Chapitre 8 #2

223 36 5
                                        


***

Vers dix heures, nous étions devant la porte du salon de coiffure où travaillait Crystal Belvigne. Comme elle n'avait aucune famille et que son voisin n'avait pas plus d'informations à nous fournir, nous nous étions résolus à rencontrer ses collègues.

Nous avions dû prendre un taxi car ce salon de coiffure était à presque dix kilomètres du centre ville historique, près du Lac Pontchartrain. C'était une zone commerciale comme on en trouvait tant dans la plupart des villes des États-Unis. Les bâtiments identiques d'un seul étage étaient alignés les uns à côté des autres, faisant face à des parkings tout en longueur. Seul l'enseigne changeait au-dessus de chaque vitrine. Nous avions vite repéré le salon de coiffure dont les lettres illuminées en rose attiraient l'attention au milieu de la morosité ambiante.

De ce côté de la ville, la magie de la vieille ville disparaissait pour laisser place à un environnement banale. Orpheus entra le premier. Toutes les femmes du salon levèrent la tête vers le bel homme à la peau d'ébène qui venait de pousser la porte. Elles étaient toutes sous le charme. Bon point pour nous, mauvais point pour mon ego. Je sentais la jalousie bouillonné sous ma peau. Ridicule, je n'avais eu qu'un seul baiser et j'étais déjà jalouse des quatre bonnes femmes qui lui faisaient les yeux doux. Heureusement, l'homme qui était aux bacs ne s'intéressait pas du tout à lui, ni à moi d'ailleurs.

— Bonjour mesdames, monsieur, claironna Orpheus avec son plus beau sourire et sa voix suave.

— Bonjour monsieur, que pouvons-nous faire pour vous ? se languissait une grande femme à la peau noire vers l'accueil.

C'était à coup sûr la maîtresse des lieux. Elle était splendide avec ses longues tresses africaines qui lui tombaient dans le creux du dos. Sa robe moulante jaune fleurie et très échancrée par endroit ne laissait pas beaucoup de place à l'imagination. Elle avait des fesses à faire pâlir Kim Kardashian et des yeux d'un brun clair absolument fabuleux. À côté d'elle, je ressemblais à une étudiante boutonneuse.

— Je suis un ami de Crystal Belvigne. Je suis venu rendre visite à ma famille à la Nouvelle-Orléans et on m'a appris qu'elle avait disparu. Si vous le permettez, j'aurai voulu avoir plus d'informations. Je m'inquiète beaucoup pour elle, déclara tristement Orpheus.

Il mentait si bien. Même moi, j'avais envie de le croire avec son air de gros nounours abattu. Il était si charmant dans son jean brut et sa chemise bleu ciel que toutes les femmes ici présentes bavaient comme des jeunes filles en fleur. Moi la première.

— Oh mon pauvre chéri, gémis la patronne avec un accent du Sud prononcé. Bien sûr que nous allons te dire tout ce que nous savons sur la pauvre Crystal. Elle était si gentille, nous nous faisons beaucoup de soucis.

Deux des trois autres femmes présentes étaient coiffeuses, la dernière était une cliente mais elle ne demanda pas son reste. Après tout, on venait surtout ici pour les potins.

Une des coiffeuses, la blonde à la peau si blanche qu'elle en était presque transparente, prit la parole.

— Elle n'a pas travaillé longtemps ici, deux mois environ, dit-elle pendant que sa collègue hochait la tête avec un regard de chien battu. Les clients l'aimaient bien, elle était d'une gentillesse rare.

Je ne m'étais pas encore présentée mais comme j'étais totalement invisible à côté d'Orpheus, j'allais resté bien sagement dans mon coin à écouter. Je ne voulais pas les perturber.

— Oui très sympa, renchérit sa collègue à la coupe afro teinte en orange vif. Elle avait l'air préoccupée ces dernières semaines. On l'a dit aux flics qui sont passés mais ils n'ont pas noté ce qu'on leur disait. Ils se foutent des pauvres gens comme nous.

À Demi-MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant