18. Insécurités

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18. Insécurités

Antoine ne dit rien tout le long du trajet, et on n'entendait que le ronronnement de la voiture et mes reniflements disgracieux, mais je le voyais me jeter des petits regards inquiets de temps en temps.

Le fait de le savoir près de moi, juste là, m'aidait à me sentir un peu mieux. Il faisait chaud, dans l'habitacle, et j'acceptais ce réconfort avec soulagement. J'étais loin de ce malade.

J'essayais de sécher les larmes qui me coulaient encore sur les joues et m'irritaient les yeux, tremblant encore ; de terreur rétrospective, de froid et finalement, de soulagement.

Je me sentais incapable de parler. Cette soirée était surréelle.

Ce fut avec bonheur et un infini soulagement que je m'assis sur le grand lit moelleux de la chambre d'Antoine. Arrivés sur le parking, il m'avait aidée à marcher, encore une fois, mais n'avait pas posé davantage de questions. J'étais beaucoup trop concentrée sur le fait de me retenir de pleurer qu'autre chose.

Fatiguée, je me frottai les yeux, assise sur la couverture du lit d'Antoine tandis que lui s'occupait de fouiller dans sa valise à la recherche de je-ne-sais-quoi.

- Tiens, dit-il finalement en revenant vers moi et en me tendant des vêtements à lui. Tu... tu vas réussir à te changer ?

J'hochai doucement la tête et pris ce qu'il me donnait avant de me diriger vers la salle de bain. Avec des gestes lents – je me sentais totalement apathique – je me déshabillai, ne gardant que mon sous-vêtement, avant d'enfiler le t-shirt blanc large ainsi que le short de sport qu'il m'avait prêtés.

Quand je sortis, je trouvai Antoine assis sur le lit, à la même place que j'avais occupé quelques instants plus tôt. Il avait l'air aussi crevé que moi et je m'en voulus pour ça.

C'était irrationnel.

- Merci de... d'être venu me chercher, murmurai-je d'une voix désolée.

Les traits de son visage s'affaissèrent en une expression inquiète et triste. Ses beaux yeux bleus, cernés de rouge, me fixaient avec une espèce de détresse profonde que je ne parvenais pas à comprendre.

- Qu'est-ce qui s'est passé, Laëti ? demanda-t-il doucement.

Je n'esquissai pas le moindre geste. J'avais envie d'oublier cette soirée catastrophique. Mais ses mots réveillèrent en moi la souffrance qui, l'espace de quelques minutes, s'était assoupie, et j'agrippai mes avant-bras, comme pour me réconforter, avant d'essuyer mon visage à nouveau humide.

- Il... on s'est juste disputé, encore une fois...

Je ne pouvais pas lui dire à quel point j'avais été terrifiée à l'idée qu'il me fasse du mal. Combien je m'étais sentie humiliée, à sa merci.

- Me prends pas pour un con. Je vois bien dans quel état tu es, répondit-il doucement. Tu m'aurais pas appelé juste pour ça.

Je ne pouvais pas le regarder davantage, j'avais tellement honte. Je me sentais coupable de lui avoir téléphoné après tout ce que je lui avais fait ces deux derniers mois. Je ne méritais pas qu'il soit à mes côtés.

Il se leva soudainement et se rapprocha de moi pour me prendre dans ses bras, dans lesquels je plongeai avec gratitude. Ses bras s'enroulèrent autour de moi et je sentais sa chaleur contre la mienne, son menton s'était posé sur mon crâne et j'étais bien. En sécurité. Et c'était la meilleure sensation du monde.

Il me berça pendant quelques temps, ma tête s'était nichée contre son épaule, et je me laissais réconforter par sa fragrance.

Antoine finit par se détacher de moi pour me regarder, me tenant doucement par les bras, puis ses yeux se posèrent sur ceux-ci et je vis son regard s'assombrir.

Sous le maillot Bleu || GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant