24. Regrets

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24. Regrets

Je faisais la queue derrière quelques personnes, près des portiques, quand mon téléphone vibra dans ma poche. Je n'avais même pas envie de regarder, parce que j'avais peur de voir qui c'était, j'avais peur que ça soit Antoine.

C'était stupide, parce que l'envie de l'entendre était presque aussi forte que celle de laisser sonner dans le vide.

A force de tergiverser, je manquai finalement l'appel et soupirai. Je sortis mon portable de la poche de mon jean : c'était Antoine, comme je m'en étais douté. Mon cœur rata un battement ; parce que j'étais en colère contre lui, mais aussi immensément soulagée de voir qu'il essayait finalement de me joindre.

J'avançai un peu plus dans la queue mais son appel me fit hésiter un instant. Mon regard oscilla entre les portiques où se tenaient des hommes en tenues policières, et mon téléphone, qui se teinta soudainement de vert pour me signaler un nouvel appel. Antoine.

Soufflant pour me calmer, parce que cela réveillait en moi une certaine angoisse, je finis par décrocher avant qu'il ne tombe encore sur le répondeur. Cependant, une fois mon portable contre mon oreille, je fus incapable de prononcer le moindre mot.

- Laëtitia ? finit par demander sa voix légèrement étouffée.

- Oui...

- J'ai cru que t'allais jamais me répondre..., souffla-t-il, comme soulagé, et je sentais qu'il n'était pas très assuré.

- Je voulais pas répondre, au départ...

J'avais conscience de ne pas arranger les choses en disant cela, mais c'était plus fort que moi. J'étais encore en colère contre lui et ce n'était pas parce qu'il se décidait enfin à m'appeler que j'allais tout oublier.

Je m'étais reculée jusqu'à revenir dans la salle d'attente. J'avais un peu de temps avant que l'avion ne décolle.

- Pourquoi ? demanda-t-il, et sa voix se brisa légèrement sur la fin de sa question.

Mon cœur se serra en l'entendant. Je ne m'étais pas attendue à ce qu'il soit si mal. Je pensais surtout qu'il allait me reprocher d'être partie, d'avoir fui la dispute, mais il n'en faisait rien.

Ma colère s'évapora en quelques secondes, laissant place à de l'inquiétude. Je me rendis compte que j'avais peut-être agi sur un coup de tête et qu'il avait peut-être eu d'autres soucis. Je me sentis bête.

- Antoine...

- Où tu es ? continua-t-il d'une toute petite voix éraillée, comme s'il se retenait de pleurer. Je... je sais qu'il est tard, et que je suis vraiment un gros con, tu sais, mais je suis allé à l'hôtel, et à l'accueil ils m'ont dit que t'étais partie... dis-moi où tu es, s'il-te-plait, je veux vraiment qu'on discute, je veux m'excuser et–

- Mais Antoine, il est presque une heure du matin, là, répondis-je doucement.

Je culpabilisais réellement. Il avait l'air au plus mal et je ne l'avais jamais vu – entendu – aussi bouleversé. La seule chose que je voulais, désormais, c'était qu'il se calme, car l'entendre comme ça me faisait mal.

- Je sais, je sais et je suis vraiment désolé, mais on peut pas rester comme ça, je... s'il-te-plait, je veux juste te voir quelques minutes...

- Calme-toi, dis-je d'une voix plus douce, sans tenir compte de ce qu'il disait.

Je l'entendais respirer rapidement. Je n'osais même pas lui avouer où je me trouvais, de peur d'aggraver son état, parce qu'il n'avait pas l'air d'avoir contacté Kevin, qui lui aurait dit où j'étais.

Sous le maillot Bleu || GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant