2. Numéros 7

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- Je suis rentrée ! m'exclamai-je en claquant la porte d'entrée avec mon pied, mon sac de sport ainsi que les sacs de courses m'encombrant les bras.

Aucune réponse ne me parvint mais je ne dis rien pour le moment. J'avais l'habitude, mais ça ne m'enchantait pas pour autant. Posant ma charge sur le comptoir qui séparait la cuisine du salon et de l'entrée, je levai brièvement les yeux au ciel. Ça commençait clairement à me soûler.

- Bonjour, oui je vais bien, et toi ? fis-je, ironique, en me tournant vers le canapé qui était dos à moi, face à la télévision que Jordan regardait sans me prêter attention.

- T'étais où ? demanda-t-il simplement.

Je soupirai d'agacement et me dirigeai vers la cuisine où je commençai à ranger les quelques courses que j'avais faites, essayant de faire abstraction du bruit de la télévision qui hurlait dans mon dos.

Soudain, alors que je mettais un peu d'ordre sur le plan de travail, je sentis une présence dans mon dos et me retournai, me retrouvant face à Jordan.

- Tu m'as pas répondu, dit-il. T'étais où ?

- A l'entraînement, comme tous les jours, répondis-je en haussant les sourcils, comme si c'était évident - et ça l'était.

- Ah ouais, tes foutus entraînements, marmonna-t-il en se tournant vers un des placards pour attraper un verre.

- Non mais qu'est-ce que t'as ? finis-je par demander en le regardant, un peu incrédule.

Il ne me répondit pas, d'abord, et je restai interdite. Ces derniers temps, avec Jordan, j'avais l'impression de parler à un mur. Il était imperturbable, et ça me fatiguait.

- Jordan, j'te parle.

- Mais tu comprends rien, Laëtitia, alors pourquoi je te parlerais ? répondit-il en se tournant subitement vers moi, ses traits déformés par la colère.

- Comment ça je comprends rien ? m'offusquai-je. Tu me dis rien, j'ai rien à comprendre ! C'est pas en restant toute la soirée sur le canapé à faire la gueule qu'on va arranger les choses.

- Ça me gonfle, tout ça, tous ces entraînements, tu pars presque toute la journée, tu rentres tard, on se voit jamais ! Quand je suis libre, le week-end, t'es pas là, tu fais tes putains de matches !

- Tu savais que ça se passerait comme ça, avant qu'on emménage ensemble.

Je secouai la tête, incrédule. Je n'arrivais pas à croire qu'il puisse me reprocher ça, alors qu'il disait avoir conscience de ce à quoi il s'engageait. Et il exagérait beaucoup aussi, sachant que je n'avais jamais d'entraînement toute la journée.

- Je croyais savoir, rétorqua-t-il en me toisant, ses beaux yeux sombres flamboyant.

Nous restâmes ainsi à nous regarder pendant quelques secondes. Je ne savais pas quoi répondre à ça. J'avais l'impression que nous avions eu des milliers de disputes à ce sujet, et ça n'avait jamais mené à rien.

- Jordan..., finis-je par murmurer, brisant le silence pesant qui s'était installé entre nous. Le foot c'est mon métier, c'est ma passion. Je peux pas arrêter ça. Tu peux pas me demander un truc pareil.

- Je t'ai jamais rien demandé de tel, Laëtitia. Mais tu vois, tout ça, ces entraînements, ces matches, j'en peux plus. Je sature.

Il se tenait face à moi, imposant, son regard planté dans le mien. Je ne savais pas comment désamorcer la situation.

Sous le maillot Bleu || GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant