6. Des étrangers

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Lorsque je rentrai chez moi, cette nuit-là, le sommeil m'engourdissait au point que je ne réfléchis même pas au fait que Jordan m'attendait sûrement de pied ferme et que nous allions probablement nous disputer. Je n'aspirais qu'à une chose : me coucher et pouvoir dormir tranquillement. La journée du lendemain serait déjà bien assez longue et fatigante.

Je dus m'y reprendre à trois fois pour insérer ma clé dans la serrure de la porte, ce qui me fit jurer à de nombreuses reprises. L'appartement était plongé dans le noir et lorsque j'allumai la lumière du vestibule, la veste de mon copain accrochée à la patère me confirma qu'il était bel et bien rentré. Il devait même déjà dormir.

Ce fut donc avec précaution que je me glissai dans le lit conjugal, et tombai presque immédiatement dans un demi-sommeil hanté par les souvenirs de cette agréable soirée.

La dernière chose dont je me souvins avant de sombrer fut l'intensité du regard de Griezmann au moment de nous quitter.

**

Ma nuit avait été très agitée. Je n'avais eu de cesse de me tourner et de me retourner dans le lit, ne parvenant jamais à réellement trouver le sommeil malgré la fatigue qui me rongeait. Je n'arrêtais pas de penser à cette soirée, et je ne savais même pas pourquoi. J'avais conscience que je rêvais et que je ne dormais pas vraiment en même temps.

En me réveillant ce matin-là, j'avais un mal de tête épouvantable. Je me redressai dans mon lit en grimaçant alors que je sentais le battement du sang s'accentuer contre mes tempes. Jordan n'était plus là, et je m'en sentais faiblement soulagée. Je n'avais vraiment pas le courage de l'affronter maintenant.

Aussi, je décidai qu'il était temps de me lever, ne serait-ce que pour prendre un cachet avant de me préparer pour mon entraînement, qui était en fin de mâtinée. Après quoi je devrais rejoindre Clairefontaine et mes coéquipières de l'Equipe de France qui étaient déjà sur place, étant donné que nous avions un match amical contre le Brésil, ce vendredi soir.

Mais lorsque j'arrivai dans la cuisine, les yeux à moitié ouverts, je fus désagréablement surprise d'y trouver mon petit-ami en train de se préparer un café.

- Ben tu travailles pas ? lui demandai-je d'une voix rendue rauque par le sommeil.

- On est jeudi, se contenta-t-il de me répondre, sans me lancer le moindre regard.

Je mis quelques secondes pour comprendre que ça signifiait qu'il ne partait que dans l'après-midi.

- Ah oui, c'est vrai... Tu peux me passer un truc pour les maux de tête, s'il-te-plaît ?

Sans un mot, il ouvrit le placard et me tendit une boite. Je le remerciai avant d'en sortir une gélule, soucieuse de faire disparaître ce mal de tête qui, autrement, me resterait sans doute pour toute journée.

Je m'accoudai ensuite au comptoir en attendant que ça passe, laissant tomber mon front contre ma main, les yeux fermés, tandis que Jordan s'appuyait contre le plan de travail, sa tasse en main, face à moi.

Il me dardait du regard et je me sentis mal à l'aise.

- Alors ? finit-il par me demander d'une voix glaciale.

- Alors quoi ? répondis-je faiblement, sachant pourtant très bien de quoi il voulait parler.

- Fous-toi de ma gueule, Laëtitia, mais vas-y, continue.

- Ecoute, Jordan -

- NON ! Qu'est-ce que t'as foutu, putain de merde ?

Je grimaçai. Mon mal de tête s'était violemment accentué. Il était visiblement très remonté, et je commençais à réellement prendre la mesure de ce que j'avais fait et des conséquences que ça aurait.

Sous le maillot Bleu || GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant