31. Fuir

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31. Fuir

- Maintenant, explique-moi comment ça se fait que ton ex t'appelle comme ça, et ce qu'il voulait dire par « notre rendez-vous de la veille. » J'imagine que t'as une bonne explication ? ajouta-t-il.

Je tressaillis face à son regard glacial. Lui qui était toujours si chaleureux, semblait à ce moment-là totalement différent. Mon cœur battait très vite, et je ne savais pas où me mettre. Ce n'était pas comme ça que je voulais qu'il l'apprenne, j'étais prise au dépourvu.

- T'énerve pas...

- Je suis déjà énervé, Laëtitia ! Alors maintenant, explique-moi ce que c'est que ces conneries !

- Je l'ai revu hier, oui, avouai-je d'une petite voix en baissant la tête. Au commissariat, à cause de la plainte...

Je tordais mes doigts tremblant entre eux, au comble de la nervosité. Un rictus amer, qui sonnait comme un évidemment, j'aurais dû m'en douter, se dessina sur les lèvres d'Antoine, et il se détourna de moi comme si, soudainement, ma présence lui était devenue insupportable.

Il y eut un long moment d'un silence insoutenable, si épais qu'on aurait pu le couper au couteau, avant qu'il me regarde à nouveau.

- Depuis quand tu sais que tu dois le revoir ? demanda-t-il, toujours aussi froidement.

C'était la question que je ne voulais pas qu'il me pose, parce que la réponse résonnait comme la plus amère des trahisons, et j'avais peur de lui avouer depuis combien de temps je lui avais caché la vérité.

Mais il était trop tard pour avoir des remords, maintenant.

Mes yeux s'humidifièrent quand je me rendis compte d'à quel point j'avais été stupide de lui mentir. J'aurais dû lui en parler dès le début. Au lieu de ça, je m'étais laissée guider par la peur, et je n'avais pas pensé aux conséquences.

- Depuis quand ? insista-t-il durement face à mon silence.

- Depuis que je suis venue voir ton match..., soufflai-je en essuyant les larmes qui brouillaient ma vue d'un revers de la main.

- C'est une blague, putain.

Il commença à faire les cent pas dans l'entrée de la cuisine, visiblement furieux.

- Antoine...

- C'est une putain de blague !

Il plongea de nouveau son regard dans le mien, et ses yeux semblaient flamboyer de colère. Je n'étais même pas capable de le soutenir.

- Pourquoi tu m'as rien dit ?!

- J'ai voulu le faire, mais –

- Tu comptais me le dire quand ? demain ? dans trois ans ?

- Antoine –

- Ça me rend malade ! me coupa-t-il pour la énième fois. Putain, après tout ce que j'ai fait pour toi, je pensais que je méritais de savoir ce genre de choses, mais non ! Non, je suis toujours le dernier con au courant !

Jamais il ne m'avait crié dessus de la sorte, et je m'en sentais d'autant plus coupable. C'était de ma faute, si on en était là, en cet instant.

- J'ai voulu te le dire ! tentai-je en haussant la voix pour qu'il m'écoute enfin, j'ai voulu le faire mais j'en ai pas eu le temps, t'étais en colère et on s'est disputés, et–et j'étais perdue et je –

Sous le maillot Bleu || GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant