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illustration de Sandara


— Alors, cela s'est bien passé ? claironna-t-il avec un grand sourire.

— À merveille ! Voilà votre bouclier, ironisa Angal.

— Alors, qu'avez-vous appris ? s'enquit Linéas.

— La raison pour laquelle l'endroit s'appelle la Falaise du feu, rétorqua Styx sur un ton un peu trop détaché pour être normal.

— Je ne comprends pas bien.

— Oh, il parle juste d'un petit dragon qui gardait le bouclier, rien de bien méchant. À part cela, il y a autre chose que vous voulez nous dire ? demandai-je, d'un air faussement guilleret.

— Pas grand-chose, simplement qu'un bal sera donné en votre honneur au palais de Rangoon, dans quatre jours, déclara-t-il avec fierté. Vous êtes attendus à partir de vingt heures.

— Formidable ! s'exclamèrent tous les autres, très excités.

Tous semblaient très emballés, cette simple annonce avait dissipé le malaise du trajet. On avait eu droit à tant de mystères autour de ce groupe, nos proches n'avaient même pas été conviés. Et maintenant, nous allions être mis à l'honneur dans un palais. Je n'y comprenais rien et je ruminais toujours intérieurement mon mécontentement. Nous aurions pu tous mourir dans cette caverne et Linéas ne semblait pas le moins du monde s'en préoccuper.

Mes compagnons commencèrent à s'éloigner en parlant très vite et bruyamment. Ils se demandaient ce qu'ils allaient mettre pour la fête, qui serait présent, tout me paraissait futile en cet instant. Mnémésyne fit quelques pas avec eux, puis s'arrêta à une dizaine de mètres de Linéas et moi pour m'attendre.

— Euh, Linéas, l'interpellai-je.

— Oui, Sahiane.

Le sourire qu'il maintenait et le fait qu'il détenait des réponses que je voulais plus que tout me firent ravaler mes reproches pour aborder un autre sujet.

— Est-ce que je suis vraiment obligée d'y aller ? Je ne sais pas très bien danser, surtout des danses de palais. Je n'ai rien à me mettre de correct, pour ce genre d'évènement. Je n'ai aucune connaissance de la conduite à tenir face à la noblesse. Je ne serais vraiment pas à ma place, argumentai-je.

— Je vois ce que vous voulez dire, mais votre présence est indispensable. Ce bal est en votre honneur, après tout, souligna-t-il. Ne faites pas cette tête. Moi non plus, je n'aime pas ces célébrations. Vous devriez rentrer, je vois que vous avez besoin de repos. Il n'y a pas eu d'autres blessés, à part vous ? me questionna-t-il fixant mon épaule.

— Non, grâce au ciel, mais c'était juste.

Finalement, il dissimulait peut-être simplement ses inquiétudes.

— Vous ressemblez beaucoup à votre mère. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais je suis sûr que vous avez réagi comme elle l'aurait fait, dit-il en souriant.

— J'aurais aimé la connaitre autant que vous, mais j'espère qu'elle aurait fait mieux, lui retournai-je, un peu amère, en m'éloignant pour rejoindre Mnémésyne.

Nous rentrâmes toutes les deux à l'auberge. Mon fourreau vide me fit penser à m'arrêter dans une armurerie, pour voir combien me coûterait une nouvelle épée. Je me rendis compte qu'il me faudrait beaucoup travailler pour pouvoir me la payer. Au moins trois mois pour une épée d'occasion et jusqu'à cinq pour une neuve. Peut-être moins, si je me débrouillais pour effectuer des heures supplémentaires. Cette nouvelle arme n'aurait jamais la même valeur pour moi que celle que j'avais perdue.

La confrérie des étoiles, tome 1[disponible en Papier]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant