T1 | S'il suffisait que je te le dise...

•Chapitre 13• «Let's prepare...»

Après une heure passée chez Elsa à nous "pouponner" selon un terme employé par sa mère, nous fûmes interrompues par un cri strident (oui, un peu comme dans un film d'horreur, à ceci près qu'il s'agissait en fait de la mère d'Elsa) :

«-Elizabeth !»

Ah oui, laissez-moi vous expliquer. Le nom complet d'Elsa était Elizabeth Lyna Selly, mais personne (sauf sa mère, évidemment) l'appelait ainsi. En fait, dès la maternelle, Elizabeth avait abrégé son prénom en "Elsa", se plaignant sans cesse que son prénom était trop "long" et "contraignant" à écrire. Depuis cette date, tout le monde semblait avoir adopté ce prénom, à commencer par sa maîtresse d'école, mais aussi son père, qui assurait qu'il n'avait jamais été d'accord avec sa mère concernant le prénom "Elizabeth" et qu'il trouvait "Elsa" plus "frais", selon ses dires. Cependant, la mère d'Elsa s'entêtait, elle, à appeler sa fille par son nom. Son vrai nom. Son nom civil. Elizabeth Lyna Selly. Aujourd'hui, j'étais presque sûre que la majorité des gens qu'elle connaissait n'avait jamais eu vent de ce changement. Pour eux, elle était et avait toujours été Elsa Selly. Je n'étais même pas sûre que les profs connaissent son vrai nom.

En parlant de son prénom, Elsa disait juste qu'elle s'était donné un nouveau nom, se trouvant déjà à l'époque l'âme d'une artiste (oui, elle est très modeste), qui, selon elle, n'était bon que s'ils se donnaient au nom d'artiste. Ainsi, le nom d'Elizabeth serait mort et enterré si sa mère ne perdurait pas cette sorte de tradition. D'ailleurs, cela ne semblait pas déranger Elsa, qui appréciait presque lorsque sa mère employait ce prénom. Après tout, c'était son vrai prénom, quelque chose que l'on ne pouvait pas changer, au mieux, on pouvait le remplacer. Le prénom constituait un héritage familial, c'était quand même le premier choix que faisaient vos parents vous concernant. Pour moi, c'était une des seules choses qu'il me restait de mes parents, un des seules choses que l'on ne pourrait m'enlever.

Elsa leva la tête, jusqu'à là plongée dans la réalisation de ma tresse en épi :

«-Mum ! Viens si tu veux nous dire quelque chose. Je coiffe Zéli !»

Sa mère ne se fit pas prier et fut, en quelques minutes, dans la chambre de sa fille. Le fait que tout soit situé chez les Selly sur un étage facilitait le déplacement.

Arrivée devant nous, elle prit quelques instants pour nous détailler, avec sa façon bien à elle de pencher la tête sur le côté. Je me sentis rougir, car je détestais que l'on me détaille ainsi, mais je finis par me dire que c'était dans un but flatteur. Elsa fignolait ma tresse.

«-Vous êtes magnifiques les filles !»

Sa voix tremblait d'admiration. Pourtant, la mère d'Elsa n'était pas une personne débordant de sentiments. Elle avait plutôt tendance à les cacher et les intérioriser, quelque chose qu'elle avait transmis à sa fille.

Elsa me lâcha lorsqu'elle eut enfin fini ma tresse et poussa un soupir de soulagement (c'était vrai que réussir à coiffer mes cheveux bouclés était un vrai challenge, mais cela n'avait jamais gênée Elsa, pro de la coiffure). Je me levai et regardai Elsa.

Je comprenais désormais ce qu'avait dit sa mère. Elsa était magnifique. Ses cheveux roux, attachés en deux tresses, tombaient sur son haut, un débardeur noir, pailleté, assorti avec une jupe bordeaux, descendant juste au dessus de ses genoux. Pour se maquiller, elle n'avait mis que du mascara, sous ma demande, car je trouvais qu'elle était plus jolie au naturel. Elle s'était également aspergée les cheveux de paillettes, si bien qu'ils brillaient de mille feux, sous la lumière venant de l'extérieur. Sa tenue s'agrémentait de petits escarpins noirs, des collants opaques noirs et d'une veste type costard bordeaux.

Voyant que je détaillais Elsa, sa mère s'empressa de me complimenter :

«-Le compliment s'applique aussi pour toi, Zélina.»