À Demi-Mort

Chapitre 2 #1

Il était assis au fond de la salle, buvant tranquillement son whisky sec. Même à plusieurs dizaines de mètres, je sentais sa puissante aura. Si je n'étais pas convaincue avant d'entrer que l'homme que j'allais rencontrer était un vampire, désormais mes doutes s'étaient envolés. 

Alors que mes yeux se posaient sur lui, son pouvoir m'assourdit les membres et rendit mes pensées cotonneuses. J'avais l'impression d'être un marshmallow fondant au-dessus d'une flamme. 

Le vampire était d'une beauté renversante et aucun autre vampire que j'avais pu apercevoir jusqu'ici ne lui arrivait à la cheville.

Le restaurant que j'avais choisi avait une superbe décoration qui mêlait l'ancien et le moderne à la perfection. Pas du tout le genre d'endroit où je traînais d'habitude. Ce type me collait la chair de poule. Les informations que j'avais pu trouver sur lui n'auguraient rien de bon. 

Le sang pulsait dans mes oreilles, la peur augmentait mon rythme cardiaque et je savais qu'il le sentait. Quand je disais que je gérais mal ma peur, à cet instant, j'allais vraiment devoir prendre sur moi pour ne pas prendre mes jambes à mon cou.

Mes talons claquant sur le sol en parquet massif, j'avançais vers lui. La salle était pleine, c'était exactement ce que j'avais prévu pour un rendez-vous si dangereux. Le nombre de personnes présentes dans ce restaurant réputé de Manhattan était censé empêcher un désastre. J'espérais seulement que ce serait assez pour le dissuader si la rencontre devait mal se passer.

Ma robe de cocktail noire était assez longue pour me couvrir jusqu'en dessous des genoux, mais surtout, elle cachait le long couteau accroché à ma cuisse. Mon petit sac à main contenait également mon Smith & Wesson M36, je ne partais jamais sans. D'habitude, je le mettais à ma cheville dans son holster sur mesure. J'avais du le faire fabriquer car mes chevilles étaient trop menues pour ceux fabriqués en série. Pour des raisons évidentes, j'avais du me résoudre à le mettre dans son autre cachette, le holster n'allait pas du tout avec mes escarpins.

Je n'étais pas une professionnelle du tir, mais mon entrainement régulier me permettait d'avoir un bon niveau. Les couteaux étaient plus mon domaine. Sur ce point j'étais très douée, même s'il m'arrivait très rarement de m'en servir. Une ou deux fois, j'avais du y avoir recours pour m'échapper ou pour faire fuir des pickpocket dans une ruelle sombre. 

Au-delà ça, ma vie de tous les jours impliquait rarement de longs couteaux tranchants. Idem pour les armes à feu. Il s'agissait surtout d'une assurance en cas de problème. Si j'interrogeais quelqu'un et que cela tournait au vinaigre, mes armes me serviraient à me défendre du mieux possible histoire de filer vite fait. J'étais également une grande fan de méthodes d'autodéfense, principalement de Krav Maga. Cela me permettait d'acquérir des automatismes de défense. Le dernier type qui m'a attrapée par les cheveux le regrette encore.

Néanmoins, toutes les techniques de combat au couteau et au corps à corps ne me seraient d'aucune utilité face à l'homme qui se trouvait maintenant à moins de deux mètres de moi. Mes protections étaient dérisoires et seul un miracle pouvait me sauver s'il décidait de s'en prendre à moi. Pourtant il était mon dernier espoir. Après des années de recherche, j'avais enfin trouvé une personne qui pourrait m'apporter des réponses. En tout cas, c'est ce que j'espérais. Il fallait que je reste concentrée sur mon objectif. C'était une question de vie ou de mort.

Arrivée à la table, l'homme leva les yeux vers moi et me fit signe de m'assoir. Il savait que j'avais peur, je le sentais sur lui. D'ailleurs, il était plutôt ravi de la situation. Dire que la soirée ne m'enchantait pas était un euphémisme. Je m'installais lentement, le temps de reprendre un temps soit peu mes esprits, surtout avec son pouvoir qui grondait par vague et ébranlait quelque peu les trois neurones qui me restaient depuis mon entrée dans ce restaurant.