Cristal ! Je te rappelle que je suis ton maître ! Ton maître ! Stop ! 

Je ris doucement et secoue la tête, je lève mon poing droit, qui s'enflamme. 

- Mais voyons tu sais bien que tu n'as jamais été mon maître. 

Mon voile est différent aujourd'hui. Au lieu de lutter contre lui, je m'y épaule comme un vieil ami. Car c'est ce qu'il est maintenant. Un ami qui m'aide à me venger de tout ce que Morgor m'a fait subir, pendant des années. Je me précipite vers mon père qui m'esquive, ne m'attaquant pas. Je m'acharne sur lui jusqu'à lui brûler une partie de son visage, le faisant se reculer en grimaçant et criant. Je ris doucement. Ça fait tellement du bien de se venger.

- Tu vois, ça fait ça de se faire brûler le visage. Et encore, toi tu as fait quelque chose de vraiment mal. Moi je n'étais qu'une gamine. Et puis, tu m'as laissé une jolie cicatrice, je ne devrais pas m'en plaindre. 

Je lui dégaine un sourire carnassier tandis qu'il me lance un regard noir et qu'il se grandit pour paraître imposant. Je fronce les sourcils en me demandant ce qu'il compte faire, mon esprit carburant à plein régime. Il marmonne quelque chose dans sa barbe et j'essaye d'entendre ce qu'il dit. Le temps semble se suspendre quand je comprends qu'il récite une incantation. D'oubli. Non, il ne peut pas me forcer à oublier ! Pas me forcer à lui obéir encore une fois... 

Je pousse un cri de rage et l'attaque encore, cependant mes gestes semblent lourds, et mes yeux se ferment. Qu'est ce qui se passe...? C'est comme si ma force était coupée, et mon voile devient léger, presque transparent. 

- Ma puce, j'aurais aimé ne pas faire ça mais tu ne me laisses pas le choix. Je te promets que j'effacerais tous tes souvenirs après. Tu seras à nouveau à mon service. Le mien... 

Le regard de mon père est fou. J'ai l'impression de revivre le moment où il m'a brûlé le visage pour mon affront. Je sens mon souffle devenir irrégulier, j'ai l'impression de me noyer. J'essaye de respirer, en vain. Mon père bloque ma respiration. 

Je marche vers lui, un pas après l'autre, des étoiles dansant devant mes yeux. Je finis par trébucher à deux mètres de lui. Je murmure doucement : 

- Je ne serais jamais à ton service. 

Puis je m'effondre au sol en grognant. Ma tête tape durement contre la pierre dure et je grimace. Je sens que Morgor relâche le poids sur mon corps et je reprends douloureusement ma respiration, essayant d'avaler le plus d'air possible. J'ai mal. Je me tâte doucement. J'ai une blessure sévère au ventre, qui se résorbe rapidement grâce au voile et une égratignure à la tête. J'entends mon père qui approche de moi et qui me touche du bout du pied, pour me mettre dos au sol.

- Tu pensais que j'étais toujours faible n'est-ce pas ma puce ? Que ça allait être encore plus simple qu'il y a 15 ans ? Tu as peut être gagné 10 ans d'immortalité, mais ça ne te sers pas à grand-chose aujourd'hui. 

Il s'éloigne de moi, et je me relève. Je grimace de douleur mais reprends vite un visage neutre. Je dois y arriver. Pour Charles. Pour Marianne et Manu... Pour le royaume. 

Je ferme les yeux et me concentre, appelant mon ange gardien. J'entends presque aussitôt sa voix dans ma tête, comme elle me l'a promis.

_Le feu des dragons ma chérie, le feu des dragons seul peut le consumer. Il est né dans les flammes, il périra par les flammes. Ma petite fille, concentre toi pour ressentir la chaleur qui émane de ton cœur, et le brasier qui règne dans ton âme. Trouve l'équilibre entre feu et terre et devient un dragon._

Quand j'ouvre les yeux, je vois ceux effrayés de mon père, qui recule doucement. Je sais ce que je dois faire maintenant. Maman me soutient dans cette épreuve. Je grossis, grossis jusqu'à atteindre une taille gigantesque. Une taille de dragon. 

Et je souffle un puissant jet de flammes, consumant mon père jusqu'à la dernière petite cellule. Il ne fera plus de mal. Jamais. Mon cœur se serre bien que je sache qu'il soit fou. Il était mon père après tout. Je me retransforme en humaine et sombre dans de lointaines ténèbres. 

J'ai mal. Si mal. Ça serait simple de me laisser aller, là maintenant. Mais Charles a encore besoin de moi. Ruby à besoin de moi. Marianne et Manu ne doivent pas s'être sacrifiés pour rien. Le voile qui auparavant m'entravait, a fini par faire partie de moi. Il ne me suffit plus que de survivre maintenant. Mais je ne le fais pas pour moi, je le fais pour eux, et pour vous. 

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Allooorrrsss les moineaux ? 😏 Que pensez vous du combat final ? Pas trop décu ? Il ne reste plus que l'épilogue maintenant... 
Coeur sur vous 💕