À Demi-Mort

Chapitre 8 #1

L'alarme de mon téléphone sonna. Il faisait jour. Merde !

J'avais rêvé, c'était la seule possibilité. Je portais ma chemise de nuit et ma chambre était parfaitement rangée. Mes serviettes étaient sèches et pliées dans la salle de bain et la chaise du coin bureau avait été remise à sa place. Du coin de l'œil, j'aperçus une note manuscrite sur la table de chevet. Sur le papier blanc, on pouvait y voir une écriture soignée de style calligraphie anglaise : « Mademoiselle White, pardonnez-moi. Je ne voulais pas vous importuner et j'assurerais votre sécurité à bonne distance. Vous ne me verrez et ne me ressentirez pas. Bien à vous. DA. ».

Un vent de panique m'assaillit, le vampire était bien dans ma chambre hier soir. Ce qui voulait dire qu'il m'avait mise au lit et habillée. Et donc déshabillée...

Le profiteur ! M'indignais-je.

Une chaleur troublée enflamma mes joues. Il m'avait vu nue deux fois dans la même demi-heure. Une relation avec un vampire était à proscrire. D'abord je n'étais qu'à moitié humaine donc mortelle ce qui posait de gros problèmes dans la communauté vampire, et également parce que Dane Archer n'était pas du tout le type d'homme que je voulais dans ma vie. Pourtant dès que je le voyais, je ne pouvais pas m'empêcher de fantasmer sur son corps, ses baisers, ses caresses et bien plus encore. Sauf que la nuit dernière, le fantasme était devenu beaucoup trop réel.

Je me remémorais le pic de jalousie qu'il avait essayé de cacher. Est-ce que c'était pour cela qu'il avait interrompu mon dîner avec Orpheus ? Si c'était le cas, il allait me le payer. Personne n'avait le droit de faire foirer mes rencards, même si officiellement ce n'en était pas un. C'était inacceptable. J'allais le retrouver et lui coller une bonne gifle. En y réfléchissant l'espace d'une microseconde, il s'avérait que ce serait sûrement ma dernière action sur Terre.

Mon téléphone sonna, c'était Green.

Enfin !

Indic de pacotille qui faisait le mort des jours durant alors que j'avais besoin d'informations.

- Allo... White ? demanda-t-il alors que je décrochais.

- Oui c'est moi, tu as des infos ?

- Les deux pieds dans le plat, toujours aussi pressée ! Alors bonjour et oui Mam'selle, j'ai des infos pour toi.

- Arrête de m'appeler comme ça et annonce la couleur sinon tu peux oublier ton rencard avec Poppy.

Il était littéralement fou de ma meilleure amie depuis qu'il avait aperçue sur le trottoir une fois où elle m'accompagnait. Je m'avançais un peu pour le rencard car je n'avais pas prévenu Poppy. J'étais presque sûre qu'elle fera cela pour moi. Presque.

- Ok, ok. Alors, commença-t-il, quatre attaques de goule à New York ces six derniers mois en comptant la tienne : La première, il y a six mois à Flushing. Un vieux chinois qui vendait des babioles dont on a retrouvé que les os. Les articles font mention de marques de dents sur tout le squelette. Les flics pensent à un chien enragé. Deuxième victime, il y a trois mois. Une femme dans le Bronx, la cinquantaine bien tassée, originaire de Russie. Femme au foyer plutôt aisée, retrouvée à moitié dévorée dans un parc. Idem, hypothèse du chien enragé. Tu remarqueras qu'on voit souvent des chiens enragés à New York, ironisa Green. Troisième victime. Dimanche dernier, une femme de vingt-trois ans à NoHo retrouvée dans son appartement avec des membres arrachés et partiellement manquants. Piste criminelle privilégiée mais rien de concret. Et la dernière, toi, le même jour que la demoiselle. Tu penses que c'est la même goule qui a fait le coup ? enchaîna Green.