Chapitre 27

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Chapitre 27

Marsa Alam n'était qu'une petite ville côtière, que le gouvernement égyptien destinait au tourisme, mais elle apparut à Leïla comme un paradis. Enfin, elle quittait le désert. La jeune femme était épuisée et affamée. Seul le contact de la Plume sous sa robe lui avait permis d'avancer. Le ciel était d'un bleu tellement pur qu'il faisait cligner des yeux, et la chaleur avait chauffé son crâne comme du feu sous une poêle.

Avec l'argent du porte-monnaie d'Omar, Leïla s'installa à la terrasse d'un restaurant et commanda un repas gargantuesque, terminé par une grande assiette de gâteaux et arrosé de thé à la menthe. Certains hommes lui lançaient des regards mauvais en la voyant dévorer ainsi, seule à une table. Mais Leïla s'en fichait. Elle pensait à Björn, à ses yeux bleus, à ses lèvres sur sa peau. Malheureusement, elle ne le reverrait pas tout de suite. Il fallait maintenant amener la Plume à Mama Bayou...

Un couple attira soudain son attention. C'était un grand homme noir, au longs bras musclés, dont les dreadlocks étaient attachées par un foulard, et une jeune femme blonde au teint rougi par le soleil. Il s'agissait d'Abu El Kabar, le pirate somalien, et de son épouse Irina. Elle ne les connaissait pas bien, mais ils avaient signé le Pacte avec Astrid, ce qui faisait d'eux des alliés bienvenus.

- Bonjour ! Leïla, c'est ça ? fit le premier en l'apercevant. Le monde est petit !

- Vous êtes en vacances ? demanda aimablement Leïla alors que le couple s'installait avec elle.

- Oui ! Nous avons fait escale ici avant d'aller à Charm el-Cheikh.

- Abu veut faire de la plongée, et la mer est très claire là-bas, expliqua Irina avec son fort accent russe.

Abu sourit et embrassa sa femme avant de caresser son ventre légèrement arrondi.

- Voyez, Leïla, ça ne se voit pas encore, mais vous êtes trois demoiselles ici.

- Oh ! Félicitations !

- Abu est persuadée que c'est une fille, sourit Irina. Mais nous ne savons pas encore.

- Et vous Leïla, que faîtes-vous ici ?

- Je suis en mission pour...Astrid.

- Vraiment ? Quelle mission ?

Leïla écarta discrètement un pan de sa robe pour lui montrer la Plume.

- C'est une relique sacrée. D'ailleurs, je voudrais vous demander votre aide.

- Bien sûr, bien sûr.

- J'ai besoin d'argent, pour prendre l'avion et pour payer les douaniers afin qu'ils laissent cette relique quitter l'Égypte sans encombre. Je vous rembourserai, évidemment.

- Pas de problème ! J'ai un coffre au trésor dans le bateau.

- Comme un vrai pirate ! s'exclama Irina, qui visiblement idolâtrait son mari. Ce coffre était celui de Barberousse, pas vrai, mon chéri ?

- Euh, oui, c'est ce que m'a dit le vendeur, en tout cas.

Leïla sourit et grignota sa dernière pâtisserie, soulagée. Ces derniers soucis venaient de s'envoler. Décidemment, elle était très chanceuse. Elle leur demanda une autre faveur :

- Auriez-vous un téléphone portable à me donner ?

Abu et Irina l'amenèrent à leur bateau, non pas celui dont le pirate se servait pour ses razzias, mais un élégant petit yacht blanc et bleu, très confortable. Leïla put même prendre une longue douche fraîche, et Irina lui prêta du shampooing et un peignoir. Abu lui remit un smartphone tout neuf, une liasse de billets pour graisser la patte des douaniers et lui prêta sa carte de crédit pour qu'elle puisse réserver ses billets d'avion sur son ordinateur. Elle partirait pour La Nouvelle-Orléans dès le lendemain. Abu et Irina ressortirent ensuite pour aller se balader à Marsa Alam, et Leïla resta seule. D'une main tremblante, elle composa le numéro de téléphone de Björn.

La Villa Gialla : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant