Cette fois, mon coeur ne se serra pas, il s'arrêta carrément. Aaron Evans. Mon nom de famille, le nom de famille de mon père. Soudain, tout se mit en place dans ma tête et je soufflai, encore sous le choc :
«-Mon père avait un... frère ?»
J'avais toujours cru que mon père était fils unique, comme je l'étais. Il ne m'avait jamais parlé de quelconque frère et sœur mais plutôt de cette solitude qu'il ressentait étant enfant, sans personne pour embêter ou pour jouer avec lui. Alors, tout cela ne serait qu'un mensonge ? Un mensonge parmi tant d'autres ?
Une autre révélation se fit en moi. Mes parents m'avaient-ils menti sur toute la ligne ? Quoi d'autre m'avaient-ils caché ? Étais-je vraiment leur fille ? Pourquoi m'avoir caché ce mystérieux frère ?
«-Il semblerait que oui. En tout cas, c'est ce que confirme le test sanguin qui a été réalisé.
-Pourquoi... pourquoi me l'avoir caché ?»
Louisa Bourg me dévisagea avec un regard tendre et empli de bienveillance.
«-Je pense que Aaron serait le plus apte à répondre à toutes ses questions. Si tu veux encore lui parler bien sûr.»
Je hochai la tête, sans savoir si j'avais vraiment envie de lui parler.
Louisa prit cela pour un "oui", car elle pressa la poignée et ouvrit la porte, tout en me faisant signe d'entrer, ce que je fis, avec des gestes lents et mécaniques.
La pièce était étrangement sombre. En entrant, je me serais attendue à trouver des murs blancs, des draps blancs, un plafond blanc... bref, le blanc aseptisé et propre d'un hôpital. Mais non, ici, on se serait cru n'importe où, mais pas dans la chambre d'un hôpital. Un des murs étaient mauve, un autre d'un gris sale, le plafond était légèrement bleuté et les draps étaient marrons foncés. Un mélange de couleurs affreux et sans goût.
Je pénétrai dans cette pièce obscure, le coeur battant. L'homme était là, assis sur le lit, attendant. Attendant quoi précisément ? Je ne saurais pas le dire. Lorsqu'il me vit, il ne fit rien, ne parla pas et ne tenta pas quelque chose. Il resta de marbre, comme si ma présence ne lui importait peu.
Il avait le même teint glacé et terrorisé de l'autre soir. Rien, à part ses vêtements, avait changé en lui. Il était le même, déterminé à se donner la mort. Le fait que cet homme soit mon oncle ne changea rien dans la façon dont je le perçus : il était seul, désespéré, angoissé.
«-Qui êtes-vous ?»
Ma voix sonna rauque et fragile. Je baissai les yeux, en évitant soigneusement ceux de l'homme. Je fis encore quelques pas dans la chambre, mais je ne me résolus pas à m'approcher davantage.
«-Aaron Evans, le frère de ton père.»
Il avait lâché cela, avec tant de naturel, qu'on aurait presque dit qu'il venait de m'annoncer que nous étions le 14 février 2017. Son accent britannique que je n'avais même pas remarqué lors de la soirée me sauta au visage.
Restant sur mes gardes, je repris, tentant de calmer vainement ma respiration saccadée :
«-Comment ça se fait que je ne vous connaisse pas ?»
L'homme qui prétendait être mon oncle lâcha un rire rauque et maugréa :
«-Sache que je n'ai jamais vraiment fait partie de la famille.»
Que voulait-il signifier par là ? Je fronçai les sourcils, et, ayant senti une certaine incompréhension de ma part, Aaron reprit, vivement :
«-Je suis Aaron, le raté de la famille Evans. Seul ton père qui a eu pitié de moi a essayé de renouer le contact.»
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T1 | S'il suffisait que je te le dise...
RomanceTOME 1 «Les rencontres sont comme le vent ; certaines vous effleurent la peau, d'autres vous renversent.» Orpheline, travailleuse, sérieuse. Ce sont sûrement les trois mots qui définissent le mieux Zélina Evans, une lycéenne de seize ans, traînant d...