À Demi-Mort

Chapitre 7 #1

Mes mains devinrent moites et ma gorge se noua. Dane Archer était assis sur la chaise du bureau qu'il avait positionnée pile en face de la porte de la salle de bain. Il avait prévu son effet à l'avance. Mon corps nu me mit dans une position de vulnérabilité à la limite du supportable. Je n'avais ni vêtement, ni arme. Je poussais un cri strident et m'enfermais aussi sec dans l'endroit d'où je venais. Je pris à toute vitesse la grande serviette sèche que je n'avais pas encore utilisée et je l'enroulais autour de moi. Je me sentais déjà mieux. Même si techniquement, en plusieurs siècles, le vampire avait dû voir plus de femmes nues qu'un gynécologue en fin de carrière.

L'aura du vampire était totalement camouflée, j'étais maintenant certaine qu'il m'avait suivie. Il connaissait une partie de mon secret, il avait entendu ma conversation avec Orpheus. Quelque soit sa théorie sur mes origines, elle ne comprenait pas de pouvoir d'empathie. Finalement il avait peut-être tord ou alors, la dernière fois, il m'avait raconté des bobards. Son but était peut-être juste de s'accaparer la boule de cristal.

Dane toquait à la porte de plus en plus fort.

— Sortez de là Aslinn, j'ai à vous parler et je ne vous veux aucun mal, déclara Dane avec sa voix caverneuse.

— C'est ce que dirais un méchant vampire. Foutez le camp de ma chambre ! lui hurlais-je à travers le chambranle.

— Je ne partirais pas tant que vous serez en danger, m'annonça Dane.

— Je ne suis absolument pas en danger, c'est vous le danger dans l'immédiat. Je me débrouille très bien toute seule.

— Oh je vois, vous êtes une grande fille, railla-t-il. Ou alors vous pensez que l'éphèbe à la peau brune pourra vous protéger, se moqua-t-il. Sachez ma chère qu'un humain ne pourra rien contre les choses qui vous poursuivent.

— Partez d'ici, ordonnais-je.

— Non.

Apparemment c'était catégorique, il ne partirait pas. Je détestais qu'on me donne des ordres et vraisemblablement, lui aussi.

— Vous savez que je peux tout aussi bien défoncer la porte, reprit-il d'un ton calme mais tranchant.

Il allait falloir que je me décide. L'hôtel avait ma carte bleue et ils n'hésiteraient pas à me faire payer pour les dégâts. Qui croirait ma version dans laquelle un vampire avait arraché ma porte de salle de bain ? Dans tous les cas, le vampire était plus fort que moi. Mon arme et mes couteux étaient au fond de ma valise dans l'armoire de la chambre, donc totalement inutiles. Comme une idiote, je n'avais pas pensé à les emmener avec moi pour prendre un bain. Dans un sens, qui y penserait ? Je n'avais pas pris d'armes pour notre première journée, je ne connaissais personne ici à part Orpheus et Luis. J'étais restée dans mon rôle de touriste et je n'avais pas vu le danger s'abattre sur moi.

Mon téléphone se trouvait par terre au pied du lit, attaché à son câble de recharge, donc il m'était impossible d'appeler à l'aide. Quand bien même, toutes les autres personnes qui viendraient ici seraient en péril. Pas question de faire des blessés ; ou pire. Ce n'était pas le moment d'augmenter les statistiques sur les meurtres à la Nouvelle-Orléans.

Respirant plus calmement et la peur légèrement apaisée grâce à un exercice de respiration dont Poppy avait le secret (qu'elle tenait de son cours de yoga que j'avais en horreur), je décidais qu'il était temps que je sorte pour affronter l'ennemi. Un ennemi qui se trouvait être un vampire super canon et surtout, extrêmement puissant. 

Après tout, « il est vain de dire que les êtres humains devraient se satisfaire de la tranquillité ; il leur faut de l'action et s'ils ne peuvent la trouver, ils la créeront »1. Contrairement à ce qu'aurait dit Charlotte Brontë, mon plus gros problème était justement d'éviter l'action. Pour moi, nul besoin d'en créer, elle me poursuivait dangereusement. Je venais presque à regretter ma petite vie tranquille au Kansas avec ma Grand-mère. Une vie paisible et douce, dénuée de vampires et autres créatures magiques.