Chapitre 2 #2

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— Puisque vous êtes devant moi, je suppose que mes affaires vous intéressent, lui dis-je sans me départir de mon assurance feinte. J'ai quelque chose à vous montrer. Quelque chose d'ancien et inconnu que je n'ai encore montré à personne, lui dis-je la gorge serrée.

Ses yeux pétillèrent, cela ne me disait rien qui vaille.

— Très chère, je ne veux pas vous offenser mais si vous me parlez de votre virginité, je ne suis pas preneur, railla-t-il.

Maintenant il était amusé et moi outrée. Il avait du le percevoir au vu de son petit sourire en coin satisfait. Pas étonnant puisque ma bouche était encore grande ouverte. Je repris vite contenance et essayais de ne pas lui jeter mon champagne à la figure. C'était dommage de gâcher ce trésor doré qui valait plus que ma voiture.

— Je vais faire comme si je n'avais rien entendu, répliquais-je. Voici la photographie de l'objet dont je vous ai parlé, repris-je en sortant le polaroid de mon sac à main. Ou plutôt à votre secrétaire. J'espère qu'elle vous a transmis le message.

Son humeur revint tout de suite à la normale, piqué par un intérêt soudain. Je me doutais que c'était l'objet sur la photographie qui l'avait certainement décidé à se déplacer. Les informations mystérieuses que j'avais laissé à son assistante avaient du l'intriguer.

Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'on voyait du cristal vivant, si c'était bien du cristal.

La photographie n'était pas de bonne qualité. Sombre et bruité par nécessité, je ne voulais pas qu'il identifie clairement l'objet en question s'il ne le connaissait pas. Mon intuition me disait qu'il était préférable de ne pas donner toutes les informations d'un seul coup. Il fallait que je garde des atouts dans mes manches dans un soucis de survie en milieu hostile.

Cette boule de cristal était un artefact magique, à n'en pas douter. Ma Grand-Mère Serena me l'avait légué au moment de sa mort en même temps qu'un lourd secret sur mes origines. Actuellement, ce petit objet était bien à l'abri dans le coffre de la banque. Personne ne l'avait jamais vu à part moi, le polaroid était la seule et unique photographie qui existait à ce jour.

Personne ne savait ce qu'était cet objet et j'avais la ferme conviction qu'il était d'une puissance rare. Je l'avais tenu une seule fois et j'avais failli m'évanouir quand une puissante magie était remontée le long de mon bras. J'avais lâché la boule en moins d'une seconde. A l'intérieur du cristal, il y avait une sorte de petite flamme bleue qui bouillonnait perpétuellement, on aurait vraiment dit qu'elle était vivante.

La seule chose que je savais, c'est que la boule n'affectait pas les humains, car ceux qui avaient trouvé cet objet dans mon berceau devant l'orphelinat, n'avaient rien remarqué de spécial. Ils avaient juste mis mes affaires dans une boîte avant de les donner à Grand-Mère quand celle-ci m'avait adoptée à l'âge de cinq ans (elle m'avait dit de l'appeler Grand-Mère car elle trouvait qu'à cinquante sept ans, elle n'avait plus l'âge d'être la mère d'une petite fille).

C'est dans cette même boîte qu'était une très courte lettre qui expliquait que je n'étais qu'à moitié humaine et qu'il fallait veiller sur le cristal. Le personnel de l'orphelinat n'avait pas fait attention à ce message mais l'avait conservé, pensant sans doute que ma mère biologique était dérangée et que la boule de cristal était un genre de presse papier New Age.

J'avais passé mes premières années en famille d'accueil. Même si je n'en garde pas de mauvais souvenirs, dans mon dossier il était marqué que les familles trouvaient mon comportement parfois étrange et qu'ils ne voulaient pas me garder trop longtemps. Je ne me souviens plus vraiment mais je pense que mon don a pu, à quelques occasions, les effrayer.

À Demi-MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant