[EX] La mère - Partie 1

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NDLA : Les chapitres précédés de "EX" sont les chapitres d'un premier jet non fini que je laisse pour ceux qui voudrait les lires, et ceux qui les connaissent déjà. La réécriture de l'histoire se fait à la suite.

– Mais c'est immense, s'exclama Rebby en pointant vers la capitale.

Depuis la première minute du voyage, elle n'avait pas cessé de s'extasier. Même en essayant de se retenir un peu, à cause de la présence royale à qui l'on faisait compagnie, elle était toute excitée par ce nouveau départ. Elle se sentait probablement plus libre dans les grands espaces ouverts quand dans une ville de pierre et d'eau, elle qui m'avait raconté aimer courir dans la forêt.

Elle avait trouvé magnifique la dualité entre la montagne que l'on quittait, blanche au sommet et grisonnante de roche proche de nous, et les étendues bombées dans lesquelles notre chemin se perdait à la vue. De notre hauteur, nous pouvions voir les limites du marais, au Nord, où les arbres tombant aux branches nues, qui cachaient l'eau boueuse, disparaissaient progressivement pour laisser la place à de plus vertes terres, de larges prairies sauvages aux herbes hautes et aux sols arqués.

C'est d'ailleurs dans ces pâturages que se trouvait un village à côté duquel nous fîmes notre seule escale pour une nuit, les grandes personnalités de notre caravane ne voulant pas se mêler aux paysannes et travailleuses de la terre. Les habitations étaient effectivement entourées de vastes champs de terre fraichement retournée, sans doute prêt à accueillir les semences de la saison froide à venir.

Je pus aussi voir de près, pour la première fois, ce à quoi ressemblaient les dragonnes qui vivaient ici. Meryll avait beau m'en avoir parlé, je fus surpris par le physique atypique des Draïas. Il était composé de deux troncs distincts. Le premier était un dos animal, soutenu par quatre pattes griffues dont la seule vue de leur musculature montrait leur puissance, et terminé par une queue en pointe surmontée de nombreuses petites cornes pointues. Le second formait le corps plus habituel d'une personne ; dans le prolongement des pattes avant se dressait un buste de dragonne, toutes plus en forme et en chaire les unes que les autres, et dont leurs bras n'avaient que peu à envier à leur jambes. Les Draïas possédaient elles-aussi une paire d'ailes, mais celle-ci était si ridiculement petite qu'elle leur servait à peine d'ornement, attachée l'une à l'autre dans leur dos, ou par l'avant, sous leur poitrine. Leur visage, semblable au mien, se voyait doté d'un museau droit et carré, surmonté de deux yeux aux iris sombres. Mais, contrairement à moi ou aux Draquas, elles avaient toutes une corne dans le prolongement de leur front, qui leur surmontait la tête et la chevelure.

Le village en lui-même n'avait pas grand-chose de très accueillant, composé de quelques chaumières en pierre sans le moindre ordre. On m'apprit que cette apparence vétuste était causée par l'absence de dirigeante, la dernière princesse qui vécut ici n'ayant pas eu d'héritière avant de disparaitre. Une bonne partie de ses habitantes avait d'ailleurs déserté le lieu pour rejoindre la capitale à ce moment-là. Cette commune ne survivait donc que grâce à la visite de voyageuses, et aux échanges que cela leurs permettait.

La seconde moitié du voyage fut plus monotone, n'ayant rien d'autre à regarder que des plaines à l'état naturel, entrecoupées par endroit par des fermettes isolées. Ce calme sembla plus sied à la princesse, que j'avais observé s'exaspérer face à l'agitation frénétique de la lapine. Elle put ainsi nous conté, non sans exagération évidente, tout ce qu'elle savait de la capitale, et surtout du château royale, en partant de son enfance au petit soin jusqu'aux festivals récents bien arrosés. Cette dragonne aimait vraiment s'écouter parler, elle n'était pas de la haute classe pour rien. Passé la première heure, je ne l'écoutai plus que d'une oreille, hochant la tête de temps à autre pour faire acte de présence. Rebby, en revanche, adorait en découvrir toujours plus, et était très attentive aux paroles de notre hôte. Ou bien elle était très convaincante dans son illusion.

Le livre du Try-mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant