Chapitre 8

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Chapitre 8

- Tiens, bois ça, trésor, fit Daniel en tendant à Astrid un verre de son soda préféré.

Ses mains tremblaient encore un peu, mais elle était nettement plus calme qu'en quittant l'hôpital. Ses yeux avaient perdu leur inquiétant éclat.

- Je n'en veux pas, lâcha-t-elle.

- Que veux-tu, alors ?

- Est-ce que Mélissa a enfin signé les papiers du divorce ?

- Non. Il reste quelques petites choses à régler...

Un tic nerveux vint secouer la bouche d'Astrid. Elle se leva comme un diable hors de sa boîte.

- Décidemment, il y a toujours quelqu'un pour m'emmerder !

- Ne parle pas comme ça.

- Je parle comme je veux, Daniel Tremblay !

Il faillit répliquer, mais s'exhorta au calme. Astrid se planta devant l'évier de la cuisine, prit une éponge et du liquide vaisselle, et se mit à frotter vigoureusement une assiette.

- Je comprends ce que tu ressens, Astrid. Mais n'oublie pas que Salvatore n'était pas dans son état normal.

- Il va encore se faire avoir ! siffla la jeune femme en s'emparant d'une poignée de couverts. Comme avec Gloria Solaro ! Il se comporte toujours comme un imbécile quand il est amoureux ! Et moi, je vais encore devoir le ramasser à la petite cuiller !

- Peut-être pas. Peut-être que ça se passera bien, cette fois.

- Avec Daria Lobosky ? Ça m'étonnerait !

- Trésor...tu devrais faire confiance à Salvatore.

- Cette femme a essayé de l'empoisonner, j'en suis sûre !

- Tu es trop méfiante. Et puis, tu sais...il était sonné, et je suis certain qu'il va te rappeler pour s'excuser de la façon dont il t'a repoussée.

- J'espère bien !

- Ce n'est pas parce qu'il est amoureux de cette femme qu'il ne va plus t'aimer, trésor.

Daniel était persuadé que c'était ce qu'elle avait besoin d'entendre. Pourtant, la jeune femme crispa de nouveau les poings : sa main droite se referma sur un couteau et le serra si fort que la lame s'enfonça profondément dans sa paume. Avec un hoquet de frayeur, Daniel s'écria :

- Mon dieu, lâche ça, Astrid !

Elle ouvrit la main, et le couteau rougi tomba dans l'évier. Une longue et profonde coupure s'étendait du pouce à l'auriculaire. Astrid fixa le sang sans réagir. Daniel s'empressa d'aller chercher de quoi faire un bandage. Quand il revint, la jeune femme n'avait pas bougé.

- Tu as mal ?

- Non, murmura-t-elle. Je ne sens rien.

Daniel désinfecta la blessure avec mille précautions et l'entoura du bandage qu'il avait apporté. Il regarda Astrid avec inquiétude.

- Promets-moi que tu ne referas plus jamais ça.

- Je n'ai pas fait exprès. J'étais tellement en colère.

Daniel comprit que la prochaine fois qu'il devrait se rendre au Canada, il lui faudrait trouver quelqu'un pour prendre soin d'elle. Mais qui ? Mama, Ernesto, Kate, Madeleine, Ahmet, Leïla, tous étaient à l'étranger. Alors qu'il l'attirait contre lui, il pensa qu'il faudra quelqu'un de doux et de ferme à la fois, comme une mère. Oui, c'est ça. Une mère.

La Villa Gialla : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant