•Chapitre 45• «I hate you, I love you...»

223 37 32
                                    

Je clignai des yeux plusieurs fois. Dans une espèce de brouillard flou, je tentai d'apercevoir quelque chose. Un visage. Un visage était penché sur moi.

«-Zélina ? Zélina, tu m'entends ?»

Oh, oui, je t'entends...

Je tentai de me redresser, mais la main de la femme qui m'avait parlé se posa sur mon torse.

«-Il faut que tu te reposes, tu t'es pris un sacré coup dans la tête...»

Soudain, comme si ce contact humain m'avait électrifié, tout me revint. Aaron. Mon oncle. La colère. La salle noire. Le dossier. Le dossier. Lylian.

Je me redressai vivement et, tout en repoussant l'infirmière, je tentai de me lever.

«-Zélina, calme toi, il faut vraiment que tu...»

Je ne l'écoutai pas. Il fallait que je quitte immédiatement cet endroit. Je me mis sur pied. Je titubai et manquai de tomber. L'infirmière, qui n'était autre que Louisa Bourg, me rattrapa et me força à me rasseoir.

«-Zélina, tout va bien, tu dois...»

NON ! Tout ne va pas bien ! Elle ne comprenait pas ! Personne ne pouvait comprendre !

J'attrapai sa main et la repoussai aussi violemment que je pus. Apparemment, j'avais du y aller fort, car Louisa recula de quelques pas, surprise. Profitant de cet instant, je me levai et attrapai ma veste qui traînait sur la chaise la plus proche. Puis, je me mis à courir.

Les premiers mètres furent difficiles, mais petit à petit, mes forces revinrent. De l'adrénaline pure coulait dans mes veines. Je courus le plus vite que je pus si bien que j'atteignis la porte d'entrée de l'hôpital en moins de cinq minutes. Comme quoi, il n'était pas si grand cet hôpital ! Les gens me regardaient comme si j'étais folle (ce qui était à peu près vrai actuellement), mais je ne m'en souciais pas. Avant que quelconque infirmier ne vienne m'empêcher de sortir, je quittai l'hôpital, sous les yeux étonnés des patients.

Je courus à travers les rues de Lyon, sans savoir où j'allais. Je parcourus peut-être un kilomètre comme cela, sans but, sans destination. Finalement, j'atteignis un parc et je m'engouffrai dedans. Je me rendis compte que je pleurais.

Je m'assis sur un banc et sortis mon portable de ma poche. Dans un état second, je me localisai par rapport à la gare, qui ne se trouvait qu'à quelques pas d'ici (mon sens de l'orientation aurait-il augmenté ?) et cherchai le premier train qui rentrait à la gare de mon village. Il partait dans dix minutes. Parfait.

Je me levai et me mis en direction de la gare, plus calmement cette fois. Je tentai de ne penser à rien, sinon j'allais exploser. Je respirai le plus calmement possible en inspirant fortement, si bien que plusieurs personnes dans la rue m'accostèrent pour me demander si j'allais bien.

Arrivée à la gare, je constatai avec soulagement que le train était déjà sur les railles. Je m'engouffrai à l'intérieur, sa chaleur me réconfortant légèrement.

Enfin assise, je laissai libre cours à mes émotions et mes larmes se mirent à couler. Des larmes de colère, des larmes de tristesse, des larmes de haine.

***

Arrivé à sa hauteur, je jetai le papier que j'avais tiré du dossier devant lui, sur la table du parc. Lylian me dévisagea d'abord sans comprendre, puis, lorsqu'il vit le papier, il blêmit. Je croisai les bras sur ma poitrine et me mit à hurler, sans même essayer de me contenir :

«-Explique moi ça.»

Lylian releva la tête, avec son air de chien battu. Je n'avais jamais eu autant envie de le frapper. Rien que de le voir me donnait envie de vomir.

T1 | S'il suffisait que je te le dise...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant