[EX] La majesté - Partie 2

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NDLA : Les chapitres précédés de "EX" sont les chapitres d'un premier jet non fini que je laisse pour ceux qui voudrait les lires, et ceux qui les connaissent déjà. La réécriture de l'histoire se fait à la suite.

Les jours se changèrent en semaines, les semaines en mois. Comme convenu, nous attendîmes, et continuâmes de participer au développement de la vie de la ville, chacun à notre façon. De mon côté, le quotidien était calme et doux. Les nouvelles de ma victoire sur Tarn, favori de tous, suivi de ma rencontre avec la dirigeante de la ville avait créé des rumeurs à mon sujet, ce qui, selon Meryll, ne pouvait être que bénéfique. Car, d'après elle, si l'on venait à me préférer, la princesse se sentirait obligée de me choisir. Je fus même amusé de voir certains mâles profiter de la chute du taureau pour le fuir, et venir me demander à s'installer dans le même foyer que moi. Cela ajoutait un peu d'animation autour de la table, même si je trouvais leurs fâcheuses manies d'allumer toutes sortes d'encens plutôt désagréable, les odeurs me montant toujours à la tête.

Meryll, elle aussi, fit son bout de chemin tranquille. Elle n'était pas très enthousiaste à la venue de nos nouveaux voisins, mais, quand bien même elle n'en avait pas eu besoin, je m'étais assuré que ceux-ci la laissent tranquille. Elle me sidéra chaque jour un peu plus dans sa capacité à se faire sa place. Là où toutes les autres travailleuses mammifères étaient généralement ignorées ou à peine considérées, la brebis sut se faire reconnaître par son expérience et ses connaissances. Et sa proximité croissante avec la fille de la princesse lui donnait accès aux ragots de la haute société, son but premier étant évidemment d'en apprendre plus sur la décision finale de la majesté.

En revanche, je m'inquiétais pour Rebby. Ses journées se passaient en toute simplicité et sans souci, elle adorait même tous les contacts qu'elle pouvait avoir. Mais ses repos étaient de plus en plus difficiles. Elle sanglotait dans son sommeil, et se réveillait parfois en sursaut. J'avais essayé à plusieurs reprises, en journée, de lui demander si quelque chose l'inquiétait, mais elle ne voulait pas en parler. L'une des nuits pas comme les autres, sa terreur fut un peu plus forte, l'obligeant à se recroqueviller sur elle-même pour se sentir protégée et, peut-être, retrouver le sommeil. N'ayant plus d'autre idée, je délaissai les paroles pour une action plus simple. Je me rapprochai d'elle, et m'allongeai à ses côtés, sans un mot. Elle essuya précipitamment ses yeux larmoyants, pensant probablement que je ne la verrais pas, puis dit d'une voix tremblante :

– J-Je vais bien. Ce n'est qu'un cauchemar, r-rien de plus.

– Je ne te demanderai plus si tu veux en parler, je l'ai assez fait, lui murmurai-je alors. Laisse-moi juste être présent.

Elle n'ajouta rien. Elle colla néanmoins un peu plus son dos à moi, mon geste ayant fait son effet pour la réconforter. Depuis lors, nous passâmes toutes les nuits suivantes proches l'un de l'autre, et ses nuits, à défaut d'être complètement sereines, étaient tout de même plus reposantes. J'étais amusé de sa gêne, certains matins, lorsqu'elle se réveillait ouvertement blottie contre moi. Elle se défendait toujours d'une phrase du genre d'un « N'allez pas vous faire de fausses idées ! ».

Elle finit par s'ouvrir à moi, un jour, et me raconta ce mauvais rêve qui la hantait tant. Il avait commencé le jour même de notre rencontre, lorsqu'elle avait frôlé la mort. Dans son cauchemar, elle flottait dans le vide complet, et faisait face à une autre version d'elle, en plus horrible, décharnée, sans fourrure et avec une peau blanche tachée de noir. Ce monochromard, qui lui ressemblait donc, lui expliquait que son heure était venu, qu'il était temps qu'elle la rejoigne de l'autre côté, et qu'elle devait cesser de lutter. Rebby me raconta aussi que, les nuits où le rêve était le plus intense, elle ressentait une étrange sensation dans sa poitrine. Mais sa mère ne trouva rien sur le plan physique, et je ne ressentis que le flux normal de mon mana pour la magie. Nous ne pouvions évidemment pas prendre le risque de lui faire faire une inspection plus avancée auprès des doctoresses dragonnes. Nous mîmes donc cette terreur sur le compte de son traumatisme. Cela me donna cependant une raison de plus de la garder à l'œil, et surtout près de moi pendant qu'elle dormait.

Le livre du Try-mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant