Chapitre 22

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Chapitre 22

Björn se souvenait parfaitement de la première fois où il s'était senti « criminel ». Lars l'avait emmené en Italie, à San Gennaro précisément, pour rencontrer Antonio Cavaleri.

- Il est un peu spécial. Il va t'accueillir comme si tu étais son meilleur ami depuis toujours, te sourire comme un Père Noël et te faire des blagues. Mais n'oublie pas que sur un simple battement de cil de sa part, tu peux te prendre une balle dans la tête.

- OK, répondit Björn, déjà impressionné.

- Ensuite, il y a Salvatore Umberto, son second. Il fait toujours la gueule, premièrement parce que c'est sa nature, deuxièmement pour te faire peur, et troisièmement parce qu'il s'est probablement disputé avec la filleule d'Antonio, qu'il adore, même si elle lui fait subir sa crise d'ado.

- La filleule d'Antonio ?

- Oui. Astrid.

- Ah ! La fille d'Alvaro et d'Esperanza Villanueva ?

- C'est ça, oui. Tu as bonne mémoire, bravo.

- Quel âge a-t-elle ?

- Dix-sept ans, à peu près.

- Tu la connais ?

- Je l'ai vue en photo. Crois-moi, la seule chose qui la calmerait, c'est une bonne fessée, fit Lars avec un sourire salace.

- Lars ! C'est une gamine !

- Plus pour longtemps. Elle trouvera vite un type pour s'occuper d'elle dans le dos d'Umberto. Enfin, surtout, ne parle pas d'elle. Sûr que si tu y fais ne serait-ce qu'une allusion, tu la prendras, ta balle dans la tête. Umberto s'en chargera personnellement.

- Mais si elle est là ? Je dois lui dire bonjour, non ?

- Elle ne sera pas là. À cette heure, elle sera à l'école ou je ne sais où...

Installés dans le jardin entretenu avec soin sur fond de mer bleu, Antonio et Salvatore saluèrent chacun à leur manière le nouveau venu.

- Où avez-vous trouvé un garçon comme ça, Wolfgang ? demanda Antonio, tout sourire. On dirait un angelot !

- En apparence seulement, répliqua Björn en s'inclinant légèrement. Monsieur Antonio Cavaleri, c'est un honneur pour moi...

- Et poli, par-dessus le marché ! Il me salue comme la reine d'Angleterre !

Salvatore fronça légèrement les sourcils. Comme l'avait dit Lars, il affichait une mine sombre. Alors qu'Antonio commençait à parler affaires, la sonnerie d'un téléphone portable retentit. Salvatore s'en alla décrocher plus loin.

- Excusez-le, sourit Antonio. Ma filleule est partie à Rome avec des copines. Il est inquiet. Il a peur que le cocon dont il l'a entouré craque soudainement. C'est ce qui va arriver, j'essaie de le prévenir constamment. Mais tout le monde sait que ce qui sort d'un cocon, c'est un joli papillon, non ?

- C'est justement ce qu'il craint, je crois, sourit Lars.

- C'est vrai ! Un joli papillon qui attirerait les mâles...

Ils rirent tous les deux, mais Björn n'osa pas se joindre à eux.

- Enfin ! Dîtes-moi, mon cher Björn, j'ai quelques questions pour vous. Sérieusement.

- Je vous écoute.

- Avez-vous déjà tué ?

- Non, monsieur.

- Blessé, alors ?

- Non plus.

- Seriez-vous prêt à le faire si Lars ou moi vous le demandions ?

La Villa Gialla : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant