Chapitre 4

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Chapitre 4

Ernesto ne savait plus quoi faire. Depuis le départ de Juan, Kate n'était plus que l'ombre d'elle-même, et dès qu'il tentait une blague ou une proposition de sortie, elle lui lançait un regard à faire fuir une meute de loups affamés.

Le voyage en Sardaigne était annulé, et il n'y avait aucune nouvelle en provenance de Madrid. Kate passait ses journées à l'église, ou enfermée dans sa chambre. Ernesto tournait en rond dans la maison, en cherchant une solution. Ah, si nous avions l'âge, je lui en ferais autant qu'elle veut, des gosses !

Un soir qu'il mangeait des raviolis dans la cuisine, seul, le téléphone déchira le silence comme une trompette en pleine veillée funèbre. Ernesto se leva et se traîna jusqu'à l'appareil.

- Allo ? lâcha-t-il.

- Hugh Brady. Je voudrais parler à ma mère.

Cette voix bourrue et ce nom fit froncer les sourcils à Ernesto. Il connaissait Hugh de réputation, et il savait qu'il avait déjà levé la main sur Kate.

- Qu'est-ce que vous lui voulez ?

- Écoutez, je ne sais pas qui vous êtes, et ça ne vous regarde pas.

- Votre mère n'a pas envie de vous parler, mon gars.

- Passe-le-moi, Ness.

Kate était apparue à côté de lui, pâle et digne dans une chemise de nuit grise, petit fantôme triste aux cheveux roux. Sans discuter, Ernesto lui passa le combiné, mais resta prudemment près d'elle. En tendant l'oreille, il put entendre la conversation.

- Tu es grand-mère, annonça Hugh. Abigail vient d'accoucher, et c'est un garçon. Mais elle est malade et elle ne peut pas s'occuper de lui. Il faut que tu viennes.

- Un bébé ! murmura Kate.

Elle reprit subitement des couleurs. Ernesto sursauta.

- Bien sûr, que je viens. Tu es toujours à Letterkenny ?

- Ouais. Bon, je t'attends.

Et Hugh raccrocha. Kate se tourna vers Ernesto, et ce qui ressemblait à un sourire s'épanouit sur ses lèvres.

- Je suis grand-mère !

- C'est chouette, Katie. Mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée d'aller en Irlande...

- Pourquoi ?

- Eh bien, Hugh...enfin, tu sais. Il pourrait te faire du mal.

- C'est mon fils, et là, il est, en plus, question de mon petit-fils.

Ernesto se passa une main dans les cheveux et soupira.

- Et moi ? demanda-t-il.

Kate croisa les bras et le fusilla du regard.

- Tu me demandes de choisir, Ernesto Mensueda ?

- Non, non, mais...

- J'irai en Irlande, que tu le veuilles ou non. De toute façon, je ne peux plus supporter cette maison.

- Alors, nous en trouverons une autre...

- Toi aussi, je ne peux plus te supporter. Je m'ennuie ! assena-t-elle. Tu te contentes de me suivre comme un petit chien. Moi, je croyais avoir épousé un homme qui allait me surprendre chaque jour !

- Je t'ai proposé des sorties, Katie ! protesta Ernesto. J'ai dit que nous pourrions aller à Venise, à Rome, ou faire du ski dans les Alpes. Je t'ai invité dans les meilleurs restaurants de Naples, je t'ai offert une croisière en Méditerranée, mais tu refusais toujours !

La Villa Gialla : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant