Chapitre 16

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Chapitre 16

Devant la cabine téléphonique qu'elles avaient trouvée à Sohag, Leïla interrogea Nour :

- As-tu de la famille chez qui retourner ?

- Mes parents habitent à Mallawi, mais ils ne voudront jamais me récupérer...ils auront trop honte. Mon père dira que je l'ai déshonoré et...

- Pas tes parents, alors. Quelqu'un d'autre ?

- J'ai une tante qui habite en Italie...à Milan, je crois. Je l'aimais beaucoup, mais je ne l'ai pas vue depuis très longtemps...

- En Italie ! C'est parfait. Quel est son nom ?

- Djamila Saroudi. Tu vas lui téléphoner ?

- Non, je n'ai pas son numéro. Mais je vais appeler quelqu'un qui te fera quitter l'Égypte et qui t'emmènera chez elle.

Leïla prit une pièce qu'elle avait récupérée dans le porte-monnaie du chauffeur qui gisait à présent au fond du Nil, et la glissa dans la fente près du téléphone. Puis elle composa le numéro de la Villa Gialla. Il était cinq heures du matin, mais on répondit au bout de la troisième sonnerie.

- Allo ? Daniel Tremblay à l'appareil, fit une voix un peu ensommeillée.

- Bonjour, Daniel. C'est Leïla.

- Oh ! Comment vas-tu ? Où es-tu ?

- Je vais bien. Je suis à Sohag. J'ai besoin de ton aide.

- Dis-moi.

- J'ai une amie, Nour, qui a besoin de quitter l'Égypte le plus vite possible. Elle a une tante du nom de Djamila Saroudi, qui vit à Milan. Il faut la contacter et emmener Nour chez elle.

- Vous êtes à Sohag, tu dis ? Djamila...Saroudi...très bien, c'est noté. Nous allons nous en occuper, Leïla.

- Merci, Daniel. Comment va Astrid ?

- Elle n'est pas au mieux, mais ça va. Je gère les petites catastrophes quotidiennes.

- Il faut la protéger d'elle-même. C'est ce qu'a dit Mama Bayou.

- C'est ce que je m'efforce de faire. Comment avance ta quête ?

- J'ai eu un petit contretemps. Mais je vais à Louxor, et je pense que je trouverai là-bas mon premier indice sérieux. As-tu des nouvelles de Björn ?

- Aucune, malheureusement. Notre relation avec Lars est un peu compliquée en ce moment...

Leïla soupira et ferma un moment les yeux.

- Je vois. Bon. Je vais conduire Nour à l'aéroport. Bonne chance, Daniel.

- À toi aussi.

Elle raccrocha et se tourna vers Nour, qui frissonnait dans l'air du petit matin, pourtant déjà brûlant. La ville s'éveillait doucement sous les premières lueurs du jour.

- Tu seras bientôt en sécurité, avec ta tante.

- Et toi ?

- Moi, je vais rester ici.

- Mais monsieur Jawad...

- Il ne me retrouvera pas.

Nour ouvrit ses grands yeux d'enfant, noirs et brillants. Pourtant, elle n'était plus une enfant. En une nuit, Omar Jawad l'avait forcée à grandir, trop vite, trop douloureusement. Mais l'existence lui réservait encore de belles surprises, Leïla en était persuadée. Elle va vivre.

Nour observa la main de Fatma qui pendait au cou de Leïla, puis inclina la tête en murmurant :

- Inch'Allah.

La Villa Gialla : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant