27. Au bord du vide

5K 256 321
                                    

27. Au bord du vide

- Ça va, Laëti ? me demanda Laure en se penchant vers moi.

J'hochai rapidement la tête sans la regarder.

Je m'étais rendue à mon entrainement presque tout de suite après que Jordan soit parti, dans un état second. J'avais besoin de me changer les idées et d'oublier ce qui venait de se passer, et il n'y avait jamais rien eu de mieux que le football pour cela.

Mais aujourd'hui c'était différent. Après les échauffements et les étirements, nous avions centré l'entraînement sur des exercices de vitesse puis de finition, et j'étais tout sauf appliquée. Si je n'étais pas la plus rapide de l'équipe, je faisais cependant partie des plus agiles.

Et j'avais manqué tous mes buts.

Je passai une main sur mon front en soupirant. Patrice me criait dessus depuis dix minutes et je me sentais perdre le contrôle. J'étais nauséeuse et apathique.

- TREVIS MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUS AUJOURD'HUI ? hurla-t-il depuis l'autre côté du terrain d'où il nous observait.

Je me relevai rapidement après avoir glissé en manquant mon contrôle, puis retournai près de mes coéquipières. Eve fronça les sourcils et s'approcha de moi, accompagnée de Laure.

- Hé, t'es sûre que tout va bien, là ?

- Ouais, ouais... j'ai pas bien dormi cette nuit, mentis-je.

Eve pressa mon épaule avec un air compatissant avant de s'élancer à nouveau vers le ballon, mais Laure resta près de moi.

- Tu veux me raconter ?

- Y a rien à raconter, éludai-je sans la regarder.

- Arrête, je vois bien que y a un truc qui va pas, là. T'es pas du tout avec nous.

Elle avait raison, j'étais à des années lumières d'ici. J'étais encore avec Jordan au commissariat.

- J'ai pas envie d'en parler, répondis-je en secouant la tête pour me remettre les idées en place.

Il fallait que j'oublie. Je devais oublier ce qui s'était passé.

Laure soupira avant de me laisser à son tour. Mais je n'arrivais même pas à m'en vouloir, je n'arrivais pas à ressentir quoi que ce soit.

- Oh, Laëtitia, m'interpela Patrice d'une voix brusque en apparaissant soudainement devant moi.

Je revins à moi et me rendis compte que j'étais restée figée sur le terrain pendant quelques secondes.

- Désolée, coach.

- Je veux pas que tu t'excuses, Trevis, je veux que tu sortes, répondit-il d'une voix ferme.

- Mais je...

- Tu sors, insista-t-il en me fixant d'un air dur. T'es pas avec nous, t'as rien à faire ici. Prends deux jours pour te reposer, je veux pas te voir ici, compris ?

J'hochai la tête et ne me le fis pas dire une nouvelle fois, tournant les talons pour récupérer mon sac de sport dans les vestiaires. J'avais de nouveau envie de pleurer. Je ne m'étais jamais fait virer du terrain, et il avait fallu que ça arrive aujourd'hui.

Soufflant longuement, je m'assis sur le banc des vestiaires alors que j'enlevais mes crampons ainsi que mes protections. Chaussettes baissées, j'observai mes jambes dénudées et un frisson de dégoût me parcourut.

Sous le maillot Bleu || GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant