29. Elle criait "non"

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29. Elle criait « non »

Je ne savais pas depuis combien de temps je m'étais enfermée dans cette salle de bain, mais j'étais certaine d'une chose : je n'étais pas prête d'en sortir. C'était totalement irrationnel et j'en étais consciente, mais dès que j'essayais de me redresser et d'ouvrir la porte, une peur incontrôlable s'agrippait à mon estomac et m'empêchait de continuer.

Je ne voulais pas voir Antoine.

Ce qui venait de se passer entre nous n'était pas une première, mais je n'arrivais plus à y faire face. Le sentir me toucher de cette manière, sentir qu'il en avait envie, lui aussi, m'avait terrifiée. Je n'aurais pas dû me sentir aussi mal à l'aise face à lui, je n'aurais pas dû répugner son toucher.

J'avais peur de l'avoir blessé en le repoussant, et dans le même temps, je savais que j'avais bien fait. Je n'aurais pas supporté qu'il continue.

- Laëtitia ?

Sa voix, juste derrière la porte, me fit sursauter légèrement. Une fois la surprise passée, je laissai retomber ma tête contre le bois et fermai les yeux.

- Hé, ça va ? insista-t-il, en constatant que je ne répondais pas.

Mais je me sentais incapable de parler.

A dire vrai, ma réaction était stupide. La seule raison pour laquelle je refusais de sortir de cette pièce était que je refusais de l'affronter. J'avais peur d'être de nouveau confrontée à la même situation et de ne pas réussir à dire non, cette fois.

Et j'avais peur de devoir tout lui expliquer.

Il appuya sur la poignée de la porte après avoir toqué, mais la trouva bien sûr verrouillée. Il y eut un long moment de silence, pendant lesquelles il se demanda sans doute ce qu'il devait faire, avant qu'il ne dise :

- Laëtitia, sérieusement, là, si tu me réponds pas, j'enfonce la porte, je déconne pas.

Mes genoux ramenés contre ma poitrine, mes mains se crispèrent sur mon crâne et je me recroquevillai davantage. Comme si, de cette manière, je pouvais simplement... disparaître.

Je me sentais tellement petite, dans ce vaste monde, et dans le même temps, tellement grande... pleine de toutes ces atrocités qui me rongeaient l'estomac, de ces petites terreurs qui parfois devenaient si incontrôlables que j'avais juste envie d'en finir.

Je voulais disparaître. Disparaître dans cette immensité, me fondre dans le plus petit des espaces pour qu'on ne me retrouve jamais. Pour ne plus rien ressentir.

- Bon, j'ouvre, hein, prévint Antoine, derrière la porte.

Et ça me sortit soudainement de ma torpeur. J'ouvris les yeux d'un seul coup et répondis, un peu paniquée à l'idée qu'il le fasse vraiment :

- Non, Antoine, s'il-te-plaît, attends !

Je l'entendis soupirer légèrement et le froissement de ses vêtements que j'entendis contre la porte me fit penser qu'il avait dû se laisser glisser de l'autre côté.

- Pourquoi tu veux pas me laisser entrer ? demanda-t-il doucement, et sa voix, si proche bien qu'un peu étouffée, confirma mes pensées.

- J-j'en sais rien, tu vois, je... c'est complètement stupide, d'accord ?

Je me sentais ridicule de le mettre dans une telle position. Qu'est-ce que je foutais, assise par terre derrière une porte, à refuser de le laisser entrer ?

A avoir peur de lui ?

- Dis pas ça, répondit-il fermement. Je veux juste que tu m'expliques ce qui va pas, et me dis pas que tu vas bien, parce que je te croirai pas.

Sous le maillot Bleu || GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant