- Vous n'appréciez pas ma surprise? demanda Béatrice.
- C'est juste... étonnant, répondit Michel qui ne savait pas quoi dire.Les expressions faciales des jumelles exprimaient toujours autant d'incompréhension. Mélissa essaya de se réveiller mais c'était impossible. Elle ne rêvait pas. Tout était réel.
Au bout d'un moment, l'électricien s'en alla discrètement, certainement gêné par ce qu'il venait de voir. D'ailleurs, il n'était pas le seul à être surpris du contenu des boîtes de verre rapportées par Mme Dupont.
- Je pensais que ça pouvait être une bonne idée, dit Béatrice en baissant les yeux.
La mère de famille tentait de cacher sa déception face aux réactions de son mari et de ses filles. Voyant la tristesse de sa femme, Michel se dirigea vers elle, en veillant tout de même à ne pas trop approcher les boîtes de verre qui se trouvaient à ses pieds. Il prit son épouse dans ses bras.
- Tu sais, Béatrice, je pense qu'on est surtout surpris, commença Michel. On ne s'attendait pas à ça... Mais c'est quand même une bonne idée.
- C'est vrai?
- Oui...Il contempla de nouveau les boîtes avec une pointe d'inquiétude. Chacune des deux gros cubes de verre contenait deux bestioles qui n'inspirait aucune confiance à Michel.
Les bêtes, noires comme la nuit, étaient dotées de huit pattes velues qui bougeaient lentement. Ces araignées ne seraient définitivement pas les amis de Michel. En plus, leur taille des plus impressionnantes les rendaient comparables à des monstres tout droit sortis de films d'horreur.
Voulant éloigner les bêtes velues de ses pensées, il se reconcentra sur son épouse et décida de changer de sujet de conversation. Un grand sourire aux lèvres, il affirma:
- Un des amis des filles organise une fête pour Halloween. J'aimerais avoir ton accord avant de leur donner une réponse définitive mais je pense que ça ne leur ferait pas trop de mal de se changer les esprits...
- C'est pas mal, mais... Elles n'ont pas de costume à porter! Comment on va faire pour trouver des costumes en moins de deux jours sachant qu'on est déjà en retard sur les travaux dans la maison? l'interrogea Béatrice, visiblement un peu inquiète.
- Tu sais, Béa, je pense pas qu'à leur âge Halloween rime encore avec déguisement de citrouille.Béatrice, à la fois un peu étonnée et amusée des propos de son mari, regarda ses filles. Elle cherchait une réponse, plus ou moins explicite, dans leur attitude. Les adolescents d'aujourd'hui étaient tellement différents de ceux de son époque qu'elle se sentait parfois dépassée, voire même désuette.
- Je ne pense pas qu'on ait besoin de costumes, la rassura Marina.
Béatrice gratifia alors sa fille d'un petit sourire. Cette réponse lui enlevait un poids, d'autant plus qu'elle n'avait aucun trou dans son emploi du temps pour courir les magasins à la recherche de costumes d'Halloween pour adolescentes. La rénovation du manoir leur prenait tellement de temps, trop de temps même...
Cela devait faire une éternité que toute la petite famille n'avait pas passé une journée entière ensemble, sans travailler, pour faire du shopping où aller au bowling. Ces petites sorties simples lui manquaient énormément. Enfin, c'était sûrement le prix à payer pour ouvrir des chambres d'hôtes et ainsi réaliser son rêve.
- Au fait, maman, vu que papa a retrouvé mon appareil photo, je pourrais peut-être aller faire le tour de la propriété et prendre quelques clichés au passage, demanda Marina.
- Bien sûr ma chérie mais, fais attention, nous n'avons pas encore totalement exploré les bois et je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose...
- Ne t'inquiète pas, je serai prudente, répondit Marina en esquissant un sourire qui persuada immédiatement ses parents.Connaissant sa passion pour la photographie, Michel n'hésita pas à tendre l'appareil à sa fille. Marina, qui n'avait pas senti la joie d'avoir son appareil photo entre les mains depuis des semaines, se saisit de l'objet et se dirigea immédiatement vers la porte d'entrée après avoir remercier ses parents.
Quand elle franchit la grande porte en bois massif, elle découvrit que la camionnette de l'électricien avait disparu. Elle serait donc seule, pour son plus grand bonheur.
Elle appréciait énormément les membres de sa famille mais elle ressentait assez fréquemment le besoin d'être seule. Sans personne pour la déranger ni même lui demander de l'aide.
En effet, même si la jeune femme aimait beaucoup aider les autres, devoir trouver des solutions à tous les problèmes de son entourage pouvait vite devenir pesant si bien qu'elle ressentait souvent la nécessité de se retrouver dans un environnement calme. Le bois qui entourait la propriété était parfait pour cela.
Les seuls bruits qu'elle pourrait y entendre seraient ceux des arbres balançant leurs branches sous l'effet du vent ou les doux chants des derniers oiseaux n'ayant pas encore fuit la fraicheur automnale.
Mélissa descendit les marches du perron et foula l'herbe. Ses pieds marchèrent bientôt sur quelques tapis de feuilles ayant déserté leurs arbres.
Elle adorait l'automne pour l'effet que cette saison produisait sur la nature. Pour Marina, les parterres de feuilles proposant une vaste palette de couleurs allant du jaune au rouge étaient bien plus intéressant à photographier que le vert quelconque de l'herbe. D'ailleurs la nudité des arbres lui avait aussi inspiré de nombreux clichés qu'elle avait exposés dans sa chambre.
Marina s'accroupit, ayant trouvé l'angle parfait pour faire une photo. Elle réglage son appareil de façon à prendre la meilleure image possible et appuya sur le bouton.
Elle se releva et regarda le résultat sur l'écran de l'appareil. Le cliché était magnifique, captant à la perfection la beauté et le calme de l'arbre qu'elle venait de photographier. Cependant, quelque chose attira son attention sur l'image.
Elle augmenta la taille de l'image. Il y avait un couteau dont la lame était tachée de rouge au pied de l'arbre. Surprise, Marina se rapprocha de l'arbre.
Elle avait beau regarder dans tous les sens, elle ne trouvait pas la lame. Pourtant, elle était bien sur la photo...
Soudain, un vent glacial souffla fort, attirant les longs cheveux châtains de Marina vers la forêt. La jeune fille tourna la tête pour remettre ses cheveux en place mais quelque chose attira son attention.
Il était là. La lame brillait comme pour appeler l'adolescente, lui demander de s'en saisir. Après quelques secondes d'hésitation, Marina suivit la direction du vent pour aller voir la lame.
Elle avança lentement en restant sur ses gardes. Le vent, toujours aussi fort, ramenait sans cesse ses cheveux vers son visage. Elle replaça une mèche et regarda devant elle. Le couteau avait de nouveau disparu.
Elle l'aperçu finalement encore quelques mètres plus loin. Marina décida de continuer à avancer en direction de la lame. À chaque pas, son cœur battait un peu plus vite, un peu plus fort.
Elle arriva au dernier emplacement où elle avait vu le couteau. Le vent redoubla d'intensité, renvoyant ses cheveux dans ses yeux. Aveuglée par sa chevelure, Marina replaça une fois de plus ses mèches rebelles derrière ses oreilles.
Quand elle regarda de nouveau au sol, le couteau avait une fois de plus disparu. Son rythme cardiaque s'accéléra un peu plus. Comment était-ce possible? Était-elle en train de rêver?
Soudain, quelque chose se posa sur son épaule, faisant sursauter la jeune fille. Son cœur battait la chamade quand elle se retourna.
Sa sœur se trouvait derrière elle. Marina relâcha immédiatement la pression qui c'était accumulée en elle.
- Papa et Maman m'ont demandé de venir te chercher, dit Mélissa. La météo annonce des vents très forts ce soir.
Marina suivit sa sœur silencieusement. Toutes les deux se dirigèrent vers le manoir où les attendaient Michel et Béatrice.
En sortant du bois, un objet brillant attira le regard de Marina. Une lame. Le couteau se trouvait de nouveau au pied de l'arbre.
À suivre...
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Halloween Game: Origines [Non Corrigé]
Mystery / ThrillerVictimes d'une tragédie, deux sœurs décident de se venger. Un an jours pour jours après le drame, le 31 octobre 2014, elles réunissent ceux qu'elles tiennent pour responsables de leur malheur pour une soirée des plus mortelles. Bienvenue dans la pre...