Chapitre 9
À l'intérieur du Combi Volkswagen de Stanley, il y avait trois banquettes en cuir jaune, un petit buffet qui soutenait un tourne-disque, une guitare constellée d'autocollants, une paire de Converse trouées, et des boîtes de chocolat en poudre.
Stanley bavassait sans arrêt sur sa longue expérience d'hippie des temps modernes. Le docteur P trouvait cela très amusant.
- Je suis allé à Katmandou, et j'ai traversé l'Inde pieds nus, avec mon sac à dos.
- Ça doit être très fatigant.
- Très enrichissant, vous voulez dire ! J'ai acheté du véritable patchouli, là-bas.
- Ah. Je préfère l'odeur de la pluie.
- Vous savez, j'ai été conçu pendant le festival de Woodstock.
- Oh, si ça se trouve, vous êtes le fils de Joe Cocker.
- Vous avez déjà fait un feu de camp sur la plage ?
- Non, mais j'ai déjà fait du camping dans les Carpates.
Le docteur P appuya son front contre la vitre et pensa à son fils. Il pria pour que Cecil le traite bien, lui donne à manger, le laisse dormir, et ne lui retire pas la vésicule biliaire.
- Regardez, nous sommes à Las Vegas ! annonça soudain Stanley.
Le docteur P bondit sur son siège en se souvenant qui habitaient dans cette ville. Il aimait bien Madeleine, même si elle le regardait toujours comme un glaçon dans une soupe. Quant à Edna, elle était si grande et si belle qu'il doutait du fait qu'elle appartienne à l'espèce humaine. Cette dernière l'avait chaleureusement invité à dîner chez elles s'il passait dans le coin. Le docteur P fouilla dans son sac et retrouva le papier où il avait gribouillé leur adresse.
- J'ai des amies qui vivent ici. On pourrait aller chez elles ? proposa-t-il à Stanley.
- Bien sûr !
Quand il arrêta le Combi devant le luxueux immeuble des deux femmes, le hippie poussa un long sifflement d'admiration.
- Mazette ! Elles doivent bien gagner leur vie, vos amies.
- Edna possède deux casinos qui marchent très bien.
Le docteur P sonna à l'interphone, mais personne ne répondit. Il insista, sans résultat. En dernier recours, il téléphona mais apparemment, elles n'étaient pas chez elles.
- Quel dommage !
Ils allèrent noyer leur chagrin dans un restaurant où ils mangèrent des onions rings et des milk-shakes. La nuit tombait et la ville s'éclairait de partout, comme si elle était une vitrine géante de magasin à Noël. Finalement, Stanley le convainquit d'aller dans un club de strip-tease, tout scintillant de néons roses, où il connaissait une fille du nom de Beverly, qui dansait autour d'une barre uniquement vêtue de guirlandes de fleurs. Le docteur P finit par s'endormir après son troisième Martini.
***
Björn rentrait bredouille de Bruges. Il était allé chez Oskar, avait parlé avec son frère Cornelius, et même pris un verre avec un policier chargé de l'enquête. Il avait inspecté chaque rue du sud de la ville, où le corps d'Oskar avait été retrouvé. Mais comme lui avait confié le policier, ce dernier semblait avoir été tué par un fantôme. Une balle dans le cœur, tiré par une arme très commune qu'on pouvait trouver partout. Aucun signe, aucun indice, et surtout, aucune revendication.
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La Villa Gialla : Tome 2
AventureQuelques mois ont passé. C'est l'été et les vacances pour les habitants de la Villa Gialla. Mais alors que tout semble paisible, Mama Bayou fait un drôle de rêve... Tome 2 : La guerre des esprits (La guerra degli spiriti) La SUPER MAGNIFIQUE OUFISSI...