Chap. 0 - Des fins.

35 0 0
                                    

Chapitre 0. D

Je coulais lentement jusqu'aux tréfonds de l'océan.

Un filet de sang s'échappait des écailles de ma gorge et dansait devant mes yeux. A présent incapable de respirer, l'eau n'avait pas d'autre voix que de s'engouffrer dans mes poumons. La douleur de l'instant passa étrangement vite, tandis que mon corps était secoué d'un dernier spasme et que la vie me quittait. C'était donc cela, la sensation de noyade. Quelle ironie.

– Et puis, nous avons tous deux à y gagner ; mettons-nous bien d'accord, dit l'homme au masque vierge.


Chapitre 0. S

Il chutait inexorablement vers le sol.

Le sang coulait de son dos et sur toute les carapaces de son corps. Il pouvais encore sentir ses ailes, quand bien même celles-ci lui avaient été arrachées. La terre ne lui avait jamais paru aussi basse qu'à ce moment. L'impact n'allait pas être bien joli, mais la douleur et le poison eurent raison de lui juste avant, tandis que son corps était parcouru d'un dernier frisson et que la vie le quittait. C'était donc cela, la sensation de chute libre. Quelle gausserie.

– Si tu acceptes, je ferais en sorte que tu l'obtiennes, dit l'homme au masque vierge.


Chapitre 0. O

Je m'effondrais au milieu des braises et des flammes.

Je toussai à en perdre mon dernier souffle, et des crachats de sang s'envolèrent un instant pour me retomber au visage. Je jetai un dernier regard vers le pieu enflammé qui me sortait de la poitrine. Je souris bêtement en réalisant que je ne voyais même plus le sang sortir de la plaie, tant ma fourrure était imbibée. Le feu me roussissait les poils, et ma chair commençait à se calciner, tandis que je convulsais une dernière fois et que la vie me quittait. C'était donc cela, la sensation de brûlure. Quel humour.

– Alors, marché conclu ? dit l'homme au masque vierge.


Chapitre 0

Je n'oublierai jamais cette horrible sensation, transperçant mon corps, mon cœur, mon âme.

Il m'avait tiré dessus. Il n'avait cessé de sourire amicalement, tout au long de la discussion. Même lorsqu'il avait sorti son arme étrange, son expression était restée inchangée. Pourquoi m'avoir fait promettre, si tel était son but ?

Lorsque je repris connaissance, ma perception n'était plus la même. Je me débâtais de toutes mes forces, sans pouvoir bouger mon corps d'un pouce. J'endurai l'humidité, la chaleur, la fraîcheur. Je cru perdre la raison, tant ces ressentis si différent me parvenaient au même instant. Une chose était pourtant unique dans cette combinaison improbable : la douleur. J'étais cerné par l'eau, le feu, l'air. Je me noyais, brûlais, chutais. J'avais supporté bien des tourments durant mes millénaires d'existence, pourtant un simple petit humain, sous sa capuche, son masque et son sourire chaleureux, me faisait regretter d'être toujours en vie, plus encore de lui avoir demandé secours. Il fallait que cela cesse.

Debout. Debout ! DEBOUT !

Le livre du Try-mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant