J'ai eu le droit de voir maman après l'entrainement. Mais il va falloir qu'on me donne un autre entraîneur, parce que l'autre est cassé.
Maman n'a pas voulu s'approcher de moi à moins d'un mètre et j'ai pleuré toute les larmes de mon corps, déclenchant sans le vouloir l'éclatement des ampoules dans la pièce. J'ai entendu papa lui dire après que je sois partie :
- Jane... Notre fille n'est pas un monstre. Elle sera notre salut. Arrête de la voir comme un être abject. Elle ne peut pas te faire de mal en plus vu que tu n'es qu'une morte vivante et que c'est moi qui te tiens en vie.
Maman m'avait regardé, les yeux mouillés de larmes et j'avais préféré partir avant de savoir la suite. Maman ne m'aimait donc plus...? Etais-je vraiment le monstre dont elle avait peur ?
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Je cours à travers les couloirs en me sentant pousser des ailes. Pourtant un poids m'oppresse au plus profond de moi. Je devrais plutôt être heureuse que l'autre dégénéré parte enfin ! Mais non. Je crois que j'ai vraiment un problème. Je vérifie que Charles me suit –au cas où- et entre.
Je suis légèrement essoufflée de ma course et Charles n'est pas mieux que moi. Nous nous attirons quelques regards curieux et j'espère qu'il ne croit pas que je sors avec l'autre débile. Je cherche Marianne des yeux dans le grand salon pour échapper rapidement à leurs yeux observateurs.
Le grand salon, comme son nom l'indique, est très grand, avec des canapés disposés un peu au hasard, et chacun est occupé par au moins deux gardes du corps de Marianne. Cela fait un peu ridicule, étant donné qu'ils sont tous les uns sur les autres et j'esquisse un sourire amusé. C'est sûr qu'il faut au moins une vingtaine de ces incapables pour protéger la reine...
Je trouve Marianne rapidement. Après tout, d'elle émane une lueur difficile à rater. Je m'avance vers elle et m'incline légèrement mais respectueusement devant elle en soufflant doucement :
- Ma reine... Que nous vaut cet honneur ? Êtes-vous venue rechercher votre petit fils ?
Elle me sourit tendrement et baisse la tête avant de répondre d'une voix cristalline, remplissant la pièce toute entière :
- Bonjour ma petite. Je suis simplement venue prendre des nouvelles de mon petit fils. Cela va bientôt faire trois semaines que je te l'ai confié et j'espère que tu ne l'as pas encore réduit en miette ! Même si je ne doute pas que tu as du remplir ta tache à la perfection, comme d'habitude.
Puis elle éclate de rire, tandis que j'esquisse un petit sourire en hochant la tête, flattée de son compliment. Ce n'est que très peu souvent qu'elle en fait, et lorsqu'elle le fait, c'est sincère. De toute façon je vois mal Marianne mentir ! Cette femme est la bonté et la gentillesse incarnée, et mentir n'est pas dans sa nature. Charles s'approche de nous avec lenteur, puis souris à Marianne et la sert dans ses bras dans une courte étreinte. Je suis un peu envieuse de leur proximité, moi qui d'habitude n'aime pas les contacts.
- Salut Mamie ! Ça va ? J'ai entendu dire que ta garde avait perdu une bataille contre des dragons il y a trois semaines... Je suis content de te voir saine et sauve. Et moi en tout cas ça va hein elle m'a juste brûlé une côte rien de grave...
Marianne hausse les sourcils, surprise, et me couve d'un regard où se mélange fureur, colère et tristesse. Mais je ne me concentre pas sur son regard mais sur la chose que Charles a dite juste avant... Je lui ferais payer cette trahison plus tard. Chèrement.
- Charles...Comment as-tu su pour la bataille ? Elle était censée être confidentielle et presque personne n'était au courant... À part quelques gardes et nos enne...mis.
Je jette un regard entendu à Marianne, pensant à la même chose. Charles avait été emprisonné dans le corps d'un désastreur il y a trois semaines. Et je soupçonnais mon père d'avoir créé une alliance, ou une soumission des dragons. Confirmée par la réaction de surprise de Charles.
Ce qui veut dire qu'on est dans la merde... Parce que si mon père a réussi à renouer avec les dragons, c'est qui leur a promis quelque chose. Ou qu'il arrive désormais à les manipuler comme avant, ce qui prouverait qu'il est redevenu aussi puissant. Dans tous les cas, cela ne signifie rien de bon pour tout le monde.
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- Je veux que Manu lise dans ses pensées antérieures. Je compte sur toi Cristal.
Marianne m'a pris en aparté et je hoche la tête à son commandement. En fait pour certains, Marianne est intransigeante. Pour moi, elle essaye juste de remplacer son mari à la barre de son royaume. Elle y arrive plutôt bien, même si elle n'arrive pas à combler le vide de mon cœur. Elle permet au moins d'alléger un peu la souffrance que j'éprouve.
Je pense à lui. Toujours. À chaque fois que je vois Charles qui lui ressemble. Même si...
André... Pourquoi m'as-tu forcée à faire ça ? Je me pose cette question presque à chaque minute de ma vie... Et tu n'es pas là pour me répondre. Je t'en veux tellement pour ça tu sais.
J'hoche la tête à Marianne en murmurant un oui et retourne au salon en essayant de ne pas chanceler ni de trop penser à André. Marianne ne doit pas savoir que je pense encore à lui.
Je vais pour prendre Charles afin d'exécuter l'ordre de sa grand-mère, dans le salon et remarque qu'il est en train de discuter avec un garde du corps. Je m'approche et je remarque qu'il s'agit d'une fille. Tiens comme c'est étonnant venant de lui.
Je marche vers eux en maîtrisant ma fureur et tape sur le dos de Charles, enfonçant malencontreusement mes ongles dans sa peau. Il se retourne et hausse un sourcil.
- Charles plutôt que fricoter tu ferais mieux de me suivre. J'ai un truc à te dire.
Ma voix sort glaciale. Tant mieux Charles obéira plus facilement. La fille, aux étranges yeux et cheveux de couleur violets, se tourne vers moi avec un sourire.
Je lui lance un regard méchant, même si son regard est plein de bonté et son sourire sincère. Ce n'est pas sa faute mais je déteste que Marianne s'encombre d'autant de protecteurs alors que je pourrais être avec elle 24 heures sur 24. Quitte à ne plus jamais dormir. De toute façon j'ai une dette inestimable envers la famille royale. Elle m'a aidé à sortir de la nuit noire où j'étais depuis trop longtemps.
Bien sûr je ne suis peut-être pas infaillible, mais je préfère avoir le contrôle plutôt que laisser Marianne à des inconnus. Question de principe. Et d'orgueil.
La fille semble très heureuse d'être en ma présence, contrairement à moi et elle dit joyeusement en me tendant sa main :
- Bonjour tu dois être là très célèbre Cristal ?
Je lui sers la main et me force à grommeler un oui en fixant des mes yeux rouges ensorcelants la jeune fille. Je sais que cela dérange les gens quand je les fixe comme ça. La couleur de mes yeux apparemment. Ce n'est pas tout les jours qu'on croise un chasseur de feu. Ils ont presque disparu à vrai dire...
À cause de moi.
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Alors vos avis sur le chapitre ? Qu'est-ce qu'il va se passer après à votre avis ?
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Entre Feu Et Terre
FantasyForte ? Depuis toujours. Chasseuse ? Depuis toute petite. Obéissante ? Pas toujours. Tendre ? Parfois. Libre ? Jamais. Perdre ? Elle ne connait pas. L'amour ? Non plus. Mais ça ne saurait tarder... Six éléments. Le feu...