•Chapitre 3• «You've got the invitation...»

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La pause de midi fut accueillie avec soulagement et je dus avouer que mes pensées ne profitèrent pas de cette pause pour arrêter de tourner en boucle dans ma tête. Bien évidemment, elles revenaient continuellement et sempiternellement vers ce garçon, dont le nom -allez savoir pourquoi- ne cesserait de rester un mystère pour moi.

Alors que je claquai la porte du casier, de manière, certes, un peu forte, Elsa finit par m'arrêter et me demanda, d'un air grave :

«-Oh ! Tu as quoi Zéli ? Tu me sembles... bizarre !»

Je réfléchis quelques secondes à ce que je pouvais bien lui répondre, mais aucune de mes excuses ne me satisfit. Je finis par débiter, un étrange sentiment de mal à l'aise se répandant en moi :

«-J'ai dit au nouveau que mes parents étaient morts...»

Je n'avais pas l'habitude de me sentir gênée devant Elsa, car nous nous disions absolument tout - de nos menstruations à nos moindres petits secrets- mais là, je me sentais mal de lui parler de lui, sans vraiment en comprendre la raison.

Elsa me dévisagea longuement. Dans ses yeux, aucune pitié. C'était sûrement pour cela que nous étions devenues amies. Parce qu'elle semblait ne rien faire comme les autres. Tandis que le reste du monde me regardait comme si je me résumais par la perte de mes parents, Elsa m'avait recueillie comme étant simplement Zélina, Zélina-tout-court. Jamais je n'avais lu de la pitié dans ses yeux. Pas même dans les moments difficiles où je pleurais de longues heures dans ses bras en regrettant que ces derniers ne soient pas ceux de ma mère.

Et pourtant, quand je l'avais vue la première fois, personne n'aurait parié pour que nous devenions amies ! Moi, la solitaire et la studieuse Zélina et elle, l'extravagante et la pétillante Elsa. Deux opposées qui s'apprivoisèrent lentement, mais solidement. Comme le petit prince et le renard dans l'histoire de St Exupéry, (livre qui était d'ailleurs notre livre préféré à nous deux). Une relation qui devint bien vite fusionnelle et inévitable.

«-Je ne le sens pas trop ce gars... Méfie-toi.»

La voix d'Elsa regorgeait de méfiance et d'attention. Elle finit par me prendre dans ses bras, puis nous nous dirigeâmes vers la cafèt', silencieusement, mais j'eus la nette impression qu'elle comprenait mieux que moi mon mal-être.

Après manger, Evan nous rejoignit, en piaillant :

«-Zéli ! Elsa ! Devinez quoi !»

Nous nous retournâmes en soupirant, et je lançai :

«-Hem... Laisse-nous réfléchir ! Tu as encore fait chier Lily ?

-Tu t'es mangé une porte ? proposa Elsa, ce qui me fit éclater de rire.»

Evan tira la langue, faussement vexé et reprit, ne se départissant pas d'une excitation qui lui était propre :

«-J'ai demandé à ma mère pour fêter mon anniv' samedi !

-Et... ? questionna Elsa, les bras croisés sur sa poitrine.»

J'attendis la réponse, bizarrement impatiente de connaître la réponse. Evan mima un roulement de tambour et j'en déduisis aisément que sa mère avait accepter sa demande.

Après quelques secondes d'attente artificiellement interminables, il hurla :

«-ELLE A DIT OUIIIIII !!»

Deux élèves de seconde se retournèrent, intrigués par le cri de notre ami et poursuivirent leur route, en haussant les épaules.

«-Evan, fis-je remarquer, tu n'es pas seul dans ce lycée !!»

T1 | S'il suffisait que je te le dise...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant