Chapitre 10 #2

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***

J'avais activé mon don à la minute où nous avions trouvé Ksénia dans la salle où les cages s'entassaient. J'étais encore faible alors je me contentais de frôler la surface, ne cherchant rien de spécial.

Je me concentrais un peu plus et je sentis l'odeur de la goule, très faible, comme quand je l'avais senti dans la rue non loin d'ici. Cela faisait presque six jours que Ksénia avait disparut, la goule n'avait pas dû s'éterniser ici et était certainement partie dès l'instant où elle l'avait enfermée dans cette prison.

Par contre les deux sorcières disparues depuis une dizaine de jours maintenant n'étaient pas là. Je ne sentais pas leur aura, aucune odeur de mousse boisée ne venait attiser mon don. Mais si elles avaient bien mis les pieds ici dix jours plus tôt, leur odeur aurait déjà complètement disparu. La goule était partie plus récemment, c'est probablement pour cela que je sentais encore son aura putride dans l'air.

La salle dans laquelle nous nous trouvions devait faire au moins cent cinquante mètres de longueur, si ce n'était plus. Des centaines, voire des milliers de cages de toutes tailles étaient empilées partout autour de nous, certaines culminaient à quatre ou cinq mètres de hauteur. Il y avait des allées distribuées en angle droit. Ironiquement, la salle était agencée comme le Vieux Carré au-dessus de nos têtes.

— Il va falloir faire le tour. Si cette femme était là, il y a fort à parier que les deux autres aussi, dis-je à Dane.

— Je sens beaucoup de sang mais il n'y en avait presque pas sur la femme dans cette cage, déclara Dane en montrant négligemment la fameuse cage. Il y a forcément un autre endroit, il faut explorer la zone. Nous devons nous hâter, la police sera bientôt là.

Dane paraissait très préoccupé depuis que nous étions entrés ici. Orpheus et moi étions choqués mais Dane avait eu l'air surpris en entrant dans la salle aux cages. Depuis il affichait une tête de six pieds de long. Je n'osais pas lui demander ce qu'il avait, le plus important était de retrouver les autres femmes. Dans mon for intérieur, j'espérai toujours qu'elles puissent être en vie, mais ma raison était persuadée du contraire.

Nous nous séparions pour couvrir plus de surface. Les allées se ressemblaient toutes, de plus ou moins grosses cages étaient empilées selon les emplacements. Certaines étaient si minuscules qu'un hamster n'y aurait pas été à son aise. Je ne savais ce que trafiquait le vampire à l'époque, mais c'était inquiétant.

Le sol était en pierre et une poussière épaisse volait un peu partout rendant l'air peu respirable. Tout sentait le renfermé, la rouille et la mort.

À peine fis-je quelques pas dans la direction opposée que quelque chose me barra la route. Je criais sous le coup de la surprise. Mon don ne m'avait pas prévenu d'une présence.

Gadget inutile !

Un vampire à la peau translucide et aux yeux injectés de sang me sauta à la gorge. Je sortis ma dague en vitesse et lorsqu'il fut sur le point de planter ses ongles griffus sur mon cou, je lui plantais la lame dans le ventre. L'horrible vampire siffla de douleur mais ce n'était pas une incision de cette taille qui allait l'arrêter. Contre lui, je n'étais pas assez forte. Il m'empoigna par l'épaule et me propulsa plus loin dans l'allée. L'impact sur le sol fût douloureux et je roulais encore sur quelques mètres avant d'être arrêtée par une cage. Les barres en fer résonnèrent dans mon crâne, j'allais avoir une bosse abominable.

Etourdie, j'essayais de me relever tant bien que mal quand un second vampire albinos couru vers moi par l'allée de gauche. J'étais frêle après avoir utilisé mon don à pleine puissance, je ne pouvais rien faire à part ramper le long des cages pendant que les vampire à l'allure sanguinaire se rapprochaient dangereusement.

À Demi-MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant