Sous le maillot Bleu || Griezmann

10. Hors-jeu

10. Hors-jeu

Je ne sais combien de temps nous restâmes ainsi allongés. Le film s'était fini et nous avions laissé défiler le générique, peu soucieux de ce qui nous entourait. Je sentais qu'il fallait que je me défasse de son étreinte, consciente que je n'aurais pas dû être aussi proche de lui alors que j'étais en couple, mais il n'avait pas l'air très décidé à bouger.

A contrecœur, j'exerçai une pression sur son torse pour me redresser et son bras me relâcha. Il esquissa une légère moue contrariée et je lui souris.

-  Merci pour le film, j'ai passé un bon moment, lui dis-je finalement, alors que nous nous étions tous les deux assis en tailleur sur le lit.

- De rien, ça m'a fait plaisir de passer du temps avec toi.

La chambre était encore plongée dans l'obscurité et conférait à la scène une sorte d'ambiance bizarre, étouffée. J'avais la conscience de tous les sons... du froissement de nos vêtements sur les draps, des portes qui claquaient dans les étages et même de nos respirations calmes.

Il se pencha soudainement vers moi et embrassa ma joue avant de se lever. Bref, mais appréciable. Et suffisant pour me faire rougir.

- On se voit plus tard ! me lança-t-il avant se s'éclipser.

Je soufflai longuement et me laissai tomber sur le lit. Ça avait été un moment tout en tensions, pour moi, et paradoxalement, j'avais adoré ça. J'aimais être proche de lui, et je me rendis compte que je m'étais très vite attachée au numéro 7, bien malgré moi.

Je restai de longues minutes de cette manière, affalée dans mon lit et le regard rivé sur le plafond d'un blanc immaculé, avant de me décider à bouger. Il n'était pas encore l'heure du repas, le soleil se couchait presque et c'était sûrement une bonne idée d'aller me baigner. Laure m'avait fait découvrir une des piscines intérieures que cachait Clairefontaine, lorsque nous visitions les lieux, et je me dis qu'un bain ne me ferait sans doute pas de mal et me détendrait.

Sans plus attendre, j'attrapai un des maillots de bain fournis par la Fédération et l'enfilai sous mes vêtements avant de me diriger vers le bâtiment où se trouvaient tout ce qui avait un rapport avec l'entraînement physique des sportifs, une serviette sous le bras.

La pièce n'était pas aussi grande qu'on aurait pu l'imaginer mais elle l'était assez pour pouvoir en profiter. Il n'y avait personne. Le sol était carrelé, et des baies vitrées immenses agrandissaient l'espace, donnant vue sur l'extérieur. La lumière orangée du soleil les traversait et conférait à l'endroit une ambiance apaisante.

Je fis glisser mes vêtements sur le sol puis les déposai sur le transat le plus proche. C'est quand je fus en maillot de bain que la porte claqua derrière moi et je sursautai en me retournant.

- Antoine ?! m'exclamai-je en écarquillant les yeux.

Il avait l'air tout aussi surpris de me voir ici.

- On a visiblement eu la même idée, ricana-t-il avant de se déshabiller à son tour juste à côté de moi, et je pouvais être à peu près sûre que j'étais devenue écarlate.

J'hochai rapidement la tête, encore étonnée de sa présence ici et à la fois un peu agacée. Je voulais me détendre, pas le contraire...

Il entra rapidement dans l'eau et commença à faire quelques brasses. Pour ma part, j'étais restée figée près de la piscine, gênée par sa présence.

- Allez, viens, Laëti ! m'encouragea Antoine en s'approchant du bord.

Ses cheveux mouillés lui tombaient sur le front, lui donnant des allures de gamin, ce qui me fit sourire.