Une semaine désormais était passée depuis le "spectacle" auquel j'avais assisté, près de l'arrêt de bus. J'aurais aimé vous assurer que cela ne m'avait fait ni chaud ni froid, mais cela serait mentir. En étant franche, je vous aurais dit que cela m'avait littéralement brisé le cœur et que j'en avais voulu à tort à Lylian tout le reste de la semaine, mais je me contenterai de vous dire que j'avais été légèrement (ce dernier mot est un euphémisme) chamboulée.
Ma tante n'avait cessé de me tourner autour surtout lundi soir, pour essayer de comprendre ce qui me touchait à ce point, mais je me contentais à chaque fois d'un vague "rien de grave", ce qui, en soit, était tout à fait la vérité. Lylian avait quand même le droit de mener une vie amoureuse sans que je me sente prête à l'égorger (je suis un peu une psychopathe moi).
Je n'avais pas reparlé à Lylian depuis lundi et nous étions le lundi suivant. Ce dernier avait bien tenté de me demander ce qu'il n'allait pas chez moi, mais je lui répondais si froidement qu'il avait fini par se lasser de mon mauvais caractère. Il m'avait alors plantée, et ne m'avait plus adressé la parole depuis.
Elsa s'était rendue compte de mon état d'âme soudain mélancolique et m'en avait demandé la raison. Ne sachant pas comment lui céder, je lui avais tout raconté (mis à part mes sentiments un peu trop développés). Elle m'avait alors lâché un "Je te l'avais bien dit ! Ce gars ne mérite pas qu'on s'intéresse à lui.", ce qui m'avait réconfortée dans ma position.
La semaine était alors passée très vite jusqu'au week-end, que je consacrai surtout à la rédaction de ma dissertation portant sur le personnage de roman. Je peux vous dire qu'après avoir écrit pas moins de neuf pages, mon bras ne me faisait pas qu'un peu mal.
Bref, arriva alors lundi soir et l'heure de prendre le bus. À ma grande surprise, j'entendis quelqu'un s'asseoir à côté de moi. D'humeur exécrable, je m'apprêtai à le renvoyer gentiment bouler, avant de me rendre compte qu'il s'agissait de Lylian. Je sentis aussitôt monter en moi cette même colère incontrôlable que je ressentais à chaque fois que je le voyais. Ce sentiment était à chaque fois suivi par un remord violent qui me serrait les tripes, car je m'en voulais de ressentir cela à l'égard de ce garçon insignifiant.
Ne sachant que faire, je me contentai de l'ignorer ouvertement, faisant mine de ne pas l'avoir vu. Je crus que mon petit jeu fonctionnait jusqu'au moment où Lylian eut la brillante idée de briser le silence volontaire :
«-Bon, tu vas m'expliquer ce qu'il se passe ?»
Au début, je pensai à ne pas lui répondre, mais, comme toujours, je lui cédai et marmonnai, sans même lui jeter un regard :
«-Absolument rien.»
Je me félicitai intérieurement de ma voix qui était sorti glacée et dénuée de tout sentiment.
Lylian se tut un instant, mais comme à son habitude, cassa à nouveau le silence. Il avait visiblement quelque chose contre le silence lui.
«-Alors pourquoi tu m'évites comme ça depuis une semaine ?»
Je dus admettre que je ne savais pas quoi répondre à cela. Je haussai les épaules, mais cela n'eut pas l'air de le convaincre. Il m'attrapa le bras, pour me forcer doucement à me retourner :
«-Zélina, qu'est ce que j'ai fait ?»
Sa voix, emplie de regrets et de supplication me fit frissonner et je faillis me laisser entraîner dans son jeu de séduction. Cependant, je tins bon et me dégageai brutalement de lui :
«-Je n'ai pas envie de te parler, c'est tout.»
Je vis que je l'avais vexé et je m'en congratulai. Cependant, je ne pus m'empêcher de ressentir un pincement au cœur en voyant ses yeux se baisser. Pour rajouter à cela, il se mordilla lentement la lèvre et ma respiration s'accéléra brutalement. Qu'est-ce qu'il pouvait être mignon !
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T1 | S'il suffisait que je te le dise...
RomanceTOME 1 «Les rencontres sont comme le vent ; certaines vous effleurent la peau, d'autres vous renversent.» Orpheline, travailleuse, sérieuse. Ce sont sûrement les trois mots qui définissent le mieux Zélina Evans, une lycéenne de seize ans, traînant d...