Sous le maillot Bleu || Griezmann

32. Contre-attaque

32. Contre-attaque

Il était quinze heures et c'était le moment pour nous de rentrer sur le terrain.

Cela faisait un peu plus de deux semaines que j'avais quitté Madrid, laissant Antoine aux préparatifs de la Ligue des Champions, pour les Huitièmes de Finale qu'il jouerait dans un peu plus d'une semaine, contre le Bayer Leverkusen.

Pour ma part, je jouais aujourd'hui la quatorzième journée du Championnat de France, au cours duquel nous allions affronter l'ASSE Saint-Etienne. Nous étions bien classées au niveau national, et nous devions tout faire pour conserver notre place étant donné que Lyon et Montpellier étaient des concurrentes redoutables.

C'est avec cette détermination que je rentrai sur le terrain, à la suite de mes coéquipières.

J'avais enfilé mon t-shirt floqué « 7 » surmonté de mon nom de famille avec fierté. J'éprouvais cette joie immense de fouler la pelouse verte qui s'étalait sous nos yeux, de retrouver le public qui n'attendait qu'une réponse de nous : la victoire, notre revanche. Il n'y avait absolument plus rien autour de moi, j'avais fait le vide. Tout me parvenait aux oreilles comme un bourdonnement vague.

Il n'y avait que ce ballon et moi.

- Balance ! criai-je à Laure, alors que j'étais dans le camp adverse, quarante minutes plus tard.

Je me reculai rapidement quand je me fus assurée qu'elle m'avait remarquée. Je n'avais aucun défenseur autour de moi, j'étais totalement démarquée. Mon cœur battait à vive allure. Nous étions presque à la fin de la première mi-temps et le score était de 1–0. C'était le moment de creuser l'écart.

Laure envoya le ballon dans ma direction en un long dégagement et je me mis à courir du plus vite que je pouvais, prenant les défenseurs de court puisque j'arrivais dans leur dos. Je réceptionnai le ballon avec une certaine maîtrise, complètement lancée dans ma course. Devant moi, plein axe, se dressaient les cages et la gardienne au milieu qui sautillait, essayant de prévoir où j'allais tirer.

Du coin de l'œil je vis arriver, sur mes deux côtés, les défenseurs qui se rapprochaient dangereusement, mais j'étais incapable de m'arrêter. Ils exécutèrent un tacle croisé redoutable que j'esquivai rapidement en dribblant et, d'un geste, j'effectuai un petit piqué du ballon, exactement comme j'aimais le faire et qui me permettrait de tromper la gardienne avec certitude.

Lancée dans ma course, je continuai de courir pour voir si ça rentrait et d'un seul coup, tout me parvint aux oreilles : les hurlements de joie de la foule, ceux de mes coéquipières... j'avais marqué ! L'équipe prenait l'avantage sur ce match !

L'euphorie en moi était à son comble et pour célébrer mon but, je me laissai glisser à terre, sur les genoux avant de tendre les bras face à moi, hurlant à plein poumons. Très vite, mes coéquipières me rejoignirent, m'étreignant, me criant dans les oreilles des choses que je ne comprenais même pas ! Quand elles me laissèrent me relever, je courus vers Laure, qui m'avait fait cette passe décisive et l'étreignis fortement.

- Félicitations, Laëti ! hurla-t-elle tout en me rendant mon étreinte.

Je ne pouvais même pas lui répondre tant j'étais euphorique ! La foule autour de moi était en pleine exaltation ; même si les gradins n'étaient pas aussi remplis que lors d'un match d'une équipe masculine, les supporters n'en restaient pas moins bruyants et galvanisés – et puis il fallait dire que les Ultras parisiens ne manquaient jamais une occasion de faire la fête.

Cette après-midi-là, j'inscrivis un doublé, un des premiers de ma carrière, nous permettant d'écraser Saint-Etienne, 4–0.

Lorsque le coup de sifflet final retentit, tout le banc de touche se leva d'un bond pour rejoindre le terrain et l'équipe se réunit. Toutes mes coéquipières souriaient, et moi je me sentais à la fois euphorique et épuisée. J'avais joué tout le match durant, et je m'étais littéralement donnée à fond.