•Chapitre 28• «The boy who has blue eyes like sapphires...»

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Nous fûmes vite devancés 4 à 0. Il fallait bien avouer (à regret) que les joueurs du lycée du Parc étaient plus qu'excellents et bien meilleurs que nous. On aurait vraiment dit qu'ils avaient joué au basket toute leur vie (ce qui était peut-être vraie, cela dit), ou, du moins, qu'ils étaient nés pour faire ce sport. La plupart d'entre eux étaient très grands et dépassaient les deux mètres (on dit que la taille ne fait pas tout au basket, mais, quand on fait un mètre douze les bras levés, ce n'est pas toujours facile d'atteindre le panier...).

Nos joueurs à nous étaient très bons, mais ils leur manquaient quelque chose pour surpasser leurs adversaires : une véritable cohésion d'équipe. Ce que je voulais dire par là, ce n'était pas qu'ils ne s'entendaient pas, au contraire, mais ils n'avaient pas cette sorte de connexion qui liait les joueurs du Parc. Ces derniers connaissaient en avance les moindres faits et gestes de leurs coéquipiers et pouvaient donc se concentrer davantage sur ceux de leurs adversaires. Nos joueurs essayaient d'abord de comprendre ce qu'il se passait dans la tête de leurs coéquipiers, avant de pouvoir se focaliser sur l'adversaire. C'était là le véritable décalage.

Cependant, malgré le score qui n'était pas en leur avantage et les huées incessantes et moqueuses des supporters du Parc, nos joueurs ne se laissèrent pas perturber. Ils continuaient dans une espèce d'acharnement commun et une volonté victorieuse. On aurait dit des soldats sur un champ de bataille.

Sans même être présent dans le gymnase, on pouvait aisément deviner chaque action du match : lorsque vous entendiez des huées haineuses, cela signifiait que les basketteurs d'Isaac Newton avait la balle, au contraire, lorsque les acclamations se faisaient heureuses et acharnées, cela montrait que les joueurs expérimentés du Parc menaient le jeu.

Moi, je ne criais pas, je me contentai juste de suivre le match (ou plutôt Lylian, je dois l'avouer) silencieusement. Même Elsa criait plus fort que moi, si bien que je ne regrettai pas une seconde de l'avoir forcée à venir ici. Elle hurlait des insultes à plein poumons dès que quelque joueur du Parc réalisait une action désavantageuse pour nous.

«-Sale poulpe à lunettes, rends lui la balle !»

«-Espèce de chamallow tout mou, dégage !»

Ouais, les insultes d'Elsa étaient légèrement ridicules, mais elles fonctionnaient bien.

Une fois, par exemple, elle avait crié si fort qu'un des joueurs du Parc s'était retourné vers nos gradins, croyant avoir mal entendu (c'était pas tous les jours qu'on se faisait insulter de poulpe), et Éric lui avait royalement piqué la balle, sous les huées de la tribune d'en face (bon, nos joueurs avaient perdu la balle quelques secondes plus tard, mais ça nous avait valu des acclamations de l'entraîneur et un fou rire entre Elsa et moi).

Quelques minutes plus tard, nous prîmes à nouveau un panier. Je trouvai que nos joueurs se comportaient pas mal devant la défaite cuisante. Ils restaient souriants et confiants. Après chaque but, Éric Chapman remotivait sa troupe, même si ils n'en avaient pas vraiment besoin. Je ne pus que les admirer car, étant très mauvaise perdante, si j'avais été à leur place, je crois que j'aurais pété un câble depuis longtemps. Mais non, eux, restaient concentrés et motivés.

Après le speech de motivation d'Éric, les joueurs se replacèrent sur le terrain. Lylian, avec son t-shirt chiffré 7, gardait lui aussi une sérénité imperturbable. Il semblait concentré et fixait un point droit devant lui, déterminé. Visiblement, son équipe et lui avaient mis en place une stratégie d'attaque.

Le ballon nous revint et Michael (un terminal S) fit aussitôt la passe à Lee qui débuta un drible contrôlé. Il fut vite accueilli hargneusement par un sumo du Parc qui faisait au moins trois fois sa taille. Cependant, Lee ne sembla pas vouloir lâcher la balle et laissa habilement son adversaire lui tourner autour. Après quelques secondes, quasiment calculées, de bataille, Lee pivota sur son talon d'appui et lança le ballon à Éric, qui venait de contourner son défenseur.

T1 | S'il suffisait que je te le dise...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant