Chapitre 2

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Chapitre 2

Ernesto avait décidé de se remettre au sport. Il profiterait du séjour déjà planifié en Sardaigne pour faire un peu de randonnée. Pourtant, il aurait préféré bronzer tranquillement sur la plage, mais Kate lui avait dit, alors qu'il finissait sans complexe une tablette de chocolat :

- À ce rythme-là, tu vas devenir rond et gras comme un œuf de Pâques.

- J'adore Pâques. Je serais ton petit lapin, avait-il plaisanté.

Kate avait haussé un sourcil sévère.

- Les lapins, je ne les aime qu'en civet.

Ernesto aimait le vin rouge, mais pas au point de finir mariner dedans. Il avait donc accepté, à contrecœur, de « se bouger ».

Voilà comment il avait fini dans un magasin de sport du nord de Naples, sur la Via Arenaccia. Il avait acheté des baskets, qu'un petit jeune en survêtement lui avait conseillées. Maintenant qu'il rentrait à Torre del Greco, où il habitait, Ernesto trouvait qu'elles étaient peut-être un peu trop voyantes, avec leurs bandes jaunes fluo sur le côté.

- Dis-moi, le môme, lança-t-il à Juan qui jouait à la console de jeu, tu trouves que ce vendeur s'est moqué de moi ?

Il agita sa paire de baskets, et Juan éclata de rire.

- Non, non. Elles sont biens. Mais la prochaine fois, je t'accompagne.

- Maudit soit ceux qui profitent de la crédulité des vieux !

- Tu n'es pas vieux, Ness. Est-ce que je peux aller jouer au foot avec Gianni, dehors ?

- Va, gamin. Il fait beau.

Ernesto se demandait s'il ne devait pas rendre ses chaussures ridicules au magasin quand Kate rentra et fut prise d'un beau fou rire en les voyant.

- Jaune fluo, vraiment ? Il n'y en avait pas des grises, ou des blanches ?

Ernesto haussa les épaules, agacé, et s'apprêtait à répliquer quand on frappa à la porte. Il alla ouvrir. C'était un grand homme très brun, au teint mat, qui parla en espagnol :

- Je cherche mon fils, Juan.

- Oh, vous êtes son père, Miguel, c'est ça ? Ravi de vous rencontrer.

Ernesto lui tendit une main cordiale que Miguel considéra sans la prendre.

- Où est mon fils ?

- Il joue dehors avec un copain.

- Allez le chercher, et dîtes lui qu'il est tant qu'il rentre à la maison avec moi.

- C'est ici, sa maison ! intervint Kate qui avait suivi tant bien que mal la conversation.

- Non. Je l'avais laissé à la Pension, mais quand j'y suis allé, elle était fermée. Définitivement, soi-disant, et on ne m'avait même pas prévenu ! J'ai fait des pieds et des mains pour retrouver mon propre fils, alors allez le chercher maintenant !

- Alors là, mon bon monsieur, vous êtes culotté ! Vous abandonnez Juanito pendant des années, et vous prétendez l'arracher à sa vie ici sur un coup de tête ?

- Ce n'est pas un coup de tête, madame. C'est mon fils, il est encore mineur et je décide s'il reste ou s'il rentre. Et je pense qu'il a assez vécu avec vous. Sa place, maintenant, est à Madrid. Je lui ai déjà trouvé une très bonne école.

- Juan ne voudra pas nous quitter, ni l'Italie ni nous !

- Je suis son père, et il me suivra. De toute façon, il n'aura pas le choix.

La Villa Gialla : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant