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En rentrant papa n'était pas content. J'ai dû aller dans ma chambre sans manger et Maman a dû aller le voir dans sa chambre. J'ai entendu des cris après ça et je me suis bouchée les oreilles. Pourtant les cris ne voulaient pas partir.

Je me lève quand je n'entends plus rien. Je marche dans les couloirs froids, que j'ai fini par connaitre, et m'arrête devant la chambre de papa.

- Papa ?

- Pars.

J'ouvre la porte et ne voit pas maman. Juste papa sur son bureau, dos à moi, et secoué de sanglots.

- Je t'ai dit de partir !

Je sens une force invisible me pousser brusquement contre le mur du couloir et claquer la porte. Ma tête heurte le mur dans un bruit sourd et je m'effondre dans le noir.

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Je cherche mon souffle pendant plusieurs minutes avant d'ouvrir doucement les yeux. Ouf. Heureusement que Manu n'a rien, sinon j'aurais été incapable de continuer le combat. Malheureusement, le fait que nous soyons liés par le sang a des désavantages, comme le fait de ressentir un profond vide lorsque l'autre est mal en point.

Mais c'est bizarre, je ne vois plus personne debout et n'entend plus aucun bruit de combats. Comme le calme avant la tempête. Marianne et Charles ne sont plus à portée de yeux et je me tourne dans tous les sens pour tenter de les apercevoir. Je me lève difficilement sur mes jambes flageolantes et pousse un petit cri.

Devant moi s'étend un vrai carnage. Des morts partout. Des squelettes de dragons partout. Des épées abandonnées partout. Du sang partout, sur tous les corps. La mort sur tous les visages...Et une petite fille seule dans son coin à pleurer. Cela me rappelle douloureusement mon enfance, lorsque mon père s'attaquait à ceux qui me protégeaient pour me récupérer.

Je me précipite vers la petite fille seule, ma fibre maternelle ressortissant d'un coup. Pauvre petite, avoir du subir ca ! J'espère que ses parents ne sont pas décédés... Cela me rappelle ma propre expérience de la guerre lorsque j'étais jeune, et mon cœur se comprime.

En m'avançant je remarque que son visage est caché par un rideau de cheveux bruns, car elle a posé sa tête entre ses genoux, sûrement pour pleurer ou cacher son visage du massacre. Je ressens de la peine pour cette petite qui n'a rien demandé pour voir ce massacre. Je m'accroupis vers elle et met ma main sur son épaule le plus doucement possible pour ne pas lui faire peur.

Et c'est là qu'elle me fixe, relevant la tête doucement. Son regard bleu acier me transperce et je déglutis difficilement. Cette petite fille... On dirait moi a son âge. La même expression de déni, ne voulant pas voir le massacre. La peur au fond des yeux. Le même front volontaire, les mêmes joues rondes. Elle se met à me parler d'un coup, comme ayant attendu ma présence pour parler.

- Dis tu sais où est ma maman ? Je l'ai perdu dans la bataille, et elle m'a dit de rester là...

Je secoue doucement la tête en regardant le champ de bataille. Tant de sang pour une enfant. Aucun enfant ne devrait à subir ça. C'est pour ça que je déteste autant mon père. Parce qu'il me l'a fait subir en pleine connaissance de cause. Et qu'il continue de le faire subir à d'autres enfants innocents en attaquant des villages avec ses désastreurs. Je parle d'une voix douce à la fillette et lui demande :

- Non désolé mais dit moi ou somme-nous ? Et comment t'appelles-tu ma petite ?

La jeune fille regarde partout autour d'elle une dernière fois, comme s'attendant à voir sa mère débarquer d'un coup, puis murmure comme une conspiratrice :

- Ne parle pas trop fort ou les méchants vont t'entendre...

Elle soupire et tapote la place à côté d'elle. Elle n'a pas répondu à ma question, tant pis. Quelle étrange fillette. Elle ne semble pas vraiment avoir peur, c'est comme si elle jouait la comédie devant moi. Je vérifie qu'effectivement, il n'y a personne et une fois fait je me laisse tomber à côté d'elle. En m'asseyant je sens une chaleur apaisante m'envahir, tandis que la petite fille commence à parler. Est-ce un sortilège ?

- Je m'appelle Jane. Et nous sommes dans mes souvenirs. Ce que tu vois, c'est ce qu'il s'est passé il y a quelques années, lorsque j'étais enfant. Les dragons et les humains se livraient alors une bataille sans merci... Sans pitié. Puis vient un homme, ou plutôt deux. Amoureux de la même femme. J'étais encore petite à l'époque mais je m'en souviens. L'un était blond et avaient de beaux yeux verts pommes. L'autre était brun aux yeux marron foncés. Je m'étais dit à cette époque que je voudrais bien me marier avec eux quand je serais plus grande. Seulement il y avait cette femme dont ils étaient tous les deux amoureux. Aux cheveux blonds platine et aux yeux bleus très clairs. Grâce à elle qui savait parler aux animaux, et au brun, la guerre contre les dragons prit fin. Seulement voilà, la fille choisit le blond, car celui-ci avait dit que c'était lui qui avait réglé la guerre. Le brun en est devenu si perturbé que le blond l'ai ainsi trahi qu'il mit un certain temps à l'accepter et finit par en devenir fou. S'il ne pouvait pas avoir cette fille, alors cet homme qu'il considérait avant comme son frère ne méritait pas de vivre avec elle.

Je fronce les sourcils et soupire à la petite fille. Son visage paraît beaucoup trop innocent pour ce qu'elle me raconte... Comme une histoire qu'on raconte aux enfants. C'est comme si nos rôles se sont inversés, c'est moi la fillette et elle la mère. Et elle me raconte cette histoire pour me distraire du spectacle macabre qui s'étend à perte de vue. Et puis, d'où sort-elle toute cette histoire ?

De plus sa ressemblance avec moi me perturbe beaucoup et le fait qu'elle est le même nom que ma mère morte ne me rassure pas beaucoup. Que mijote encore Morgor ? Est-ce un de ses tours pour me piéger ? M'empêcher de protéger Marianne en me distrayant avec cette fillette ? Je pose alors la question qui me brûle les lèvres depuis toute à l'heure :

- Quel rapport avec moi ?

La petite fille me sourit et répond d'un air malicieux.

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Comme d'hab qu'est ce que vous en pensez ?😊

Entre Feu Et TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant