•Chapitre 25• «Something big is happening...»

331 50 80
                                    

Je regagnai ma maison, presque en courant. Ma tante dut me prendre pour une folle lorsque j'arrivai chez elle, déboussolée et essoufflée. Sans prendre le temps de lui expliquer quoi que ce soit, je montai dans ma chambre et m'y enfermai. Je jetai mon sac sur le sol et m'allongeai sur mon lit, tremblante d'émotions. Me laissant aller, j'éclatai en sanglots.

Une heure plus tard, j'étais parvenue à retrouver un calme relatif (disons que je n'avais plus envie de crier). Je descendis pour manger et ma tante ne pipa mot sur mon comportement. Je lui en fus reconnaissante, mais, devant son air inquiet, je décidai tout de même de lui parler, tout en me resservant en pâtes (qui étaient, cela dit, délicieuses).

«-C'est à cause d'un garçon que j'ai pleuré.»

Ma phrase était sortie toute seule, naturellement, parce que j'avais ce besoin irrépressible d'en parler à quelqu'un. Cela me fit du bien et me libéra de tout le poids que j'avais entassé depuis toutes ses semaines. Juste une phrase peut permettre de se sentir mieux. Il faut simplement trouver le bon moment, et la bonne personne.

«-Tu veux en parler ?»

Je secouai la tête négativement :

«-Non, ça va, je t'assure, ce n'est rien.»

Ma tante parut presque déçue, mais je sus qu'au fond, elle me croyait et elle en était soulagée. Je finis mon repas dans le silence, toujours un peu perturbée par ce baiser. Le pire était que je ne parvenais pas à définir ce que j'avais ressenti au moment où ses lèvres s'étaient posées sur les miennes. En tout cas, cela n'avait pas été désagréable. Au contraire...

Ce soir-là, je me glissai dans mon lit, perdue et m'endormis, le cœur encore électrifié de sentiments que je n'avais jamais ressentis...

***

Le lendemain, je me levai avec le même sentiment de doutes me tiraillait. Je craignais un peu cette journée, et pas seulement parce que nous avions un DS de maths. À proprement parlé, j'avais peur, peur de lui, peur du regard des autres, peur de ce qu'il fallait que je fasse... (ouais, en gros, j'étais parano).

Je m'habillai rapidement, mais pour la première fois, je m'arrêtai quelques secondes devant mon miroir en me demandant : pourquoi moi ? Je ne me trouvai pas vraiment belle, avec mes cheveux trop bouclés que j'avais aujourd'hui attachés et cet énorme bouton d'acné qui m'avait poussé sur le front et... (bon, ok j'arrête de me tailler).

Le pire, c'était que je commençai à douter sur la véracité de la scène d'hier. Et si rien de tout cela n'était arrivé ? Je parvenais même à me dire que j'avais peut-être rêvé.

En sortant dehors, le vent froid me fouetta le visage et je repris un peu mes esprits, comme si je venais de me réveiller d'un long et pénible cauchemar. J'avais comme l'impression de sortir enfin la tête de l'eau après une longue et pénible apnée sous-marine. Il faut dire que j'avais vécu un ascenseur émotionnel ces derniers jours. Entre peur, attachement et désillusion, j'étais passée par toutes les cases.

Je secouai la tête, en enclenchant mes écouteurs. Somewhere only we know de Keane m'enferma enfin dans ma bulle, sensation très agréable. Je me laissai emporter par les paroles de la musique.

♪I walked across an empty land

I knew the pathway like the back of my hand

I felt the earth beneath my feet

Sat by the river and it made me complete.♫

Je m'assis dans le bus en redoutant le moment où Lylian arriverait. Qu'allait-il faire ? Que devais-je faire ? Je me concentrai sur la musique de Keane, en évitant de penser au pire.

T1 | S'il suffisait que je te le dise...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant